France 1992-1993 Un rêve s'éloigne En première analyse, l'année 1992-1993 aura principalement été marquée, en France, par l'alternance politique qui...
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France 1992-1993
Un rêve s'éloigne
En première analyse, l'année 1992-1993 aura principalement été marquée, en
France, par l'alternance politique qui a permis à la droite de revenir aux
affaires après les législatives des 21-28 mars 1993.
Après douze années de
gouvernement seulement interrompues par un court intermède entre 1986 et 1988,
la gestion socialiste a été durement sanctionnée par l'opinion publique.
Le Parti socialiste (PS), qui avait permis à François Mitterrand d'accéder à la
Présidence de la République en 1981, après vingt-trois ans de "règne"
ininterrompu de la droite, a pu mesurer l'ampleur de son discrédit, recueillant
seulement 17,4% des suffrages exprimés.
Il a obtenu moins de 70 sièges, contre
484 à la droite.
Il est vrai que le mode de scrutin uninominal majoritaire a
fortement amplifié cette déroute: avec 44,2% des suffrages exprimés, la droite
allait pouvoir régner sans partage sur l'Assemblée nationale.
Ce mode de scrutin
a par ailleurs privé les écologistes et l'extrême droite (respectivement 7,6% et
12,4% des suffrages) de toute représentation nationale.
Le Parti communiste,
avec 9,2% et 23 députés, a reculé de deux points par rapport aux législatives de
1988.
Ces élections sont intervenues dans un contexte de brouillage des repères
politiques traditionnels et de désaffection à l'égard des grandes formations.
Les écologistes, qui avaient cru leur heure arrivée, n'ont pas su tirer parti de
cette conjoncture qui leur était a priori favorable.
Leur position confuse
concernant la question des alliances politiques ("Ni droite, ni gauche"),
combinée aux comportements opportunistes de certains de leurs leaders, loin de
donner aux électeurs l'image de la candeur qu'ils espéraient, les ont fait
apparaître comme de "jeunes-vieux" politiciens.
Le Front national (extrême
droite) de Jean-Marie Le Pen est resté quant à lui à un haut niveau d'étiage,
mais la clarification enfin opérée par la droite traditionnelle à son égard elle lui a refusé toute alliance - ne lui a pas permis de progresser davantage.
Sanction sociale
La déroute des socialistes aux législatives a confirmé le résultat des élections
régionales de mars 1992: avec 18,3% des voix, ils avaient obtenu leur plus
mauvais score depuis vingt ans, ne conservant la présidence que d'une seule
région métropolitaine sur vingt-deux.
En apparence, les socialistes ont subi un
désaveu moral.
Les affaires politico-financières ont en effet semblé se
multiplier et le terme "corruption" est apparu dans le discours politique.
Cependant, la plupart de ces affaires sont nées de l'opacité des systèmes de
financement des partis et bien rares ont été les élus convaincus
d'enrichissement personnel.
Les études d'opinion ont montré que les socialistes
ont été bien plus condamnés par leur électorat pour avoir renoncé à leurs
ambitions de plus grande justice sociale, et pour s'être coupé de leur base
populaire en adoptant les discours et les méthodes technocratiques de leurs
adversaires.
Ce cycle politique du socialisme de gouvernement a été tragiquement clos par un
événement qui a suscité une grande émotion dans le pays: le Premier ministre
sortant, Pierre Bérégovoy, s'est suicidé un mois après la défaite électorale
socialiste, le 1er mai.
Au PS, le Premier secrétaire, Laurent Fabius, mis en
minorité a été écarté et l'ancien Premier ministre Michel Rocard (1988-1992),
aux ambitions présidentielles affichées, a conquis la direction du parti.
Si en certains domaines - notamment économique - une continuité a pu se dessiner
entre les choix du nouveau gouvernement formé par Édouard Balladur (RPR Rassemblement pour la République) et la gestion socialiste précédente, les
premières mesures législatives adoptées à l'instigation du populiste ministre de
l'Intérieur Charles Pasqua (RPR) - ont cherché à donner des gages aux secteurs
électoraux les plus sensibles aux thèmes rebattus par l'extrême droite.
C'est
ainsi que le Code de la nationalité a été révisé et qu'une nouvelle loi sur
l'immigration a été adoptée.
Le vrai test pour le gouvernement allait être la
question des politiques sociales.
Quels choix adopter face aux déficits des
comptes sociaux: prolonger en les adaptant les mécanismes de solidarité en
vigueur ou les réformer en profondeur, quitte à accroître certains mécanismes
d'exclusion?
L'échéance des élections présidentielles (1995) allait par ailleurs représenter
une contrainte délicate à gérer pour le gouvernement, les postulants à la
candidature à droite, notamment les "éternels" candidats Jacques Chirac
(président du RPR) et l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing (UDF - Union
pour la démocratie française), pouvant gêner l'action du Premier ministre.
La signification de cette période charnière pour la France n'est-elle cependant
pas à rechercher ailleurs que dans les enseignements des élections et les
premières mesures du nouveau gouvernement? En effet, en quelques mois, la
fragilité de certains choix opérés depuis dix ans est apparue manifeste,
suscitant interrogations et inquiétudes.
Les retombées attendues de l'orthodoxie financière
A l'été 1992, la France apparaissait comme un très bon élève de l'Union
économique et monétaire (UEM) que le récent traité de Maastricht se proposait de
réaliser par étapes.
N'était-elle pas alors l'un des rares États membres de la
Communauté européenne - avec le Danemark et le Luxembourg - à satisfaire aux
exigences fixées....
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