France 1995-1996 Le mouvement de décembre, un révélateur L'élection de Jacques Chirac (Rassemblement pour la République, RPR) à la présidence...
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France 1995-1996
Le mouvement de décembre, un révélateur
L'élection de Jacques Chirac (Rassemblement pour la République, RPR) à la
présidence de la République en succession de François Mitterrand (Parti
socialiste, PS) et le mouvement social qui a paralysé la France à compter de la
fin novembre 1995 auront marqué la paradoxale année 1995-1996.
La période précédente avait été caractérisée par une gestion politique frileuse,
la succession des scrutins (élections régionales en 1992, législatives en 1993,
puis échéance présidentielle) ayant conduit à ménager l'opinion au risque de
retarder des décisions essentielles.
Le Premier ministre en fonction depuis
1993, Édouard Balladur (RPR), bénéficiant pourtant d'une majorité écrasante
depuis la victoire de la droite aux législatives de 1993, s'était illustré dans
ce comportement attentiste, même s'il proclamait la nécessité de "la réforme".
Ayant longtemps bénéficié de sondages exceptionnellement favorables, dans un
climat de calme de l'opinion trompeur, il avait décidé de présenter sa
candidature à la présidence, en concurrence avec J.
Chirac, chef du même parti.
Contre toute attente, ce dernier a finalement choisi de faire campagne sur les
thèmes anti-conservateurs du changement, de la mise en cause de la "pensée
unique" et de la lutte contre la "fracture sociale".
Effectuant une remontée spectaculaire dans l'opinion, J.
Chirac a été élu le 7
mai au second tour de scrutin (52,6 %) contre le socialiste Lionel Jospin (47,4
%).
Celui-ci était de manière inattendue arrivé en tête au premier tour avec
23,3 % des voix contre respectivement 20,8 % et 18,6 % aux deux candidats du
RPR, Jean-Marie Le Pen (Front national, extrême droite) obtenant 15 % et Robert
Hue (Parti communiste) 8,6 %.
J.
Chirac nomma Alain Juppé (RPR) Premier
ministre.
Relance diplomatique
Les premiers actes marquants du nouveau président n'ont cependant pas concerné
les problèmes de société mais l'environnement international.
Dès le 3 juin, une
proposition franco-britannique de constituer une Force de réaction rapide (FRR)
chargée de soutenir les casques bleus en Bosnie-Herzégovine était adoptée par
l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) et l'Union européenne (UE).
Dix jours plus tard, J.
Chirac annonçait une reprise - limitée dans le temps des essais nucléaires français dans le Pacifique (suspendus depuis le 8 avril
1992).
La réprobation fut très vive à l'étranger, notamment en Asie-Pacifique.
L'été 1995 allait par ailleurs être troublé par une série d'attentats à la bombe
faisant plusieurs morts et ultérieurement revendiqués par le Groupe islamique
armé (GIA) algérien, lequel revendiquera aussi l'exécution de sept moines
trappistes en Algérie, en mai 1996.
Lors d'une tournée au Proche-Orient en avril 1996, J.
Chirac affirma la volonté
de la France de reprendre une place dans le jeu diplomatique régional, ce que
s'efforcera de faire le ministre des Affaires étrangères Hervé de Charette en
proposant ses bons offices au cours de l'opération Raisins de la colère menée
par Israël contre le Liban.
Pour autant, la France a-t-elle encore les moyens
d'une politique étrangère autonome alors que se construit l'Europe et que les
puissances sont de plus en plus interdépendantes?
Le Contrat initiative emploi (CIE) avait été présenté pendant la campagne
électorale comme un levier majeur de la lutte contre l'exclusion.
Le 22 juin, la
TVA (taxe sur la valeur ajoutée) était relevée de deux points, passant de 18,6 %
à 20,6 %, cette mesure étant présentée comme un moyen de financement du CIE.
En
fait, se trouvait déjà posée la question que le nouveau gouvernement allait
devoir résoudre pour mener à bien ses projets de réforme: où trouver l'argent?
En effet, si la campagne électorale avait laissé planer des doutes sur le
maintien de la politique d'orthodoxie financière du pays, J.
Chirac, le 26
octobre, allait clarifier sa position.
Il déclarait avoir sous-estimé ce
problème et annonçait que la résorption des déficits publics était prioritaire
pour les deux ans à venir et constituait un préalable pour mener une lutte
efficace contre le chômage persis-tant (11,7 % en décembre 1995).
Il confirmait
aussi par là sa volonté de respecter les critères de convergence du traité de
Maastricht relatif à l'union monétaire.
Quelques mois plus tard, le dispositif
du CIE (dont le coût et l'efficacité avaient été très mal évalués) était ramené
à des dimensions nettement plus limitées.
Dans un contexte de faible croissance, le gouvernement, s'étant engagé à la fois
à diminuer les déficits publics et à alléger les prélèvements obligatoires, se
condamnait à modifier progressivement l'ensemble des équilibres
charges-recettes, compensant ici des taxations supplémentaires par des
allocations nouvelles et supprimant là des aides sociales pour redéployer des
dispositifs de financement public...
Au risque de mécontenter tout le monde pour
cause de politique illisible et d'actes contradictoires.
Cette élection n'aura
ainsi pas suscité d'"état de grâce" dans l'opinion, les sondages atteignant
rapidement des niveaux records en matière d'impopularité.
Pour autant, les
difficultés n'ont pas fait renoncer le gouvernement à mettre en oeuvre ses
réformes structurelles, au besoin contre vents et marées.
Le "plan Juppé" de réforme de la Sécurité sociale
Le 15 novembre, A.
Juppé présentait ainsi un ambitieux plan de réforme de la
Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.
Ce plan, loin d'être un simple
replâtrage, est un projet politique d'ensemble.
Il associe des mesures
financières à des modifications structurelles importantes du système de santé.
Les cotisations maladie des salariés doivent être progressivement remplacées....
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