France 1991-1992 Un bon élève pour l'Union monétaire Curieux climat politique que celui de la France en 1991-1992. Pendant la...
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France 1991-1992
Un bon élève pour l'Union monétaire
Curieux climat politique que celui de la France en 1991-1992.
Pendant la crise
du Golfe, le président François Mitterrand avait bénéficié d'un très fort regain
de confiance dans l'opinion publique.
Cela avait pu faire oublier, pour quelque
temps, à quel point, en dix ans, le pouvoir avait "usé" les socialistes.
Le chef
de l'État a voulu profiter de ce retour de popularité pour engager une stratégie
de reconquête de l'électorat de gauche.
Il a remplacé, le 15 mai 1991, son
Premier ministre Michel Rocard - un homme au profil relativement consensuel et
aux ambitions présidentielles affichées - par Édith Cresson, première femme à
occuper un tel poste en France.
Mais dans un contexte marqué par les
restrictions budgétaires et par un fort discrédit de la classe politique, elle
fut rapidement victime d'une impopularité record qui rejaillit sur l'image du
chef de l'État.
La multiplication des inculpations pour fausses factures liées au financement
des partis et quelques cas avérés de corruption ont nui à la crédibilité des
élus et des institutions.
Cela a aussi renforcé le sentiment que les socialistes
ont échoué dans leur tentative de moraliser la vie politique, malgré la loi du
15 janvier 1990 qui a incontestablement amélioré la transparence du financement
des campagnes électorales.
La révélation du "scandale du sang contaminé" a
encore alourdi le climat: pour écouler les stocks, les responsables de la
Transfusion française, au milieu des années quatre-vingt, ont continué à
commercialiser du sang contaminé par le sida, provoquant des centaines de morts
chez les hémophiles.
Crise de la représentation politique et sociale
Aux élections régionales du 22 mars 1992, les socialistes ont été fortement
sanctionnés, n'obtenant que 18,3% des suffrages exprimés, leur plus mauvais
score depuis vingt ans.
La droite traditionnelle - Rassemblement pour la
République (RPR) et Union pour la démocratie française (UDF) -, en obtenant 33%
des voix, a également enregistré un sensible recul par rapport à son score de
1986 (-8%).
Illustration de la crise de représentation politique que connaît le
pays, ce sont les forces apparaissant "hors système" aux yeux des électeurs qui
ont tiré le meilleur profit de la situation.
Les écologistes ont ainsi obtenu au
total 13,9% des suffrages exprimés, le parti des Verts créé en 1984 étant
concurrencé par le mouvement Génération Écologie lancé en 1991 par le très
médiatique Brice Lalonde, alors ministre de l'Environnement.
La percée des
écologistes, désormais très courtisés, est apparue comme une donnée majeure des
futures alliances, modifiant déjà le paysage politique.
L'élection de
Marie-Christine Blandin (Verts) à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais
avec le soutien du PS a, de ce point de vue, représenté un test pour l'avenir.
Le Front national (FN, extrême droite) a pour sa part confirmé son ancrage, avec
13,9% des suffrages.
Il avait suscité une large indignation dans la classe
politique quatre mois plus tôt en publiant un programme à contenu xénophobe pour
"régler le problème de l'immigration".
Contrairement à certains scrutins
antérieurs, la droite traditionnelle a cette fois, dans l'ensemble, pris soin de
se démarquer nettement de ce courant.
Les élections régionales ont eu pour conséquence un nouveau changement de
Premier ministre: Pierre Bérégovoy, jusqu'alors ministre de l'Économie et des
Finances et à ce titre "Père-la-rigueur", a été appelé à Matignon le 2 avril
1992.
Il a souhaité se montrer rassurant et est apparu soucieux de préparer
l'échéance législative de 1993.
Des assouplissements dans la gestion budgétaire
ont ainsi permis de faire face à certains mécontentements catégoriels - celui,
par exemple, des paysans, fort inquiets des conséquences de la réforme de la
politique agricole commune -, tandis que des projets de réforme risquant de
susciter des contestations, ou des incompréhensions, étaient ajournés, notamment
dans le domaine de l'éducation.
Cette politique de "désamorçage" n'a cependant
pas suffi à restaurer la crédibilité du gouvernement.
En matière sociale, on a en effet assisté à une multiplication des contestations
peu encadrées par les syndicats.
Ainsi en a-t-il été des manifestations
d'agriculteurs, animées notamment par une Coordination paysanne aux structures
improvisées, et des opérations de paralysie du réseau routier réalisées par les
transporteurs en juillet 1992.
Par ailleurs, la Fédération de l'éducation
nationale (FEN) a connu un début d'éclatement, le courant majoritaire
(pro-socialiste) ayant entrepris d'exclure deux fédérations nationales dirigées
par la minorité pro-communiste.
L'effet "Maastricht"
A compter de mai 1992, la vie politique française a été totalement polarisée par
la question de la ratification du traité de Maastricht relatif à l'Union
européenne.
Dès le 10 janvier, F.
Mitterrand avait annoncé qu'il....
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