Freud .(1856-1939) LES ACTIVITÉS HUMAINES À LA LUMIÈRE DE LA PSYCHANALYSE I l y a une interprétation philosophique de la...
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Freud .(1856-1939)
LES ACTIVITÉS HUMAINES À LA LUMIÈRE
DE LA PSYCHANALYSE
I
l y a une interprétation philosophique de la psychanalyse,
comme il y a une interprétation psychanalytique de la philo
sophie : on ne fait œuvre de philosophie que par la première.
Les théo
ries de la· psychanalyse ne sont alors pas plus philosophiques que les
théories de la physique : à leur image cependant, elles éclairent la
réflexion du philosophe et la nourrissent.
De son côté, la psychanalyse
cherche à traduire la métaphysique, qui s'occupe des problèmes de
Dieu, de l'immortalité de l'âme, de la morale, en métapsychologie.
Au
lieu de chercher à répondre à ces questions de manière démonstrative
comme le fait la phüosophie, elle cherche à mettre en lumière les condi
tions psychologiques de l'apparition de telles questions, auxquelles se
joignent les interrogations religieuses du péché originel, du paradis,
etc.
Traduire n'est cependant pas réduire : parce que la psychanalyse
ne répond pas à ces questions, mais cherche plutôt à montrer pourquoi
l'homme se les pose, elle laisse le champ libre à la réflexion philoso
phique ; on ne peut pas résumer la question de Dieu à la recherche
œdipienne de la protection d'un Père.
1.
La communauté humaine
A.
L'homme en société
■ En s'intéressant à l'individu, la psychologie s'intéresse d'emblée
aux relations que l'individu entretient avec autrui : ces relations
construisent la personnalité dans la mesure où autrui est objet, modèle,
associé, adversaire du désir, etc.
■ Autrui apparaît aussitôt comme perspective de plaisir et de contrainte
du plaisir: incarnation de l'amour (Éros), il est encore incarnation de la
nécessité (Anankè).
Éros est la puissance de l'amour, originairement
entre 1 'homme et la femme, et entre la femme et 1 'enfant ; Anankè est la
nécessité du travail commun en vue de la survie.
Les deux principes,
Éros et Anankè, conjuguent ainsi, dans le rapport à autrui, leur
puissance, et constituent les piliers de la société.
■ Au fondement de la société, l'amour, originellement sensuel, demeuré
tel dans l'inconscient humain, relie les hommes: lui seul fait qu'ils se
supportent en collectivité et acceptent la limitation de leur narcissisme.
Le seul intérêt commun ne justifie pas que les hommes restent
ensemble: la société est liée par l'amour.
Ainsi s'explique notamment
que, si la névrose empêche la vie collective, inversement la vie collective
entrave le développement de la névrose.
La foule est un remède indirect
aux problèmes de l'individu, en lui permettant d'exprimer son amour
sublimé.
B.
Qu'est-ce que la civilisation?
■La vie en société impose des contraintes à l'individu, limitant ses pos
sibilités de plaisir ; en retour, elle le protège contre la recherche du plai
sir des autres.
La collectivité modèle le moi, en lui inculquant par
l'éducation le principe de réalité.
Cette limitation réciproque des plai
sirs aboutit à la constitution d'un ordre légal, et à l'exigence de justice,
caractéristique de la civilisation.
■ La puissance d'amour qui relie les hommes n'aurait besoin d'aucun
ordre légal si des forces ne travaillaient pas contre elle.
À côté de !'Éros,
puissance constructive qui rassemble les hommes, œuvre l'instinct
de mort (Thanatos), puissance destructrice qui les divise.
L'instinct
de mort se traduit par l'agressivité réciproque de l'individu et de la
collectivité.
■ Restreignant fortement l'épanouissement des tendances, la civili
sation est aussi un puissant facteur de névroses.
Il s'y constitue une
conscience morale, comme un surmoi de la collectivité, modèle d'un
grand homme passé qui joue le rôle de père, et exige de chacun de ses
membres qu'ils s'y conforment.
Produit de la civilisation, le smmoi se
perpétue par l'éducation ; il est l'ensemble de ces règles, familiales,
morales, sociales, religieuses, dont le mépris se traduit par le sentiment
de culpabilité.
2.
La religion
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A.
L'origine de la religion
■ Les mêmes facteurs qui président à l'apparition des névroses
(cf.
fiche 66) _président à l'apparition de la religion.
L'enfance de
l'homme, comme l'enfance de l'humanité, est caractérisée par la vul
nérabilité et la détresse, que l'homme rend supportables par une acti
vité fantasmatique.
La religion est l'imagination consolatrice des
hommes : elle leur procure une providence protectrice et bienveillante
contre les forces naturelles de la réalité, la mort en particulier.
■ C'est le noyau paternel que la religion monothéiste révèle ainsi
par l'idée d'un être tout-puissant, au savoir et à la bonté infinis.
Cet
être, à l'image d'un père, suscite une ambivalence de sentiments, entre
amour et haine, désir de rester sous sa protection et désir de prendre sa
place.
C'est dans la relation au père que se trouve la racine de l'exigence
religieuse.
■ L'identification au Père est un projet, non un acquis : ses exigences
forment un idéal du moi sous la forme de règles religieuses de pureté et
de force.
Dieu est le....
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