Géorgie 1993-1994 Retour dans le giron russe Les conséquences de l'humiliante défaite infligée aux troupes de Tbilissi par les forces...
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Géorgie 1993-1994
Retour dans le giron russe
Les conséquences de l'humiliante défaite infligée aux troupes de Tbilissi par
les forces abkhazes, début octobre 1993, ont lourdement hypothéqué l'avenir de
la Géorgie indépendante.
La sécession de facto de la République autonome
d'Abkhazie (8 700 km²; 525 000 habitants, comprenant 240 000 Géorgiens et 90 000
Abkhazes lors du recensement de 1989) a amputé le pays de 12,5% de son
territoire; dès l'automne 1993, les troupes abkhazes contrôlaient en effet une
partie importante du territoire, grâce notamment à la bienveillance des troupes
russes - Moscou entretenant une impénétrable ambiguïté à l'égard du conflit.
La
présence d'environ 200 000 réfugiés d'Abkhazie, en majorité des Géorgiens
victimes du "nettoyage ethnique" opéré par les forces abkhazes, a constitué un
facteur de fragilité supplémentaire pour cet État marqué par une crise
politique, économique et sociale majeure.
Le 22 octobre 1993, la Géorgie, qui s'y était jusqu'alors refusée, est devenue
par un décret présidentiel membre de la Communauté d'États indépendants (CEI).
Le 1er mars 1994, le Parlement a ratifié cette adhésion.
Ce changement
d'attitude a été uniquement motivé par la nécessité d'obtenir le soutien de
Moscou dans la guerre civile qui opposait les forces gouvernementales aux
partisans de l'ex-président Zviad Gamsakhourdia.
La mort non élucidée (suicide
ou exécution?), le 31 décembre 1993, de celui-ci, qui dirigea le pays de
novembre 1990 à décembre 1992 (date à laquelle il avait été chassé du pouvoir),
et la disparition de la plupart des groupes armés se réclamant de lui ont
raffermi le pouvoir du chef de l'État, Édouard Chevardnadzé.
La Géorgie restait
cependant marquée par une profonde instabilité politique, aggravée par la
confusion régnant au sein de l'équipe au pouvoir, mais aussi par les querelles
personnelles et les luttes de clans qui ont mis le pays en coupe réglée.
Violence politique, grèves et hyperinflation
Le 24 décembre 1993, les ministres de l'Intérieur et de la Défense se sont
affrontés verbalement à l'aéroport de Tbilissi à l'occasion d'un incident, le
premier accusant le second d'avoir perdu la guerre en Abkhazie; l'épisode a jeté
une lumière crue sur une rivalité aux causes multiples.
Quelques heures plus
tard, une bombe explosait dans l'immeuble de la Sécurité.
Le 3 février 1994, le
ministre adjoint à la Défense était assassiné, puis le ministre de la Défense
lui-même était victime d'un attentat à la bombe.
Le 31 mars, 300 miliciens armés dirigés par le chef de la police de Tbilissi
envahissaient le Parlement pour protester contre la nomination d'un nouveau
ministre de l'Intérieur.
La violence a tant marqué les sessions en son sein, en
particulier lors du débat sur la ratification de l'adhésion de la Géorgie à la
CEI (125 "oui", 69 "non" et 4 abstentions), que, en mai 1994, le Parlement a mis
en chantier l'élaboration d'un code de bonne conduite.
Dans un paysage politique éclaté où seuls quelques partis sont parvenus à se
faire entendre (en particulier le Parti national démocrate), l'Union des
citoyens de Géorgie, déclarant 30000 membres et disposant de 130 députés, s'est
rapidement imposée.
Rassemblement d'intellectuels et d'anciens cadres du Parti
communiste, elle est d'emblée apparue comme le "parti du président".
Considéré
par la majorité de ses concitoyens comme l'unique recours pour la sauvegarde de
la Géorgie, É.
Chevardnadzé a continué d'occuper une place centrale dans la vie
politique.
De février à avril 1994, il a été contraint d'assurer les fonctions
de ministre de la Défense afin d'engager le processus de construction d'une
armée dans un pays où les milices, en particulier les Mkhredioni (les
chevaliers), ont conservé leur puissance, malgré leur responsabilité partagée
dans la débâcle des forces géorgiennes en Abkhazie.
Si une amélioration a été perçue au cours du printemps 1994, la Géorgie est
demeurée confrontée à une insécurité persistante (voleurs de grand chemin,
pillards de trains et bandits d'honneur issus des groupes armés zviadistes)
alors que le tissu social accusait de profondes déchirures.
Pour la première fois depuis des décennies, le pays a connu, début avril 1994,
d'importants mouvements sociaux.
Les employés des chemins de fer, du métro de
Tbilissi, ainsi que de nombreux enseignants se sont mis en grève afin d'obtenir
non seulement une importante hausse de leurs traitements, mais aussi leur
rétribution en roubles.
L'hyperinflation (2 000%) est demeurée l'indicateur d'une économie sinistrée.
Le
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