Gargantua, LVI 1 de François Rabelais (1494-1553) , ��---------------------, Après avoir raconté l'enfance et l'éducation du géant, Rabelais décrit comment...
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«
Gargantua, LVI 1
de François Rabelais
(1494-1553)
,
��---------------------,
Après avoir raconté l'enfance et l'éducation du géant, Rabelais décrit
comment Gargantua s'illustra dans une guerre, menée contre son voisin
Picrochole.
Une fois victorieux, le héros récompense ses compagnons.
Au
frère Jean, il offre /'Abbaye de Thélème, qu'il fait bâtir « au contraire
de toutes les autres » : pas de murs, pas d'horloge, des constructions
splendides et richement décorées, disposant de tous les luxes du confort et
du raffinement de l'époque, accueillant les jeunes garçons en même temps
que les jeunes filles.
Tout à Thélème s'oppose à l'ascétisme qu'on associe
d'ordinaire à la vie monacale: la règle morale de l'abbaye est« Fais ce
que voudras».
C'est un peu la cité idéale qui prend forme sous les yeux
du lecteur.
n
1.
Jument.
2.
Cheval de parade.
3.
Mâle de faucon.
4.
Petit faucon.
-
1
--- - _J
te leur vie était dirigée non par les lois, statuts ou
gles, mais selon leur bon vouloir et libre-arbitre.
Ils
levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient,
mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait.
5 Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à
faire quoi que ce soit...
Ainsi l'avait établi Gargantua.
Toute leur
règle tenait en cette clause :
FAIS CE QUE VOUDRAS,
car des gens libres, bien nés, biens instruits, vivant en honnête
10 compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse
toujours vers la vertu et retire du vice; c'est ce qu'ils nommaient
l'honneur.
Ceux-ci, quand ils sont écrasés et asservis par une vile
sujétion et contrainte, se détournent de la noble passion par
laquelle ils tendaient librement à la vertu, afin de démettre et
15 enfreindre ce joug de servitude; car nous entreprenons toujours les
choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié.
Par cette liberté, ils entrèrent en une louable émulation à faire tout
ce qu'ils voyaient plaire à un seul.
Si l'un ou l'une disait:
«Buvons», tous buvaient.
S'il disait: «Jouons», tous jouaient.
S'il
20 disait: « Allons nous ébattre dans les champs», tous y allaient.
Si
c'était pour chasser, les dames, montées sur de belles haquenées 1,
avec leur palefroi 2 richement harnaché, sur le poing mignonnement engantelé portaient chacune ou un épervier, ou un laneret 3 ,
ou un émerillon 4; les hommes portaient les autres oiseaux.
25 Ils étaient tant noblement instruits qu'il n'y avait parmi eux per
sonne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmo
nieux, parler cinq à six langues et en celles-ci composer, tant en
vers qu'en prose.
Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si
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galants, si habiles à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant,
maniant mieux toutes les armes.
Jamais ne furent vues dames si
élégantes, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à
l'aiguille, à tous les actes féminins honnêtes et libres, qu'étaient
celles-là.
Pour cette raison, quand le temps était venu pour l'un des
habitants de cette abbaye d'en sortir, soit à la demande de ses
parents, ou pour une autre cause, il emmenait une des dames, celle
qui l'aurait pris pour son dévot, et ils étaient mariés ensemble; et
ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu'ils
continuaient d'autant mieux dans le mariage; aussi s'aimaient-ils
à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces.
Gargantua, livre LVII (1534).
Version modernisée.
~
Gargantua, LVII de Rabelais ...............................................................
1:Jes ' i - ' 3
Une cité idéale
morale de cette dernière ? Est-ce important pour
l:ii:al ■
Rabelais?
Montrez que l'abbaye de Thélème ne
'
s'adresse qu'à des êtres d'exception.
A quelle
catégorie....
»
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