France 2003-2004 Le discours de la réforme Le printemps 2003 a été marqué en France par une fronde sociale qui...
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France 2003-2004
Le discours de la réforme
Le printemps 2003 a été marqué en France par une fronde sociale qui a regroupé
les «intermittents du spectacle» (comédiens, techniciens), protestant contre la
réforme de leur système d’indemnisation du chômage, et de larges secteurs
salariés, notamment contre la réforme du système des retraites préparée par le
ministre des Affaires sociales François Fillon, mais aussi contre divers projets
avancés par le ministre de l’Éducation Luc Ferry.
La plupart de ces derniers ont
été abandonnés, mais la réforme des retraites n’a pas été remise en cause.
Elle
s’appuie en premier lieu sur une augmentation de la durée de cotisation
nécessaire pour avoir droit à une retraite à taux plein.
Parallèlement, un
régime facultatif de retraite par capitalisation pour les salariés du privé a
été créé.
La majorité des syndicats ont dénoncé le manque de négociation de
cette réforme et souligné le fait que le financement en mesure de garantir le
niveau futur des pensions n’était pas assuré.
Cette réforme, dévoilée aux
partenaires sociaux sous une forme déjà très élaborée (un projet de loi en 81
articles) et avec la volonté de conclure très rapidement, avant l’été, a fait
l’objet d’une intense campagne de communication de la part du gouvernement,
visant à accréditer l’idée qu’il «sauvait» le système des retraites par
répartition.
Un modèle de méthode
Cette méthode a servi de modèle, en 2004, pour la réforme de l’Assurance
maladie, dont les termes ont été présentés à la télévision par le ministre
Philippe Douste-Blazy avant même que les partenaires sociaux en soient informés,
avec un calendrier d’adoption encore une fois forcé («avant l’été»).
Le projet
de loi – présenté comme un «plan de sauvetage de la Sécurité sociale» – a été
définitivement adopté par le Parlement le 30 juillet 2004.
Outre une
centralisation des données informatiques concernant le dossier médical personnel
des patients, présentée comme devant engendrer des économies, cette loi prévoit
une participation accrue des usagers.
Les économistes ont déploré le flou
financier de cette réforme, tandis que la gauche dénonçait un projet «injuste et
inefficace».
L’UDF (Union pour la démocratie française, centre droit), pourtant
partie prenante de la majorité, a elle aussi refusé de voter cette loi, qui
«reporte l’apurement de la dette de la Sécurité sociale sur les générations
futures».
Une autre réforme, relative à la décentralisation, a été quant à elle adoptée
avec une méthode beaucoup plus expéditive.
Dénonçant l’«obstruction
parlementaire» que représentait à ses yeux une avalanche d’amendements présentés
par l’opposition, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui bénéficiait
pourtant d’une majorité parlementaire écrasante, a choisi de recourir au vote
bloqué, mettant fin aux débats.
L’antienne du «déclin de la France»
Les discours prétendant sauver l’État-providence ont suscité d’autant plus
d’incrédulité que, en même temps qu’étaient jugés excessifs les déficits publics
au regard des engagements pris auprès des instances européennes (le solde des
administrations publiques s’est établi à – 3,8 % pour 2003), le gouvernement
poursuivait l’application de son programme d’allègements fiscaux, notamment par
une importante diminution de l’impôt sur le revenu – le moins inégalitaire des
prélèvements –, tandis qu’il accroissait les exemptions de cotisations sociales
patronales et augmentait d’autres cotisations et taxes supportées par tous les
ménages.
En déclinant de manière répétitive la thématique des réformes, la droite a
manifestement voulu marquer sa volonté de changer les règles du jeu en plusieurs
domaines et de créer des situations de non-retour, dans un esprit néolibéral
désinhibé.
Elle est parvenue à diviser les organisations syndicales et a été
bruyamment approuvée par les représentants du patronat, en premier lieu par le
président du Medef (Mouvement des entreprises de France), Ernest-Antoine
Seillière.
Une partie du mouvement altermondialiste, très dynamique dans ce
pays, s’est investie dans les débats et mobilisations concernant ces réformes.
Dans sa communication en faveur des réformes qu’il préconisait, le gouvernement
a pris appui sur le retour à la mode du débat sur le «déclin de la France»,
qu’il a lui même favorisé.
Cette antienne des controverses politiques françaises
a été alimentée par différents ouvrages et par de nombreuses tribunes dans la
presse et émissions télévisées.
Ces dernières années, le thème du déclin avait
resurgi à l’occasion de la publication d’un document de l’Union européenne
affirmant que la France serait passée du troisième au dixième rang européen.
Il
est rapidement apparu que l’office statistique Eurostat s’était grossièrement
trompé dans ses calculs (Jean-Paul Piriou, «Le recul du PIB français, une
erreur», Le Monde Économie, 30 avril 2002).
Un rapport du Conseil d’analyse
économique (CAE) sur la compétitivité relativise largement certains simplismes
du discours sur le déclin, tout en soulignant le retard pris en matière de
hautes technologies.
À l’heure où les discours européens mettent l’accent sur la nécessité de donner
priorité à l’effort de recherche pour faire face à la compétition
internationale, ce diagnostic est venu s’ajouter aux alarmes lancées par les
chercheurs français confrontés à de sérieuses restrictions budgétaires (la
plupart des laboratoires de recherche publics ont vu leurs moyens financiers
diminués d’environ un quart en 2003).
Une très vaste mobilisation s’est
organisée à l’hiver 2003-2004 pour placer l’État devant ses responsabilités.
Un
véritable état de crise s’est instauré entre le monde de la recherche et le
gouvernement.
Début avril, ce dernier annonçait une concession majeure.
La bérézina de la droite aux élections régionales
On comprend dans ces conditions que le gouvernement n’ait pas abordé l’échéance
des élections régionales de mars....
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