Grèce 1993-1994 Au risque de l'isolement En octobre 1993, obtenant 171 sièges sur 300 à la Chambre, le PASOK (Mouvement...
Extrait du document
«
Grèce 1993-1994
Au risque de l'isolement
En octobre 1993, obtenant 171 sièges sur 300 à la Chambre, le PASOK (Mouvement
panhellénique socialiste) a repris à la Nouvelle République du Premier ministre
sortant Constandinos Mitsotakis le pouvoir perdu en juin 1989, au terme de deux
mandats (1981-1985; 1985-1989).
En faisant dissidence, parce que partisan de
l'intransigeance vis-à-vis de l'affaire de la République de Macédoine, Antonis
Samaras, ancien ministre conservateur des Affaires étrangères, avait affaibli le
cabinet de Constantin Mitsotakis et entraîné des élections anticipées.
Les
mesures d'assainissement économique prises trois ans plus tôt pour réduire
l'inflation et l'endettement n'avaient ainsi pas pu produire tout leur effet.
Le nouveau gouvernement formé par Andréas Papandréou, avec des représentants de
chaque tendance - centriste, moderniste, populiste - de son parti et complété
par des proches ou des familiers, s'est immédiatement trouvé confronté à
plusieurs difficultés.
Il lui a échu de présider l'Union européenne durant le
premier semestre 1994 et de "veiller" les dossiers de l'élargissement de
l'organisation à de nouveaux membres, de la politique agricole commune, des
projets de convergence économique et monétaire.
Quels que soient les efforts accomplis, à partir de l'automne 1993, selon des
principes peu différents de ceux du précédent gouvernement, pour rétablir, dans
le domaine de la monnaie, des prix, de l'emploi, une certaine stabilité, la
situation économique et sociale de la Grèce, comparée à l'ensemble de l'Union
européenne, est restée très difficile.
Au terme du premier semestre 1994, la
drachme était tenue pour surévaluée sur les marchés des changes, le taux de
chômage avoisinait 10%, la hausse du coût de la vie étant de l'ordre de 10% par
an, alors que le pouvoir d'achat des salariés a diminué d'un cinquième depuis
1989 et que le poids de la fiscalité indirecte pèse surtout sur les classes
moyennes.
Le pays a, en revanche, assez bien supporté les effets de l'exode
rural déjà ancien, du retour des émigrés et de l'arrivée de Grecs d'Union
soviétique (surtout à partir de 1990), ainsi que de la présence de milliers de
réfugiés "économiques" ou politiques d'Europe médiane, de Turquie ou du
Proche-Orient.
Une économie handicapée
Le problème est de redistribuer mieux une richesse qui augmente de moins en
moins vite et de contenir l'inflation.
Malgré l'aide de l'Union européenne
(plusieurs milliards d'écus depuis le début de la décennie) et la politique
d'austérité conduite par les conservateurs à partir d'avril 1990 et poursuivie
par le PASOK dans un but d'assainissement (suppression de l'échelle mobile des
salaires, réforme des retraites et des assurances sociales, réduction du nombre
des fonctionnaires, privatisation d'entreprises industrielles et de services
appartenant à l'État), la situation économique est, en effet, restée
inquiétante: inflation annuelle de l'ordre de 12%, montant de la dette publique
dépassant celui du PIB, service de la dette absorbant deux tiers des recettes
fiscales.
La Grèce reste loin des objectifs de convergence économique et monétaire et de
rattrapage structurel prônés par l'Union européenne.
Le territoire manque
d'infrastructures modernes; l'agriculture représente encore, en 1993, 14% du PIB
et 21% de l'emploi; l'industrie, concentrée dans les agglomérations d'Athènes et
de Salonique réunissant la moitié de la population nationale, souffre de la
croissance des importations de biens manufacturés venant de l'Union européenne
dont les crédits visent justement à réduire le déficit commercial corrélatif; le
tourisme, première source de devises avec 10 millions de visiteurs en 1993,
emploie 7% des actifs, mais pâtit de la concurrence.
Enfin, le produit de
l'économie souterraine, étendue au trafic international des armes et du pétrole,
a été évalué à 40% du PNB.
Cette situation entretient un débat de gouvernement
entre modernistes tel le ministre de l'Industrie, de l'Énergie et de la
Technologie, mais aussi du Commerce, Constandinos Simitis, partisans de la lutte
contre la fraude fiscale pour augmenter les revenus de l'État, et populistes
(dont A.
Papandréou), peu portés à la pression fiscale.
Aux élections européennes de juin 1994, les électeurs ont accordé deux sièges
sur 25 à chacune des trois petites formations extrémistes: Coalition de gauche
(6,2% des voix), Parti communiste (6,3%) et Renouveau politique (8,7%).
Ils ont
manifesté leur désapprobation vis-à-vis des deux partis dominants: la Nouvelle
République (32,7% des suffrages) qui a perdu six points par rapport aux
législatives de 1993, le PASOK (37,6%), qui n'a pas encore redressé, malgré de
premières réformes fiscales, une situation économique difficile.
Dans le domaine diplomatique, le gouvernement du PASOK n'a pas paru plus capable
que le précédent d'exploiter, dans les Balkans, la position de la Grèce qui y
est le seul membre de l'Union européenne.
Favorable à la Serbie dans la crise
yougoslave, en désaccord donc avec les lignes suivies par l'Allemagne ou la
France, il a tendu à se rapprocher des États-Unis.
Ces derniers ont semblé
pouvoir contribuer au statu quo régional sans cependant aller jusqu'à s'engager
avec l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) en Bosnie.
Les....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓