France 2004-2005 Une faim de politique Depuis des années, les observateurs se lamentaient de la désaffection des Français pour la...
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France 2004-2005
Une faim de politique
Depuis des années, les observateurs se lamentaient de la désaffection des
Français pour la politique.
La faible participation des citoyens aux diverses
élections semblait en effet attester d’une crise du politique et/ou de la
représentation politique.
Par ailleurs, l’ampleur des votes protestataires lors
de certains scrutins, la récurrence des votes sanction ou encore la dynamique
entretenue par les mouvements « altermondialistes » – notamment ATTAC
(Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens)
donnaient à penser qu’une large part de l’opinion ne se reconnaît plus dans les
partis de gouvernement.
Beaucoup semblent par ailleurs croire que les hommes
politiques ne détiennent plus les principaux leviers de pouvoir, supplantés ou
concurrencés qu’ils seraient, à en croire les enquêtes d’opinion, par les «
marchés financiers », les médias ou les institutions européennes.
En fait, ces
mêmes enquêtes d’opinion ont souligné, à partir du début des années 1990, une
aspiration des Français à une plus grande intervention de l’État pour réguler
l’économie et assurer une meilleure cohésion sociale, garantir l’égalité des
chances et le maintien de services publics de qualité.
Et certaines attitudes
face au vote ont plus traduit une demande de nouvelle offre politique qu’un
désintérêt pur et simple pour la « chose politique », comme l’a démontré la
campagne du référendum de ratification du Traité constitutionnel européen, au
printemps 2005.
Sévères échecs électoraux pour la droite
L’élection pour le renouvellement du Parlement européen, le 13 juin 2004, était
apparue comme un vote sanction contre le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin
(de l’UMP – Union pour une majorité populaire, droite) en place depuis 2002.
L’abstention avait atteint le niveau record de 57,2 % et les socialistes, déjà
grands vainqueurs des élections régionales en mars précédent, avaient renouvelé
leur succès en obtenant 28,9 % des suffrages exprimés, contre 16,6 % à l’UMP et
11,95 % à l’Union pour la démocratie française (UDF, chrétienne démocrate,
centre droit) et 7,4 % pour les Verts (gauche).
Ces deux scrutins successifs où
les électeurs avaient fortement exprimé leur désaveu à l’égard du gouvernement
et de sa politique, dans une période de surcroît marquée par une croissance
faible (2,3 % 2004 venant après 0,5 % en 2003), la montée du chômage (9,6 % de
la population active en fin 2004) et par de nombreux mouvements sociaux,
n’avaient en rien infléchi la politique menée.
Le Premier ministre, en butte à
des records d’impopularité avait été maintenu en place, malgré le fait qu’il
apparaissait depuis longtemps comme un fusible grillé.
D’autres défaites électorales ont été moins commentées.
L’année 2004 aura
pourtant aussi correspondu à un effondrement des positions des alliés de l’UMP
dans les territoires français d’outre-mer.
En Polynésie française, à la suite
des élections du 23 mai 2004, les indépendantistes ont obtenu la présidence de
l’Assemblée territoriale et leur leader Oscar Temaru a succédé à la direction du
gouvernement au cacique Gaston Flosse (sénateur UMP personnellement très lié au
chef de l’État Jacques Chirac).
Cette situation a été confirmée après un
imbroglio institutionnel temporaire.
En Guadeloupe et en Nouvelle-Calédonie, les
alliés de Jacques Chirac, respectivement Jacques Lafleur et Lucette
Michaux-Chevry, qui exerçaient un pouvoir sans partage depuis deux décennies ou
plus, ont aussi été « déboulonnés » par les urnes, respectivement en mars
(élection régionale) et mai (élections provinciales).
Au sein de la majorité, l’ambitieux Nicolas Sarkozy a par ailleurs de plus en
plus ouvertement affiché ses ambitions présidentielles pour le scrutin de 2007.
Jusqu’alors ministre des Finances, il a accédé le 28 novembre à la présidence de
l’UMP, remplaçant Alain Juppé, démissionnaire depuis l’été.
Il s’est désormais
employé à défier publiquement le chef de l’État, potentiellement candidat (et
donc rival) à un troisième mandat.
Des réformes impopulaires
La volonté réformatrice du gouvernement s’est confirmée.
Après la refonte
partielle du système des retraites, Il s’est attaché à promouvoir celle de
l’assurance maladie.
La privatisation d’Électricité de France (EDF) et de Gaz de
France (GDF) a par ailleurs progressé, ces entreprises étant transformées en
sociétés anonymes.
Enfin, la décentralisation a connu une nouvelle étape avec la
promulgation d’une loi relative aux libertés et responsabilités locales
organisant de nouveaux transferts de compétences aux collectivités locales.
Celle-ci a suscité des controverses portant sur la mise en danger de l’autonomie
financière des collectivités locales.
Par ailleurs, à la mi-2005, un nouveau
contrat-type de travail a été mis à la disposition des entreprises de moins de
20 salariés qui permet de licencier à tout moment sans avoir à fournir de motif
au salarié ni à l’Inspection du travail.
Ce nouveau contrat a été présenté comme
favorisant l’emploi en rendant le travail plus flexible.
La droite et le
patronat ont applaudi tandis que les syndicats dénonçaient (avec des nuances
selon les organisations) une volonté de remettre en cause le code du Travail.
Enfin, un contrôle accru des chômeurs a été instauré et des sanctions
financières (amputations ou suspensions d’indemnités) ont été prévues pour ceux
qui ne chercheraient pas « sérieusement » un nouvel emploi.
L’apparente surdité du gouvernement face aux signaux électoraux et le contenu de
certaines réformes, notamment celles des retraites et de l’assurance maladie,
louées à droite, mais dénoncées à gauche pour leur libéralisme, ont été à
l’origine de nombreux mouvements sociaux.
Ainsi,....
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