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HOULE Vous auberges et routes,. vous ciels en jachère, Vous campagnes captives des mois de l'année, Forêts angoissées qu'étouffe la...

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« HOULE Vous auberges et routes,.

vous ciels en jachère, Vous campagnes captives des mois de l'année, Forêts angoissées qu'étouffe la mousse, Vous m'éveillez la nuit pour m'interroger, Voici un peuplier qui me touche du doigt, Voici une cascade qui me chante à l'oreille, Un affluent fiévreux s'élance dans mon cœur, Une étoile soulève, abaisse mes paupières Sachant me déceler parmi morts et vivants Même si je me cache dans un herbeux sommeil Sous le toit voyageur du rêve. Depuis les soirs apeurés que traversait le bison Jusqu'à ce matin de mai qui cherche encore sa joie Et dans mes yeux mensongers n'est peut-être qu'une fable, La terre est une quenouille que filent lune et soleil Et je suis un paysage échappé de ses fuseaux, Une vague de la mer naviguant depuis Homère Recherchant un beau rivage pour que bruissent trois mille ans. La mémoire humaine roule sur le globe, l'enveloppe, Lui faisant un ciel sensible innervé à l'infini, Mais les bruits gisent fauchés dans tout le passé du monde, L'histoire n'a pas encore pu faire entendre une voix, Et voici seul sur la route planétaire notre cœur Flambant comme du bois sec entre deux monts de silence Qui sur lui s'écrouleront au vent mince de la mort. Jules Supervielle, Gravitations, « Matins du monde». Vous ferez de ce poème un commentaire composé au cours duquel vous pourriez éventuellement sans dissocier l'étude du fond de celle de la forme montrer comment la mémoire de Supervielle épouse les rythmes de la créa­ tion sans parvenir à conjurer son angoisse. Corrigé REMARQUE Dans le recueil des Gravitations, Supervielle manifeste souvent le désir d'embrasser toutes les dimensions du temps, pour l'immobiliser, et tout l'espace.

Sa rêverie le conduit à la création d'un monde à la fois très étrange et très familier - familier, car il a recours à tous les êtres connus : « Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.

» Mais l'activité poétique n'empêche pas le poète d'être repris par une angoisse primitive. 21, le climat de mort qui se dégage des cinq derniers.... »

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