Histoire de l'aeuvre LES SOURCES HISTORIQUES Dans Lorenzaccio, Musset exploite des faits historiques précis, même si, on le constatera, il...
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Histoire
de l'aeuvre
LES SOURCES
HISTORIQUES
Dans Lorenzaccio, Musset exploite des faits historiques
précis, même si, on le constatera, il les modifie et les déna
ture quelque peu.
L'action de la pièce se déroule à Florence
en 1536-1537.
Quelle est la situation politique de l'Italie au
début de ce second tiers du xv1 e siècle ?
Elle est d'une très grande complexité.
Le pays n'est pas
unifié, mais divisé, émietté en une multiplicité de cités et
d'États indépendants.
Trois puissances y exercent une
influence déterminante : le pape, qui ne joue pas seulement
un rôle spirituel, mais qui dispose alors d'une force politique
et militaire redoutable ; Charles Quint, empereur germa
nique, qui possède d'immenses territoires en Europe et en
Amérique ; le roi de France, François 1 er, adversaire résolu de
Charles Quint, qu'il affrontera, notamment en Italie, durant
plus de trente ans.
La place de Florence dans ce dispositif est cruciale.
D'abord républicaine; elle tombe progressivement sous la
coupe de la puissante famille des Médicis.
Chassés du pou
voir par les républicains en 1527, les Médicis font un retour
triomphal en 1531.
C'est qu'ils disposent de deux appuis
efficaces : Charles Quint est leur allié et, depuis 1523, c'est
un de leurs parents qui est pape sous le nom de Clément VII.
Alexandre de Médicis devient duc de Florence et peut dé
sormais exercer sans frein son autorité sur la ville, protégé
par Charles Quint qui y installe une garnison.
Dans ce
contexte, François 1 er soutient évidemment les républicains :
il les a aidés au cours de leur révolte de 1527 ; il est toujours
à leurs côtés après le retour des Médicis.
Et Lorenzaccio ? Fils de Pierre-François de Médicis et cou
sin d'Alexandre de Médicis, duc de Florence, il pouvait lui
aussi prétendre au pouvoir et apparaît donc comme une des
victimes de l'opération.
Mais surtout, il est attiré par les
idées républicaines.
Dès lors, le rapport des forces est clair:
d'un côté, Alexandre de Médicis soutenu par Charles Quint
et, dans une moindre mesure, par le nouveau pape Paul Ill
qui a succédé à Clément VII en 1534 ; de l'autre, les républi
cains appuyés par François 1 e, et jouant la carte de Lorenzac
cio.
Telle est la situation de départ dont découlent les évé
nements: Lorenzaccio va s'efforcer de devenir le favori
d'Alexandre de Médicis pour l'attirer dans un guet-apens et
le tuer le 6 janvier 1537 1 • Les républicains ne parviendront
pas à profiter des circonstances.
Côme de Médicis, cousin
d'Alexandre, réussira à perpétuer le régime un instant
ébranlé.
Lorenzaccio, contraint à l'exil, sera assassiné le
26 février 1548.
UNE CONVERGENCE
D'INSPIRATIONS
Malgré leur importance dans le développement de l'ac
tion, les sources historiques ne peuvent rendre compte de
toute la richesse de la conception.
Lorenzaccio apparaît
comme une œuvre composite, lieu de convergence d'inspi
rations multiples: l'élaboration par Musset de trois plans
successifs de la pièce témoigne éloquemment de la diffi
culté qu'il éprouva à ordonner tous les éléments qu'il voulait
y introduire.
Sous l'histoire florentine transparaissent tout d'abord des
allusions évidentes à la situation contemporaine de Musset.
Indirectement, il dénonce la veulerie et la lâcheté de ses
compatriotes uniquement préoccupés de leur bien-être
matériel, privés de tout idéal.
Plus précisément, il regrette
les occasions manquées: les républicains florentins laissant
1.
Jusqu'en 1582, le mois de mars était le dernier mois de l'an
née.
Le 6 janvier 1537, dans la datation actuelle, correspond donc au
6 janvier 1536 de l'ancienne datation.
C'est pour cette raison que
Musset situe le meurtre en 1536.
Cela lui permet d'introduire le
développement des « six Six » du marchand N, 5), qui place cet évé
nement sous le signe du chiffre six.
Alexandre, après avoir régné six
ans, est mort en 1536, le six janvier, à six heures du matin, à l'âge de
vingt-six ans, de six blessures.
Côme de Médicis succéder à Alexandre, ce sont un peu les
républicains français incapables de profiter de leur victoire et
de la chute de Charlès....
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