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H_e_gel (1_770-_18�_�}
LE DROIT ET LA MORALE
L
a pensée politique selon Hegel ne se perd pas dans le monde
des idées ; elle comprend le réel et le présent.
Son rôle n'est
pas de dénigrer l'être au profit du devoir être : le philosophe n'est pas
un donneur de leçons.
C'est sa modestie ; la philosophie n'est là que
pour comprendre ce qui s'est accompli, elle arrive toujours trop tard
pour agir : « La chouette [oiseau fétiche de la déesse romaine de la
Sagesse} de Minerve ne pre,ul son vol qu'à la tombée de la nuit»
(Principes ...).
Le monde a cependant des comptes à rendre à la pen
sée : c'est notre liberté que de ne plus rien accepter naivement, et
d'exiger de tout justification aux yeux de notre conscience : c'est le
principe même sur lequel doit à présent reposer toute politique.
La
volonté vraiment libre ne se réfugie pourtant pas dans un perpétuel
non à tout ce qui cherche à la détenniner ; elle ne se laisse pas plus
emporter mt counmt du monde.
Elle se détermine elle-même, et la
liberté est l'étoffe de la volonté, dit Hegel, comme la pesanteur est
celle des corps.
Le monde présent des lois et des mœurs est donc la réa
lisation concrète de lei volonté des hommes : « Le système du droit est
le royaume de la liberté effectivement réalisé» (id.).
1.
Le droit
A.
La libe,·té de la volonté
■ Il y a différents types de liberté, qui sont autant de degrés.
Je trouve en
moi ce que je suis, mais je n'invente pas ma propre nature, qui m'est
imposée.
Coïncider avec ce qu'elle me prescrit, c'est ne vouloir que ce
que ma nature veut, indépendamment de toute contrainte qui pourrait
s'y ajouter.
Le critère de la liberté, c'est alors le sentiment d'agir confor
mément à sa nature.
Selon le premier degré de la libe11é, le sentiment est
le principe de la volonté libre; mais c'est une volonté libre qui ne se
connaît ni ne se produit elle-même : elle ne fait que se trouver telle
qu'elle est.
Cette liberté, Hegel l'appelle sentiment pratique.
■ Ma nature est composée d'une pluralité de tendances différentes, mul
titude de contenus particuliers de ma volonté.
Je ne choisis pas le
contenu de mes tendances, mais c'est moi qui décide des tendances
qui seront satisfaites ; en choisissant, je détermine ma personnalité à
partir de ma nature.
Selon cet autre conception de la liberté, je suis donc
la forme de ma volonté, mes tendances en sont le contenu; c'est dire
que la volonté n'est pas complètement libre.
■ Certes, je ne choisis pas les aspirations que je trouve en moi, mais ma
volonté, formelle et vide, a le pouvoir de refuser tout contenu qui la
déterminerait, et de se déterminer elle-même pour un seul d'entre eux,
n'importe lequel; cet autre type de liberté est appelé liberté d'indifférence, ou libre arbitre.
Quoi que je décide, je serai toujours libre :
mon choix est en somme contingent.
Comme rien en moi ne me pousse
à me déterminer pour telle chose plutôt que pour telle autre, c'est la
contingence qui le fait pour moi.
n Chaque tendance suit sa pente propre au détriment des autres ; exclusive, elle se fait passion et m'enchaîne à elle pour mon plus grand malheur.
En fait, la volonté libre se détermine en fonction d'un calcul de
satisfaction ; selon ce type de liberté, la volonté se modère en déterminant un système de ses penchants, faisant droit aux uns par rapport aux
autres, mesurant pour atteindre la félicité.
□ Ce système des tendances est un modèle universel auquel elles doivent se conformer, puisqu'elles doivent s'y inscrire; l'éducation des
désirs immédiats, c'est la culture, vecteur de liberté opposé à la
nature.
Avec elle, la volonté vraiment libre enfin se détermine pour ce
qu'elle trouve en elle parce qu'elle en sait la raison; avec elle peut
commencer le règne du droit, degré supérieur de liberté.
B.
Crime, punition et vengeance
■ Le droit est issu de la volonté des hommes mais, une fois réalisé, il
existe indépendamment d'eux.
Dès lors, la volonté peut s'opposer au
droit en soi et affirmer sa liberté particulière contre les lois: c'est le
crime (qui ne se confond pas avec le meurtre : un vol est aussi un crime).
Aux yeux du droit n'existe que ce qui doit être; comme le crime ne doit
pas être, c'est un néant pour le droit.
Le droit cherche donc à anéantir le
crime et à rééquilibrer l'ordre des choses comme s'il ne s'était rien passé.
■ Sil 'application
du droit est immédiate, c'est-à-dire réalisée par lapersonne lésée elle-même, il y a vengeance.
La vengeance suit la loi du
talion - œil pour œil, dent pour dent - pour replacer le criminel dans la
situation d'où il est parti.
La vengeance peut bien intervenir à juste titre,
elle n'est pour le criminel que la manifestation de la volonté particulière
de sa victime : elle est donc à son tour pour lui une injustice commise
par sa victime à son endroit.
Sous la forme immédiate de la vengeance, la justice est donc infinie : chaque rétablissement du juste par
l'un est à son tour une injustice pour l'autre.
■ Le droit doit donc être appliqué médiatement, c'est-à-dire par l'intermédiaire d'un tiers, désintéressé de la situation.
Le juge applique le
droit en soi, et lui donne effectivité en contraignant les parties à
sortir du cycle infini des justices particulières de la vengeance.
À la
vengeance, se substitue la peine.
C.
La conscience du criminel
■
Le droit est l'aboutissement nécessaire de la volonté libre.
En tant
qu'il est libre, le criminel reconnaît donc toujours le droit.
Or pour qu'il
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Le droit el la morale,.,
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y ait un droit, il faut qu'il s'applique à tous, sans quoi il serait injuste et
ne serait pas le droit.
Le criminel cependant, qui sait que le droit doit
s'appliquer aussi à lui, veut faire....
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