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France 1984-1985 Jeux d'échecs L'abandon, en mars 1983, sous le poids de la "contrainte extérieure", de la politique expansionniste et...

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« France 1984-1985 Jeux d'échecs L'abandon, en mars 1983, sous le poids de la "contrainte extérieure", de la politique expansionniste et sociale qui fut celle de la première année de gouvernement socialiste a fait sentir ses effets, économiques bien sûr, mais surtout politiques, tout au long de l'année 1984.

Face à une opinion de gauche désemparée, à une opinion de droite exaspérée, la coalition gouvernementale a éclaté et perdu toute ambition de direction politique et morale de la société. L'actualité s'est déportée vers les jeux d'échecs politiciens (où le président François Mitterrand a manoeuvré comme un grand maître), tandis qu'à la base, s'est développé un débat historique sur l'avenir racial et culturel de la nation. Immobilisme économique et social La "politique de rigueur" inaugurée au printemps 1983 avait pour but de rétablir les comptes extérieurs, de ralentir l'inflation et de reconstituer les profits des entreprises, moyennant une baisse du pouvoir d'achat des ménages.

Sur tous ces points, la réussite a été incomplète mais réelle.

Au prix d'une baisse du pouvoir d'achat de 1,4% en deux ans, le déficit du commerce extérieur a été ramené au rythme annuel de 20 milliards de francs, déficit couvert en 1984 par l'excédent des "services" (tourisme, assurances, revenus divers).

L'endettement net de la France a donc cessé d'augmenter.

De même, le recul du pouvoir d'achat des salaires, combiné aux gains de productivité accélérés, a ramené la part des profits, dans la valeur ajoutée, au niveau du milieu des années soixante-dix, alors que la crise était encore "bénigne".

Enfin, le taux d'inflation s'est considérablement rapproché de la moyenne européenne. Mais ces bons résultats étaient intimement liés à la reprise de l'expansion mondiale, tirée par le déficit commercial américain.

Les entreprises, ne trouvant plus de débouchés en France, ont dû les chercher à l'extérieur, encore qu'elles y aient perdu des parts de marché, du fait de la surévaluation permanente du franc, qu'aucune dévaluation n'était encore venue corriger deux ans après celle de mars 1983.

Cela n'a pas suffi à compenser la baisse de la consommation des produits industriels par les ménages (moins 5,6%): la croissance (2% en deux ans) a été ramenée au plus bas niveau parmi les pays industrialisés.

Résultat: le chômage a crû d'un demi-million de personnes en deux ans. La nouvelle équipe gouvernementale, mise en place en juillet 1984 autour de Laurent Fabius et du ministre des Finances, Pierre Bérégovoy, n'a pas infléchi cette politique, si ce n'est par une prudente baisse du taux d'intérêt (sans grand effet sur les entreprises qui n'y ont guère vu d'occasion d'investir, malgré des profits restaurés).

On prévoyait toutefois que la baisse des impôts décidée pour 1985 ranimerait légèrement la demande, à quelques mois des élections de 1986 ...

si les soubresauts de l'économie américaine ne venaient pas modifier le paysage. Dans ces conditions, l'appel de Laurent Fabius au "rassemblement pour la modernisation" ne pouvait guère avoir d'effet.

L'investissement, qui a recommencé à croître fin 1984, n'a pu compenser la baisse des effectifs dans les branches en déclin (charbonnages, sidérurgie, chantiers navals) ou en restructuration intense (automobile).

Faute d'une stimulation économique de l'emploi, le ministre du Travail, Michel Delebarre, sans oser relancer la réduction du temps de travail, a adopté quelques innovations sociales importantes: les Travaux d'utilité collective (TUC), les Contrats de formation-reclassement.

Il s'agissait de remplacer le simple versement d'allocations chômage par le financement, pour les chômeurs, d'activités socialement utiles ou de stages de reconversion.

Cette politique a eu un succès réel qui s'est traduit dans les statistiques du chômage du début de 1985.

Mais le débat politique et syndical sur ces innovations potentiellement fécondes est resté assez médiocre.

Plus généralement, l'idée d'un usage "productif" des fonds de l'État-providence a reculé au bénéfice de la vogue libérale qui, sur le terrain social, a pris le nom de "flexibilité".

En décembre 1984, plusieurs syndicats, dont la CFDT, sont allés jusqu'à négocier avec le patronat, pour de très faibles contre-parties, de graves abandons sur la législation sociale: l'opposition de la base a fait rejeter l'accord. Le qui-perd-gagne politicien Dans cette ambiance économique et sociale morose, la base populaire de la gauche s'est délitée: les classes moyennes ont rejoint la droite, les classes populaires ont reflué vers l'abstention.

Les élections européennes de juin 1984, à la proportionnelle, ont permis de mesurer l'étendue du désastre: la gauche est tombée en dessous de 40% (dont 11% pour le PCF), la droite est devenue majoritaire ...

avec une extrême droite de 11% (le Front national de M. Jean-Marie Le Pen).

Le président Mitterrand n'avait plus qu'une carte à jouer: son génie manoeuvrier.

Il y a excellé. L'offensive lancée par les partis de gauche pour l'unification du système scolaire dans le cadre public n'avait suscité aucune mobilisation de masses: l'école publique, excellent appareil de promotion sociale des classes moyennes, avait toujours été perçue dans les classes populaires comme excluante, voire humiliante.

En revanche, la perspective d'une perte d'indépendance des écoles privées a provoqué une large opposition, habilement canalisée par la droite et cautionnée par l'Église.

La majorité parlementaire pouvait voter la loi scolaire de son choix, mais l'opposition exigeait un referendum qu'elle était sûre de remporter.

Cette opposition a réuni, en juin 1984, une gigantesque manifestation de deux millions de personnes.

Coincé entre les urnes et la rue, le pouvoir s'est trouvé dramatiquement isolé. En juillet 1984, le président a rompu miraculeusement l'encerclement.

Il a retiré la loi scolaire, proposé un référendum sur ...

la possibilité d'organiser un référendum scolaire, et a changé de gouvernement.

Le Parti communiste en a profité pour quitter la majorité gouvernementale, mais la question scolaire a été noyée dans les subtilités juridiques autour du référendum, qu'il ne restait plus qu'à enterrer à son tour.

Le nouveau ministre de l'Éducation, Jean-Pierre Chevènement, a fait voter des aménagements "simples et pratiques" qui rognaient les avantages exorbitants de l'enseignement privé, puis s'est lancé dans une campagne en faveur de "l'élitisme républicain": une restauration de l'autorité des maîtres et du culte du savoir dans l'école publique.

Cette réhabilitation de l'idéal laïc de la IIIe République, si elle satisfaisait la majorité des enseignants et des parents, laissait entière la crise.... »

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