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Giraudoux, Suzanne et le Pacifique. Nouveau Robinson, Suzanne se retrouve, après un naufrage, sur une île déserte, elle y découvre...

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« Giraudoux, Suzanne et le Pacifique. Nouveau Robinson, Suzanne se retrouve, après un naufrage, sur une île déserte, elle y découvre des objets abandonnés par un marin allemand échoué là avant elle : parmi ceux ci, un exemplaire de Robinson Crusoé, dans la lecture duquel elle se plonge aussitôt. Ce puritain accablé de raison, avec la certitude qu'il était l'unique jouet de la Providence, ne se confiait pas à elle une seule minute.

À chaque instant pendant dix-huit années, comme s'il était toujours sur son radeau, il attachait des ficelles, il sciait des pieux, il clouait des planches.

Cet homme hardi frissonnait de peur sans arrêt, et n'osa qu'au bout de treize ans reconnaître toute son île.

Ce marin qui voyait de son promontoire à l'œil nu les brumes d'un continent, alors que j'avais nagé au bout de quelques mois dans tout l'archipel, jamais n'eut l'idée de partir vers lui.

Maladroit, creusant des bateaux au centre de l'île, marchant toujours sur l'équateur avec des ombrelles comme un fil de fer. Méticuleux, connaissant le nom de tous les plus inutiles objets d'Europe, et n'ayant de cesse qu'il n'eût appris tous les métiers.

Il lui fallait une table pour manger, une chaise pour écrire, des brouettes, dix espèces de paniers (et il désespéra de ne pouvoir réussir la onzième), plus de filets à provisions que n'en veut une ménagère les jours de marché, trois genres de faucilles et faux, et un crible, et des roues à repasser, et une herse, et un mortier, et un tamis.

Et des jarres, carrées, ovales et rondes, et des écuelles et un miroir, et toutes les casseroles.

Encombrant déjà sa pauvre île, comme sa nation plus tard allait faire le monde, de pacotille et de fer-blanc.

Le livre était plein de gravures, pas une qui me le montrât au repos : c'était Robinson bêchant, ou cousant, ou préparant onze fusils dans un mur à meurtrières, disposant un mannequin pour effrayer les oiseaux.

Toujours agité, non comme s'il était séparé des humains, mais comme s'il était brouillé avec eux, et ne connaissant aucun des deux périls de la solitude, le suicide et la folie.

Le seul homme peutêtre, tant je le trouvais tatillon et superstitieux, que je n'aurais pas aimé rencontrer dans une île. Suzanne et le Pacifique : robinsonnade. Robinson Crusoe de Defoe a beaucoup inspiré : au XIXe => la robinsonnade est un genre très prolifique et chaque auteur aime à placer son ou ses héros dans une situation proche de celle de leur ancêtre Robinson. Ex : Le Robinson Suisse du pasteur Wyss, un Robinson russe, une Robinsonnette par Granström ou par Giraudoux cf.

Suzanne dans Suzanne et le Pacifique, des Robinsons italiens par Emilio Salgari, une École des Robinsons de Jules Verne etc.

Cf.

aussi Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier => à partir du modèle, les écrivains ont créé de nouvelles œuvres. Dans cet extrait, Giraudoux fait confronter son héroïne (issue de la tradition des Robinson) avec celui qui lui a servi de modèle, Robinson.

Clin d’œil de Giraudoux. I- Robinson et Suzanne A- L’avis de Suzanne • Le passage est écrit à la 1e personne du singulier.

« Je » = Suzanne => la jeune femme, elle-même sur une île, compare sa vie et réagit au récit de Robinson. Ex : « j'avais nagé » ; « tant je le trouvais » ; « je n'aurais pas aimé »… Référence à l’ouvrage qu’elle vient de lire.

Cf.

« Le livre était plein de gravures »… • Suzanne : héroïne > jeune femme qui semble très franche et très active. Elle a lu le livre avec attention. • Suzanne, dans la même situation que Robinson compare leurs deux situations => portrait peu flatteur de Robinson ! B- Un homme qui n’est pas un héros • Cf.

la manière dont Suzanne parle de Robinson > ne le considère pas.... »

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