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Expliquer le texte suivant : Quand je dis que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté, je ne prétends...

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« Expliquer le texte suivant : Quand je dis que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté, je ne prétends pas soutenir que nous ayons le sentiment Intérieur d'un pou­ voir de nous déterminer à vouloir quelque chose sans aucun motif phy­ sique 1; pouvoir que quelques gens appellent indifférence pure.

Un tel s pouvoir me paraît renfermer une contradiction manifeste [...] : car il est clair qu'il faut un motif, qu'il faut pour ainsi dire sentir, avant de consentir. Il est vrai que souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir ; mals c'est que nous n'y faisons pas réflexion, surtout dans les choses qui ne sont pas de conséquence.

Certainement il se trouve toujours quelque 10 motif secret et confus dans nos moindres actions; et c'est même ce qui porte quelques personnes à soupçonner et quelquefois à soutenir qu'ils 2 ne sont pas libres ; parce qu'en s'examinant avec soin, ils découvrent les motifs cachés et confus qui les font vouloir.

Il est vrai qu'ils ont été agis pour ainsi dire, qu'ils ont été mus ; mals ils ont aussi agi par l'acte de leur 1s consentement, acte qu'ils avaient le pouvoir de ne pas donner dans le moment qu'ils l'ont donné; pouvoir, dis-je, dont ils avaient le sentiment Intérieur dans le moment qu'ils en ont usé, et qu'ils n'auraient osé nier si dans ce moment on les eût interrogés. MALEBRANCHE, De fa recherche de fa vérité. 1.

motifphysique : motif qui agit sur la volonté. 2.

ils, c'est-à-dire: ces personnes. La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.

Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré­ cise du texte, du problème dont il est question. ■ Analyse du sujet - Malebranche montre ici que la liberté est compatible avec la pré­ sence d'un motif pour l'action. - Il prend ainsi ses distances, aussi bien avec les partisans de la liberté d'indifférence qu'avec les philosophes qui trouvent dans la présence du motü un prétexte pour nier la possibilité d'être vraiment libre. - À ces derniers, il objecte plus particulièrement que le motif ne déter­ mine l'action que dans la mesure où, radicalement, on choisit de consentir à ce qu'il propose. ■ Pièges à éviter - Ne pas se lancer inutilement dans le survol de toutes les théories concernant la liberté : comme toujours pour une explication de texte, il s'agit en priorité d'expliciter le problème traité et la position de l'auteur. - Ne pas négliger l'allusion à la liberté d' « indifférence pure». - Ne pas dériver vers des données empruntées à la psychanalyse, sous prétexte que le texte mentionne que « souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir» ... [Introduction] Les débats sur la nature de la liberté sont permanents dans l'histoire de la philosophie, et il semble bien qu'à tout argument en faveur de la liberté, on puisse en opposer un contraire qui conteste son existence.

Male­ branche s'attache ici à montrer, à partir du caractère contradictoire de l'in­ différence, que, pour agir, il faut en réalité un motif.

La présence de ce dernier n'introduit-il pas alors un déterminisme supprimant la liberté? Il n'en est rien, d'après Malebranche, si nous analysons avec soin ce qu'il nomme le« sentiment intérieur» de la liberté: le motif, en effet, ne s'im­ pose pas de lui-même pour nous faire agir; il faut d'abord que nous lui ayons donné notre «consentement», et c'est dans la possibilité d'accor­ der ou de refuser ce dernier que loge finalement la liberté. [I.

Contradiction de l'indifférence] Descartes considère que la liberté dite d'indifférence est « le plus bas degré de la liberté » ; pour Malebranche, il semble même difficile de la CORRIGÉ24 qualifier de la sorte, puisque c'est sa conception même qui se révèle contradictoire.

L'indifférence, à laquelle on assimile le libre arbitre, désigne« le sentiment intérieur d'un pouvoir de nous déterminer à vouloir quelque chose sans aucun motif physique » et considère ainsi qu'un acte peut être accompli alors que rien ne nous invite à l'entreprendre.

La contradiction, pour Malebranche, réside en ce qu'il paraît difficile d'agir sans aucun motif.

Ne nous retrouverions-nous pas, si véritablement rien ne nous poussait d'un côté plutôt que de l'mitre, dans la situation de l'âne de Buridan? Ce pauvre âne, dont on admet qu'il a également faim et soif, placé à mi-distance d'un seau d'eau et d'une mangeoire pleine de grain, serait incapable de choisir dans la mesure où sa faim et sa soif sont admises comme« égales» : rien ne pourrait donc l'incliner davantage vers l'un ou l'autre aspect de ce qui lui est offert.

On devine qu'il finira par mourir de faim et de soif.

Pour échapper à une telle issue, il est évidemment nécessaire d'effectuer un choix, et donc d'accorder plus de valeur à une satisfaction qu'à une autre - ce que Malebranche rappelle en affirmant qu'il faut « un motif», ou encore qu'il faut « pour ainsi dire sentir, avant de consentir».

Le recours au verbe «sentir» fait signe vers une situation subjective, presque affective, en tout cas « sensible », et désigne la relation qui peut exister entre un sujet et ce.... »

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