France 1990-1991 Climat délétère Après avoir tenté de favoriser une issue diplomatique à la crise du Golfe et avoir prôné...
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France 1990-1991
Climat délétère
Après avoir tenté de favoriser une issue diplomatique à la crise du Golfe et
avoir prôné l'embargo plutôt que la voie militaire, les autorités françaises se
sont rangées à la "logique de guerre" et ont bientôt épousé de très près les
positions américaines, ce qui devait provoquer, le 29 janvier 1991, la démission
du ministre de la Défense, le socialiste Jean-Pierre Chevènement.
Au total, un
contingent de 15 600 hommes - la division Daguet - fut envoyé en Arabie saoudite
à partir du 15 août 1990.
Sa participation aux combats s'est soldée par des
pertes très limitées (deux morts et vingt-sept blessés).
François Mitterrand a déclaré, une fois les hostilités suspendues, que la France
avait "tenu son rang", dévoilant ainsi le réel enjeu de cette politique.
A un
moment où était à l'ordre du jour la définition d'un nouvel ordre mondial dans
lequel l'Allemagne réunifiée et le Japon pouvaient prétendre à un plus grand
rôle, les autorités de Paris ont en effet visé, en choisissant de mener leur
propre politique plutôt qu'une politique concertée de la CEE, et en s'alignant
sur les positions américaines, à maintenir le statu quo quant au rôle reconnu à
la France dans les instances internationales, et notamment au Conseil de
sécurité de l'ONU.
Ce choix, malgré l'opposition de Jean-Marie Le Pen (Front national, extrême
droite), peu suivi dans son soutien de fait à Saddam Hussein, et celle d'un
courant pacifiste notamment porté par le Parti communiste, les Verts et le
mouvement SOS Racisme, a réuni un large consensus dans la classe politique et
dans l'opinion.
Cette option n'allait pourtant pas sans contradictions pour un
pays prétendant, depuis de Gaulle, mener une "politique arabe" (au demeurant,
depuis 1974, les liens - notamment militaires - étaient étroits avec l'Irak de
Saddam Hussein).
Elle n'allait pas non plus sans risques pour un pays devant
assumer la complexité de ses rapports avec le Maghreb dont il a été la
principale puissance coloniale et d'où sont originaires la majorité des immigrés
vivant sur son sol.
Mais cette communauté - fort inquiète du tour que prenaient
les événements - s'est montrée très discrète et la vive animosité à l'égard de
Paris qui s'était manifestée lors de la crise sur l'autre rive de la
Méditerranée a semblé - bien que laissant des cicatrices - rapidement s'apaiser.
Les autorités françaises y auront pour leur part contribué en fermant
"pudiquement" les yeux sur les atteintes aux droits de l'homme commises en
Tunisie et plus encore en Algérie dans la répression anti-islamiste
(printemps-été 1991) et en expulsant l'opposant marocain Abdelmoumen Diouri (21
juin 1991).
L'ambition française de "tenir son rang" devra cependant s'accommoder du nouveau
rôle choisi par les États-Unis.
Ces derniers, au cours du premier semestre 1991,
ont en effet paru vouloir assumer à eux seuls la marche du monde.
Paris devra
aussi faire des choix pour rendre ses prétentions internationales compatibles
avec sa volonté de voir progresser l'unification européenne.
Disqualification du discours politique
La guerre du Golfe, avec son large consensus et sa gestion politico-médiatique
conduite de main de maître par le chef de l'État, n'aura constitué qu'un court
intermède.
En juillet 1991, la situation politique française semblait en effet
en de nombreux points comparable à celle qui prévalait un an plus tôt.
La crise
de la société politique semblait même s'être aggravée.
Les divisions au sein du
Parti socialiste persistaient, la perspective de l'élection présidentielle de
1995 et de "l'après Mitterrand" nourrissant de violentes rivalités.
Quant à
l'opposition de droite, tétanisée par la persistance de l'audience du Front
national, elle apparaissait elle aussi très divisée et peu capable de
renouvellement, malgré un laborieux accord d'union.
Le climat est par ailleurs
resté empoisonné par les affaires politico-financières.
A cela s'est ajouté
l'effet de la guerre du Golfe.
A cette occasion, les médiations politiques élus, gouvernement, opposition - ont été totalement "court-circuitées", les
citoyens étant pour leur part réduits au statut de téléspectateurs incrédules.
Adepte des "révolutions minuscules", Michel Rocard, Premier ministre depuis mai
1988, s'était donné pour règle d'afficher modestie dans les ambitions et
patience dans la réalisation, quitte à donner une image quelque peu grisâtre de
sa pratique politique.
François Mitterrand l'a fait démissionner le 15 mai 1991
et l'a remplacé par une fidèle, Édith Cresson, qu'il a chargée de donner un
"nouvel élan au pays".
De fait, elle a d'emblée tenu des propos vigoureux,....
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