François Mauriac écrit dans Commencements d'une vie (1932) : « Est-ce à dire que les souvenirs d'un auteur nous égarent...
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François Mauriac écrit dans Commencements d'une vie (1932) : « Est-ce à dire que les souvenirs
d'un auteur nous égarent toujours sur son compte ? Bien loin de là : le tout est de savoir les lire.
C'est ce qui y transparaît de lui-même malgré lui qui nous éclaire sur un écrivain.
Les véritables
visages de Rousseau, de Chateaubriand, de Gide se dessinent peu à peu dans le filigrane de leurs
confessions et histoires.
» Vous direz dans quelle mesure, selon vous, ce propos de François
Mauriac rend compte du genre autobiographique en vous appuyant sur vos lectures.
Souvenirs et écriture autobiographique.
Suffit-il de se souvenir pour écrire un récit autobiographique ? Quels sont les enjeux d'un texte
autobiographique et quelles sont les limites de la recréation du passé ?
I- L'autobiographie, une oeuvre sur soi.
A- Le genre de l'autobiographie
• Auto (moi)-bio (vie)- graphie (écrire) : écrire ma vie.
Un auteur décide de raconter sa vie, de se
raconter.
• Philippe Lejeune : « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence,
lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ».
Écrit par
une personne plutôt âgée, à la fin de sa vie.
• Dans des mémoires, l'auteur se raconte en tant que témoin et/ou acteur de l'Histoire (peu d'anecdotes
intimes).
Cf.
Mémoires du général de Gaulle ; Mémoires d'Outre-tombe de Chateaubriand...
B- Caractéristiques
• Récit à la première personne, celui qui dit « je », c'est bien l'auteur, celui qui tient sa plume.
Multiplicité
des marques de 1e personne.
Identité de l'auteur, narrateur, personnage principal.
• Différence des « je », différence des temps : il faut différencier « je » de l'auteur, celui qui tient la
plume (présent d'énonciation) du « je » du personnage (temps du récit, le plus souvent).
Ex : dans l'épisode des pommes volées, le « vieux » Rousseau raconte cet épisode vieux de plusieurs
décennies mais il revit tant les événements que lorsqu'il dit qu'il s'est fait prendre « la plume m'en tombe
des mains ».
L'auteur raconte sa vie ou parfois une partie de sa vie (Cf.
Les Mots ou Enfance).
• « Pacte autobiographique » que le lecteur passe avec son lecteur : sorte de contrat de sincérité et
d'authenticité que l'auteur d'une autobiographie passe explicitement (ou implicitement) au début de son
oeuvre avec son lecteur, afin que le lecteur lise le texte comme véridique.
Rousseau, le premier, sent les
limites de la mémoire et de la sincérité : « J'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais
ce que je savais être faux » => le lecteur est invité à chercher la sincérité plus que la vérité.
C- L'importance de son enfance
• Autobiographie : raconter son histoire (pour se connaître mieux, se comprendre...) Or : le point de
départ de sa vie, c'est l'enfance.
Conditionne la vie => importance de l'enfance, besoin de se situer, de
commencer aussi son récit par le début.
• Réfléchir sur son enfance : se rappeler des éléments de son enfance, éléments passés.
• Sarraute disait d'Enfance : « il ne s'agit pas d'une autobiographie ».
Sarraute cherche moins à raconter
qu'à analyser des comportements dans le mouvement de l'écriture, en cherchant leur signification.
(Cf.
incipit original : elle ne raconte pas sa naissance).
C'est pendant l'enfance que tout se joue.
• Cf.
dans les Mémoires d'Outre-tombe => Chateaubriand, qui avait projeté d'écrire au tout début une
autobiographie, détaille plus son enfance à Combourg...
Donne plus de détails sur sa vie privée.
Enfance
importance et souvenirs de l'enfance et de son château toujours vifs, même des années après.
• R : de nombreuses autobiographies se limitent à l'enfance.
∆) L'autobiographie est une oeuvre centrée sur l'auteur, sur sa vie et donc sur sa vie passée : travail du
souvenir, exercice de mémoire.
II- Pourquoi écrire son autobiographie ?
Il est important de comprendre dans quelle optique les écrivains décident de raconter leur vie,
pourquoi ils entreprennent cette démarche => cela influe sur le « choix » des souvenirs.
A-« Connais-toi toi-même »
• Desseins de l'autobiographie : première réponse évidente > raconter sa vie, se raconter.
Essayer de
mieux se comprendre, de donner un sens à sa vie.
Envie de s'expliquer, d'expliquer pourquoi l'auteur,
moi, (souvent connu) a agi et devenu ainsi.
Ex : Leiris raconte l'événement traumatisant de son opération (qui influe encore sur son comportement
d'adulte).
=> « Connais-toi toi-même » : Essayer de mieux se comprendre, de donner un sens à sa vie.
Envie de
s'expliquer, d'expliquer pourquoi l'auteur, moi, (souvent connu) a agi et devenu ainsi.
Cependant, ce n'est pas la seule chose qui motive l'écrivain.
B- Les autres motifs de l'autobiographie
Évoquez l'incipit d'Enfance de Sarraute : l'auteur et son double s'interrogent sur les motivations et les
raisons d'écrire son autobiographie.
• Phénomène de mode : souvent, les écrivains âgés se racontent.
• Envie de laisser une trace de soi : échapper au néant.
L'auteur sait que tant qu'il aura des lecteurs, il
existera.
Cf.
Chateaubriand, comme Montaigne, rappelle qu'il écrit au seuil de la mort.
Par exemple, Chateaubriand dans ses Mémoires se montre le plus souvent sous son meilleur jour (vs
Rousseau) – ce qui lui a été reproché par ses contemporains, considérant ses Mémoires d'outre-tombe
comme un monument qu'il s'était lui-même construit.
C- Se justifier
• Rousseau se justifie.
Il écrit ses Confessions : on ne peut le juger qu'après l'avoir lu et ses défauts de
son caractère....
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