Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ? Autres notions abordées : la conscience. L'illusion. La liberté. La volonté. Avant...
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Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?
Autres notions abordées : la conscience.
L'illusion.
La liberté.
La volonté.
Avant de commencer
Analyse du sujet
Un intitulé classique : l'idée d'un bonheur comme ignorance ou
absence de pensée est commune: peut-être n'est-on heureux qu'au
prix de quelque ignorance, pense-t-on fréquemment.
En fait, der
rière cette interrogation, gît un problème important, celui de la
nature du véritable bonheur.
Malgré sa thématique très ordinaire,
le sujet nous fait pénétrer dans un champ de recherche intéres
sant.
Attachez-vous bien au faut-il: c'est ce verbe qui donne sa signifi
cation au sujet et permet d'apporter les nuances de sens nécessaires.
• Pour traiter correctement l'intitulé, définissez donc soigneuse
ment les termes, de manière à parvenir à des concepts clairs et
nets:
- Faut-il: est-il nécessaire ?
- s'abstenir: ici, renoncer à.
- penser: ici, exercer l'entendement ou la raison pour accéder à
une synthèse intellectuelle.
- heureux: qui jouit du bonheur, c'est-à-dire d'un état de satisfac
tion durable.
• Quel est le sens du sujet? Est-il nécessaire de renoncer à exercer
une activité rationnelle pour être en possession d'un état de satis
faction durable?
• Être heureux, est-ce accéder à un état de passivité ou bien à un
mouvement de transcendance créatrice? Par quelles voies atteindre
cet état ? Par des hasards favorables ou bien par une activité spi-
rituelle? Le problème est, en définitive, de savoir si le bonheur se
définit comme le parachèvement de l'acte réussi ou bien de ma
nière statique.
t: enjeu est clair : nous gagnons, selon la réponse
apportée, un certain style de vie et d'existence.
Plan
Le plan sera de type progressif, par approfondissement de la
notion de bonheur.
Bibliographie
ÉPICURE, L ettre à Ménécée sur la morale, Hermann.
HADOT, Qu'est-ce que la philosophie antique ?, Folio Essais
Gallimard.
NIETZSCHE, Ainsi parfait Zarathoustra, éditions de poche diverses.
STUART MILL, L'Utifitarisme, Champs-Flammarion.
1) Introduction
Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux? Est-il nécessaire de renoncer à exer
cer son activité intellectuelle ou rationnelle, de cesser de peser ce qui vient à l'es
prit, de suspendre rationnellement son jugement pour être en possession d'un
état de s2.tisfaction durable, distinct du plaisir éphémère ou même de la joie ?
Le bonheur, état de passivité ou mouvement de transcendance créatrice ? Est-ce
l'activité spirituelle ou bien sont-ce les hasards favorables qui font le bonheur?
Le bonheur ne serait-il pas le parachèvement de l'acte réussi ? Tel est le pro
blème soulevé par le sujet.
Quel est l'enjeu? Nous pouvons gagner (ou perdre) un certain nombre d'op
tions existentielles concrètes, conséquences du problème.
Un gain pratique et
existentiel se dessine : commem accèderons-nous au bonheur ?
2) Discussion
A.
Il faut s'abstenir de penser pour être heureux
Être heureux, qu'est-ce exactement? C'est parvenir à un état de satisfaction com
plète : à la différence du plaisir, ce sentiment agréable et provisoire, le bonheur
désigne un état durable.
Or comment peut-on atteindre cet état? Si nous je
tons un regard sur la condition humaine, nous voyons qu'elle s'avère tragique
ou angoissante.
Le monde n'est-il pas douloureux ? Tout désir n'est-il pas un
manque et donc une souffrance ? Si je désire la fortune ou le pouvoir, ne surs
je pas condamné à la douleur, ce lot de la condition humaine ? De plus, la mort
forme l'horizon de ma vie et, par conséquent, toute existence est poursuite du
vent: vanitas vanitatum.
Vanité des vanités.
Mais alors, ne faut-il pas s'abstenir d'exercer une activité intellectuelle pour être
heureux ? Puisque l'ordre des choses engendre mal et souffrance, puisq.ue les
possibilités de douleur sont multiples, renonçons à penser et contentons-nous
d'une jouissance mesquine dénuée de raison et d'entendement': éliminons la ,
réflexion, le dépassement et la transcendance de l'action rationnelle, le travail
de l'intelligence et réduisons l'existence humaine à un somnolent plaisir sans
création, sans ouverture sur notre destin.
Éliminons le tragique.
Plus de ré
flexion, plus de pensée, plus de rationalité ! Alors se dessine une satisfaction
sans angoisse, sans réflexion.
Être heureux ? C'est dormir.
Mieux vaut être un
imbécile heureux que Socrate malheureux.
Transition
On ne saurait vraiment éliminer le tragique, consubstantiel à la condition hu
maine.
Donc le bonheur mesquin, sans pensée, n'est que le plus bas niveau du
bonheur.
Il est nécessaire,....
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