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Geneviève, cousine du narrateur, Pascal, vient de quitter pour toujours le mas Théotime. Pascal n'avait jamais voulu s'avouer clairement la...

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« Geneviève, cousine du narrateur, Pascal, vient de quitter pour toujours le mas Théotime.

Pascal n'avait jamais voulu s'avouer clairement la profon­ deur des sentiments qu'il éprouvait pour elle... La porte de Théotime était close.

Mais j'eus beau chercher Geneviève, je ne la trouvai plus.

Elle était partie. D'abord, apparemment, je n'en parus pas très touché; mais aussitôt, avec une clairvoyance bizarre, je compris que j'allais tout de même souffrir. La souffrance se fit un peu attendre; mais elle vint.

Elle vint d'en bas, du fond.

Ce fut cette mas.'le de chair, de sang, de vie, tout humide encore, et qui fume habituellement au-dessous de mon âme, qui monta.

Dès qu'elle m'atteignit, un choc sourd ébranla mon cœur encore calme et une petite amertume s'infiltra dans mes veines, puis s'étendit.

De mon corps, saisi peu à peu par ce poison actif, le mal s'éleva jusqu'aux parties obscures de mon âme, et tout l'édifice fut ébranlé.

D'un point noir situé en moi, qui se mit à vibrer, de grandes ondes se formèrent avec une rapidité croissante; et, au bout d'un moment, leur intensité devint telle que, sous ces vibra­ tions, ma lucidité vacilla et je fus aveuglé par les vapeurs d'une ivresse sombre, cruelle, chaude.

Je souffrais bien.

Plus j'allais, plus ma souffrance se rapprochait de moi.

Bientôt elle m'enveloppa de la tête aux pieds; et je sentis qu'elle me touchait, me palpait, pénétrait, imprégnait, occupait les lieux vides de mon être, jusqu'à chasser irrésistiblement de ma conscience épouvantée tout ce qui n'était pas elle.

Cette douleur, ce n'était plus la douleur de Pascal, c'était Pascal.

Pascal souffrait.

En deçà, en delà de lui, il ne restait plus rien.

Mais là où brûlait sa douleur Pascal vivait.

Aucun lien ne m'attachait plus à ma personne; car je n'avais plus de personne.

J'habi­ tais un délire, une onde, qui me faisait tourner rapidement, et, du cœur de ce tourbillon, l'acuité d'une pointe de feu me transperçait. Henri Bosco, Le Mas Théotime. Vous ferez un commentaire composé de cette page.

Vous pourriez, par exemple, étudier comment le narrateur analyse avec lucidité la progression de la souffrance qui l'a envahi et évoque en poète la perception neuve de son être qu'il a eue en la circonstance. Corrigé REMARQUE Henri Bosco, né en 1888, est surtout connu par ce roman, Le Mas Théo­ time.

Son œuvre, qui puise son inspiration dans la Haute-Provence,s'atta­ che à dévoiler le mystère caché des choses et des êtres. PLAN DÉTAILLÉ I.

Ce texte décrit une souffrance ... 1.

Une métaphore filée appartenant au registre de la physique : la souf­ france est vue sous la forme d'une onde qui se propagé(«choc», «vibrer», «ondes», «intensité», «vibration»); d'une onde, c'est-à-dire quelque chose d'immatériel, d'intraduisible, d'inqualifiable, d'inexplicable.

Ce choix permet aussi d'insister sur le processus de la souffrance que nous étu­ dierons plus loin. 2.

Autre registre, plus commun,celui qui traduit la souffrance en termes empruntés à la médecine : «poison», «mal», «amertume», termes à prendre au sens propre (un poison se diffuse dans le corps) et au sens.... »

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