Grèce 1983-1984 L'année 1984 a marqué pour la Grèce un double anniversaire: c'est en 1974 que s'écroulait le lamentable régime...
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Grèce 1983-1984
L'année 1984 a marqué pour la Grèce un double anniversaire: c'est en 1974 que
s'écroulait le lamentable régime des "colonels".
Mais c'est aussi, et par voie
de conséquence, la dixième année du "martyre" de Chypre, selon l'expression
employée par Athènes pour caractériser l'occupation de près de la moitié de la
Grande île par l'armée turque.
Le bilan de ces dix ans de crise chypriote,
apparemment sans issue, sont pour la Grèce un rappel constant des dures règles
du jeu des grandes puissances tel qu'il se joue dans la région.
Ni l'URSS, ni
les États-Unis, ni d'ailleurs l'Europe n'ont levé le petit doigt pour aider à la
solution du conflit dans le sens indiqué par les Nations-Unies, c'est-à-dire du
retour à une indépendance politique et territoriale de l'île.
Le conflit latent
gréco-turc n'en aura pas moins été durant ces trois années de gouvernement
socialiste l'un des traits marquants du paysage politique grec, et la source de
ce "nationalisme" accru qui colore la vie du pays.
Lorsqu'en 1981, le leader socialiste prenait haut la main les rênes du pouvoir,
les anathèmes qu'il jetait et sur l'Alliance atlantique et sur les États-Unis
apparaissaient à certains comme purement électoraux.
Pourtant, au-delà des
enjeux intérieurs, ces revendications indépendantistes prenaient racine dans une
nouvelle vision du rôle géopolitique de la Grèce en Méditerranée orientale "où
l'affrontement des deux blocs devait être combattue et non plus subie".
L'ouverture vers le monde arabe, la neutralisation de "l'expansionnisme turc,
facteur de déséquilibre", la participation active à la dénucléarisation des
Balkans, le refus de condamner ipso facto les "méfaits" de l'Union soviétique
reconnus comme tels par le reste des Occidentaux, seraient donc les atouts du
"petit dernier" européen, enfin devenu acteur de son propre destin, au sein de
la CEE entre autres.
Trois ans plus tard, M.
Papandréou devait évidemment déchanter: non seulement il
n'a pas été question de quitter l'OTAN, mais il a fallu concéder pour cinq ans
encore leurs bases aux Américains.
Les pays arabes se sont montrés fort
réticents à "lâcher" la Turquie, la dénucléarisation des Balkans est restée un
objectif lointain et les Soviétiques sont restés toujours aussi passifs malgré
les gentillesses diplomatiques d'Athènes, qui font grincer des dents aux
partenaires européens.
Leçons de realpolitik? "Le prix qu'il faut payer pour faire entendre la voix de
la Grèce, silencieuse depuis trente ans sur la scène internationale...",
remarque-t-on dans certains milieux proches du pouvoir.
Paradoxalement l'Europe,
que le Mouvement socialiste panhéllénique (PASOK) et son leader avaient toujours
combattue, leur aura fourni une excellente tribune.
La tactique de la
"spécificité grecque" dans la Communauté s'est avérée payante.
Subventions,
aides, dérogations ont été accordées avec une notoire générosité.
"Encore
fallait-il savoir les demander", précisent les auteurs du "memorandum" qui
présentait aux neuf partenaires les revendications des socialistes grecs:
factures d'un élargissement mal négocié des deux côtés...
L'élection de 1981 s'était faite sous le signe du "changement": l'année 1984
était d'autant plus celle des bilans qu'elle a marqué la fin de la législature,
normalement prévue pour le printemps 1985, mais susceptible d'être avancée par
des élections anticipées.
Venue au socialisme en présentant tous les symptômes
du sous-développement, les gâchis du clientélisme, les abus du parasitisme
commercial, durement touchée par la crise mondiale et perturbée dans ses
échanges par certains impératifs communautaires incontournables, la Grèce, en
trois ans, n'a évidemment pas fait peau neuve.
Tout juste a-t-on pu constater
une "mise à l'heure" de certains secteurs, le social en particulier: l'égalité
des sexes, l'introduction du mariage civil, la révision du Code de la famille et
du Code pénal, signifient - à long terme - une profonde évolution des
mentalités.
L'instauration d'un système de santé nationale et du principe de
l'échelle mobile des salaires - à application différée pour cause de rigueur -,
l'adoption des lois-cadres sur la syndicalisation et sur l'éducation, très en
retard dans le pays, la mise à jour du règlement militaire ont été des étapes
importantes, même si les textes sont restés en deça des promesses et des
espoirs.
Les signes extérieurs de sous-développement sont en tout cas désormais
montrés officiellement du doigt, et la prise de conscience nationale qui en
découle n'est pas le moindre acquis du régime.
C'est sans doute dans les campagnes que le changement aura été le plus apparent.
Un peu du fait d'une décentralisation encore toute relative, un peu à cause de
la modernisation du....
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