Hobbes 1588-1679 « L'homme est un loup pour l'homme. » Épitre dédicatoire du De Cive Éléments de biographie t les...
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«
Hobbes
1588-1679
« L'homme est un loup pour l'homme.
»
Épitre dédicatoire du De Cive
Éléments de biographie
t les voyages et les rencontres
Thomas Hobbes, après avoir étudié à Oxford, devient précepteur puis
secrétaire de William Cavendish.
A Paris, il se lie avec le Père Mersenne et Gassendi et prend connaissance
des écrits de Descartes à qui il envoie des « objections ».
Mais surtout, il
découvre les Éléments d'Euclide qui marquent un tournant dans sa vie
intellectuelle.
À Florence, il rencontre Galilée dont il admire également
la rigueur scientifique.
Ces modèles de rationalité l'inspireront et le
mèneront à construire un véritable système philosophique.
Il fut le secrétaire de Francis Bacon qui lui fit découvrir les matérialismes
anciens, mais il déplora son manque d'intérêt pour les mathématiques et
la démarche déductive.
t Un contexte historique déterminant
Hobbes restera marqué par la crise politique et religieuse qui déchire
l'Angleterre du xv1ie siècle.
Prenant parti pour le roi Charles rr dont
il défend l'autorité absolue dans le conflit qui l'oppose au Parlement, il
s'exile en France en 1640.
Durant son séjour en France, il rédige ses deux principales œuvres : De
Cive (Du citoyen), publié à Paris en 1642, et Léviathan, qui paraîtra à
Londres en 1651.
Accusé d'athéisme, il connaîtra nombre de controverses
avec les penseurs de son temps, sans pour autant manquer de partisans.
Thèses essentielles
Contemporain de la Révolution anglaise du XVff siècle, Hobbes s'est
principalement intéressé à la politique.
Frappé par la violence de la
guerre civile, il cherche à poser les bases d'une politique forte assurant
paix et sécurité aux hommes.
Hobbes, en matérialiste, veut poser les
bases d'une science politique rationnelle qui en dégage les mécanismes.
t l'anthropologie au fondement
de la philosophie politique
Avec Hobbes, ce n'est plus la cosmologie ou la théologie (comme dans
l'aristotélisme et le thomisme) qui fondent la philosophie politique, mais
l'anthropologie.
Théoricien de l'absolutisme, il refuse cependant de
penser la politique en lien avec la religion, et justifie le pouvoir absolu
par des principes rationnels.
Rejetant l'héritage aristotélicien qui voit en
l'homme un animal politique, il analyse les causes de l'instauration de
l'État et les mécanismes permettant la maîtrise du pouvoir permettant de
garantir paix et sécurité aux hommes.
Pour comprendre le fonctionnement d'un corps complexe, il faut d'abord
le décomposer en ses éléments les plus simples afin d'en saisir la nature.
Ce principe, hérité de la physique galiléenne, Hobbes l'applique à la
politique : l'État étant constitué d'individus, c'est la nature humaine
elle-même qu'il convient de dégager afin de cerner le fonctionnement du
corps social que les individus forment.
Il faut donc d'abord interroger la
nature humaine, élaborer une anthropologie.
t l'état de nature : la « guerre de chacun contre chacun »
Pour analyser la nature humaine, Hobbes élabore un modèle théorique,
hypothèse fictive mais rationnelle, celle de l' état de nature.L'état de nature
désigne l'état dans lequel vivent les hommes avant toute instauration
d'une organisation sociale, c'est un état rationnellement conçu, non pas
un état historiquement avéré.
Il s'agit de comprendre ce qu'est l'homme
indépendamment de la société et des transformations qu'elle opère sur
lui.
La théorie de l'état de nature permet donc de distinguer nature et
culture en l'homme.
L'État n'est pas la réalisation de l'humanité, mais un artifice par lequel
l'homme s'extrait de la nature.
Une création débarrassée en outre de
toute référence et donc de toute légitimation religieuse.
Il s'agit alors de
comprendre les raisons du passage de l'état de nature à l'état civil.
L'état de nature est un état de« guerre de chacun contre chacun » où règnent
conflits et violence.
Deux principes, en effet, caractérisent l'homme à l'état
de nature.
D'abord, son insatisfaction incessante, son désir sans cesse
renaissant, le pousse à vouloir dominer autrui.
Les hommes étant égaux
bien que différents, la ruse pouvant se substituer à la force, aucun d'entre
eux ne s'y trouve en sécurité.
À l'état de nature, donc, « l'homme est un
loup pour l'homme », comme le dit la célèbre formule empruntée à Plaute.
En outre, et tel est le second principe, dans un tel état, l'homme craint
une mort violente et son instinct de conservation le pousse à protéger sa
vie.
La rivalité éclate, de telle sorte que l'état de nature s'apparente à un
état d'insécurité permanente:« Aussi longtemps que les hommes vivent
sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans
cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun
contre chacun ».
t Droit naturel et liberté
Dans l'état de nature, le droit naturel, droit issu de la nature, se définit
comme « la liberté qu'a chacun d'user comme il le veut de son pouvoir
propre pour la préservation de sa propre nature ,.
(Léviathan).
La liberté
y est définie comme absence d'obstacle.
Cependant, en vertu de l'égalité
naturelle et de l'inhérence du désir, les libertés s'entrechoquent tant
qu'elles ne sont pas réglées par un pouvoir commun, et c'est comme si,
finalement, personne n'avait droit à rien.
Tel homme veut-il s'approprier
cette pomme ? Il en a le droit, mais il peut en être empêché par un autre
qui la convoite également.
On constate ici la fragilité d'un tel droit que
rien ne garantit.
Ainsi, la première loi naturelle, issue de la raison consciente de
l'insécurité d'une telle situation, nous prescrit de rechercher la paix, afin
de sauvegarder notre vie.
C'est ainsi que l'homme est appelé à sortir de
l'état de nature : seul un pouvoir commun qui règle les coexistences peut
assurer la survie des individus.
t l'institution de l'État
L'8tat procède d'un contrat par lequel chacun cède son droit naturel à un
tiers, le souverain, chargé d'instaurer et de faire régner paix et sécurité.
Dans....
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