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Expliquer le texte suivant :
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10
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20
25
Il semble assez évident que, s'il n'y avait pas de croyance, il ne pour
rait y avoir rien de faux ni rien de vrai, dans le sens où le vrai est un corré
latif du faux.
Si nous imaginons un monde uniquement matériel, il n'y
aurait là aucune place pour le faux et bien qu'il dQt contenir ce qu'on peut
appeler « des faits », il ne contiendrait pas de vérités dans le sens où le
vrai est une entité du même ordre que le faux.
En réalité, le vrai et le faux
sont des propriétés que possèdent les croyances et les affirmations ; par
conséquent, dans un monde purement matériel qui ne contiendrait ni
croyances, ni affirmations, il n'y aurait place, ni pour le vrai, ni pour le
faux.
Mais, comme nous venons de le remarquer, on peut observer que la
conformité ou la n1:m-conformité d'une croyance à la vérité dépend tou
jours de quelque chose qui est extérieur à la croyance même.
Si je crois
que Charles I"' d'Angleterre est mort sur l'échafaud, je crois à quelque
chose de vrai, non par suite d'une qualité intrinsèque de ma croyance,
qualité qui pourrait être découverte simplement en · analysant ma
croyance, mais à cause d'un événement historique qui s'est passé il y a
plus de trois siècles.
Si je crois que Charles I"' est mort dans son lit, l'objet
de ma croyance est faux ; la force d'une telle croyance ou le soin pris
pour la former ne peuvent empêcher l'objet d'être faux, encore une fois à
cause de ce qui s'est passé en 1649 et non à cause d'une qualité intrin
sèque de ma croyance.
Ainsi, bien que la vérité ou la fausseté soient des
propriétés de la croyance, ces propriétés dépendent des rapports exis
tant entre les croyances et les autres choses et non d'une qualité intérieure des croyances.
RUSSELL, Problèmes de philosophie, © Editions Payot, 1989.
La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.
Il faut
et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré
cise du texte, du problème dont il est question.
SUJETS CORRIGÉS
■
Analyse du sujet
- Ce texte porte en apparence sur la« croyance», mais ce que Russell
nomme ainsi concerne plus généralement les « affirmations » ou les jugements.
Russell montre que la vérité des croyances dépend, non de l' adhésion que peut y mettre l'esprit, mais de leur relation aux« faits» qu'elles
désignent, c'est-à-dire à leurs référents.
- Il en résulte que le vrai ou le faux sont des « propriétés » ou qualités
des croyances, mais qu'on ne peut les apprécier par la seule analyse
interne de ces dernières, et qu'il faut dans tous les cas examiner les rapports existant entre les croyances et les faits qui leur sont extérieurs.
■
Pièges à éviter
- Ne pas prendre « croyance » pour un simple synonyme de vérité mal
élaborée, ou d'opinion : il existe, dans le contexte que propose Russell,
des croyances vraies.
Ne pas sous-estimer l'importance de l'hypothèse d'un monde « uniquement matériel » que propose le premier paragraphe : bien cerner ce
que désigne l'expression, en particulier l'absence de croyances qui le
caractériserait.
- Ne pas s'en tenir au seul exemple de la mort de Charles rer: on a intérêt à en construire d'autres, qui prouvent que l'on comprend correctement
le texte.
CORRIGÉ
,
[Introduction]
En toute sincérité, une personne peut énoncer une proposition fausse :
sa bonne foi ne saurait être mise en cause.
Mais son erreur provient de la
non-correspondance entre ce qu'elle formule et les faits auxquels se réfère
sa proposition.
Lorsqu'on confond les concepts de vérité et de réalité, on
sous-entend que la vérité est une qualité du monde lui-même, que l'esprit
n'aurait qu'à reproduire.
Mais en lui-même, le monde n'est ni vrai ni
faux : il est simplement là.
C'est pourquoi la vérité ou la fausseté d'un
jugement en désignant un aspect ne vient ni de lui, ni de l'adhésion de
l'esprit à son propre jugement, que Russell nomme «croyance» : dans
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chaque cas, c'est le rapport entre la croyance et les faits qui lui sont extérieurs qui doit être examiné.
[I.
Le monde n'est ni vrai ni faux]
Russell propose dans le premier paragraphe de son texte une hypothèse
qui peut paraître déroutante, tant nous sommes accoutumés à nous concevoir comme présents dans le monde : imaginons un « monde purement
matériel», c'est-à-dire démuni de tout esprit capable de le considérer et
d'en parler.
Un tel monde ne serait constitué que de faits bruts et muets, et
il ne posséderait en lui-même aucune vérité.
Cela doit d'abord nous rappeler que la vérité n'est pas une qualité de
l'existence en elle-même.
Des faits, constitutifs de la «réalité», ne peuvent être qualifiés, dans leur seule présence, de «vrais».
Pour que cet
adjectif apparaisse, il faut l'intervention d'un jugement, formulé par un
esprit extérieur aux faits et qui les considère comme « objets » de son discours.
L'absence de vérité qui caractériserait ainsi un monde strictement fait
de matière s'accompagnerait nécessairement de l'absence complémentaire
de fausseté.
On dit volontiers que le vrai et le faux sont contradictoires,
mais Russell rappelle que, plus fondamentalement, ils sont « complémentaires», au sens où l'un ne va pas sans l'autre: on ne peut concevoir l'un
indépendamment de l'autre, parce que, dit l'auteur, ce sont des entités
« du même ordre».
Vrai et faux appartiennent donc à un domaine unique,
et ce dernier n'est pas le monde des faits ou des événements : pour qu'il
apparaisse, il est nécessaire qu'existent des« croyances» et des« affirmations», c'est-à-dire des propositions ou des jugements qui ont pour origine un esprit, une pensée.
C'est donc l'esprit humain qui fait naître le
faux et le vrai.
[Il.
D'où vient la qualité des croyances ?]
Pourquoi une croyance est-elle ou non conforme à la vérité ? On pourrait admettre qu'elle est vraie ou fausse en raison de ses qualités internes.
Par exemple, si une proposition est....
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