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Expliquer le texte suivant : Si la constitution naturelle des hommes leur faisait désirer avec le plus d'ardeur ce qui...

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« Expliquer le texte suivant : Si la constitution naturelle des hommes leur faisait désirer avec le plus d'ardeur ce qui tend à leur plus haut intérêt, toute intervention expresse, en vue de faire régner la concorde et la bonne fol, serait superflue.

Mais telle n'est pas la pente habituelle de la nature humaine, on le sait.

L'État s doit donc être organisé nécessairement de manière que tous, gouver­ nants et gouvernés - qu'ils agissent de bon ou de mauvais gré - n'en mettent pas moins leur conduite au service du salut général.

En d'autres termes, il faut que tous, par force et par nécessité si ce n'est spontané­ ment, soient contraints de vivre selon la discipline de la raison.

Pour que 10 soit atteint ce résultat, le fonctionnement de l'État sera réglé de telle sorte, qu'aucune affaire important au salut général ne soit jamais confiée à un seul individu, présumé de bonne fol.

Car l'ho_mme le plus vigilant est cependant assujetti au sommeil, par intervalles, le plus fort et le plus inébranlable est sujet à faiblir ou à se laisser vaincre, aux moments précis 1s où il aurait besoin de la plus grande énergie. SPINOZA La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.

Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré­ cise du texte, du problème dont il est question. ■ Analyse du sujet - Spinoza montre que la nécessité de l'État est due à la nature impar­ faite des hommes: c'est parce qu'ils ne se préoccupent pas spontanément du bien général et de la raison que l'État doit les y obliger. - Dans la mesure où cette discipline de la raison ne doit connaître aucune interruption, aucune affaire concernant le salut de tous ne doit être confiée à un seul individu - car tout homme a ses moments d'absence. - Là où l'individu peut être défaillant, on le remplace avantageusement par un collectif : le fonctionnement de l'État reflète ce qui le rend néces­ saire: l'insuffisance de chacun. SUJETS CORRIGÉS ■ Pièges à éviter Inutile de réciter toutes les théories de l'État que l'on connaît : elles ne concernent même pas le thème de cet extrait. - Il n'est pas davantage nécessaire de rappeler tous les auteurs partageant avec Spinoza une conception peu optimiste de la nature humaine, ni de discuter des degrés possibles de cette conception. Ne pas passer trop rapidement sur les deux dernières phrases du texte, qui en constituent tout autre chose qu'un simple détail. CORRIGÉ [Introduction] Les critiques formulées à l'égard de l'État sont si fréquentes qu'on ~n viendrait presque à se demander si l'homme ne serait pas plus heureux en vivant en dehors de ses contraintes.

Qu'est-ce donc qui le rend nécessaire ? La réponse de Spinoza est sans ambiguïté : l'État doit être organisé en raison de l'incapacité des hommes à s'intéresser spontanément au bien commun.

C'est parce que leur « constitution naturelle » ne les porte pas vers leur plus haut intérêt qu'il faut instaurer un État qui les contraigne tous à être au service du« salut général». [I.

La « constitution naturelle » des hommes] « On sait », selon Spinoza, que la « pente habituelle de la nature humaine» n'est pas bien orientée.

Cette allusion à l'expérience commune autorise le philosophe à ne pas détailler les buts ou intentions de cette « pente naturelle» : il peut se contenter d'indiquer qu'ils ne servent pas le plus haut intérêt des hommes, c'est-à-dire la concorde et la bonne foi.

Au lecteur d'en déduire a contrario que, spontanément, l'homme semble animé en priorité par des intérêts individuels ou égoïstes, qu'il est volontiers belliqueux ou agressif, et de mauvaise foi : ni la vérité ni la paix civile ne font partie de ses préoccupations immédiates. Des hommes agissant ainsi en fonction de leur seul intérêt privé ne peuvent vivre harmonieusement, puisque les intérêts privés se contredisent sans cesse.

Mais ils ne peuvent être amenés à modifier leur attitude que par une contrainte, extérieure à chacun et commune à tous.

C'est pourquoi il faut organiser l'État de telle façon que tous réorientent leur conduite pour servir le « salut général » expression qui peut être à double sens : ce salut concer,ne aussi bien leur capacité à survivre ensemble que la qualité de leur« âme».

Spinoza insiste sur l'idée que cette réorientation doit être effectuée par tous les membres de l'État, quel que soit leur statut apparent, qu'ils se comptent au nombre des« gouvernants» ou des« gou- CORRIGÉ33 vernés »; c'est en effet la condition pour que les« gouvernants» ne mettent pas leur position à profit pour continuer à servir leurs intérêts privés.

Cette conversion des hommes peut d'ailleurs être effectuée « de bon ou de mauvais gré» : il n'est pas impossible que certains d'entre eux soient capables de renoncer volontairement (de bon gré) à suivre leur spontanéité, mais il n'y a pas lieu de concevoir qu'ils échapperaient pour cela à la règle générale.

Elle leur sera simplement plus douce qu'aux autres, puisqu'ils en comprendront aisément la nécessité. [Il.

L'État comme nécessité rationnelle} Ce qu'apporte une telle conversion, c'est la possibilité de vivre« selon la discipline de la raison».

La formule permet d'en préciser la portée : il s'agit, grâce à l'organisation de l'État, de transformer des hommes indisciplinés parce que déterminés par le sensible et la passion, en êtres disciplinés et.... »

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