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humaine?» Et la question se pose à nouveau : ce maître aura lui-même besoin d'un maître? Poser ainsi qu'il y...

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« humaine?» Et la question se pose à nouveau : ce maître aura lui-même besoin d'un maître? Poser ainsi qu'il y a une nature humaine injuste revient à nier la possibilité pour un seul homme d'échapper à cette nature et donc de montrer quelques signes de justice.

Confier par conséquent le pouvoir à un homme faiseur de lois revient à rendre aux autres hommes leur état de nature initial à peine modifié par l'existence de lois qui dirigent et imposent une pseudo-rectitude.

Car leur rectitude ici n'est que formelle, et en elles peuvent se glisser les contenus les plus sauvages et les plus injustes.

On a ainsi vu des régimes légaliser l'injus­ tice à travers des lois racistes ou tortionnaires.

Alors on ne pourrait être juste qu'en s'y soustrayant (la résistance n'est ainsi qu'une manière illégale mais juste de résister à un droit perverti).

On comprend donc les critiques marxistes qui posent que l'État n'est qu'une manière de légaliser l'injustice et la domination des uns sur les autres, ou encore les positions anarchistes qui posent- que l'homme est suffisamment vertueux pour s·autogérer et se passer du droit de l'État qui juste­ ment pervertit la rectitude de la justice naturelle de l'homme.

Le droit de l'État n'est plus alors que comme un masque· de l'injustice se faisant passer pour la justice.

est le pouvoir d'un seul sur tous les autres, le droit injuste du plus fort cher­ chant à se soustraire à la menace de se voir renverser par un autre plus fort que lui et utilisant alors la notion de droit [les lois] pour affaiblir ceux qui le menacent. c· □ ·autre part, on peut reprocher au droit d'être la règle trop rigide et trop généralè qui n'a rien de la souplesse et de la mesure que suppose la notion de justice : « la loi ne sera jamais capable de saisir à la fois ce qu'il y a de meilleur et de plus juste pour tous» ou encore « n'est-il donc pas impossible que ce qui demeure toujours absolu s'adapte à ce qui ne l'est jamais?» [Platon, Politique, 293el.

Car être juste, c'est être capable de mesurer ce que le respect d'autrui exige, compte tenu de sa différence radicale c'est-à-dire compte tenu du fait qu'il n'est pas moi, tout en méritant le même respect que moi.

Seul un sens intime de la conscience est capable d'évaluer ce que sa différence mérite, et en cela la loi ne peut que rater la différence de la particularité, puisqu'elle se pose comme générale. Or, qu'il faille que le respect soit le même pour tous, c'est-à-dire qu'on s'interdise tous de s'utiliser mutuellement, de faire des autres des moyens au service de nos fins, cela ne suppose pas pour autant que le contenu de la règle de respect soit le même pour toute forme de respect.

Or la loi pose et impose le même contenu pour tous, et plutôt que de se vouloir équitable, elle se veut bel et bien égalitaire en imposant la même conduite à tous sans tenir compte des différences spéci­ fiques qui induisent des actes forcément différents eux aussi. Enfin, être juste, ce n'est pas simplement obéir à une loi même juste, c'est plutôt choisir intérieurement d'être juste là où tout peut-être nous pousse à ne pas l'être.

En ce sens, l'impératif catégorique [commandement inconditionnel : « tu dois»] de Kant sert de modèle absolu pour exiger une conduite morale authen­ tique, non pas simplement conforme au devoir mais reposant sur une volonté d'agir par devoir.

Rien ne doit donc motiver notre volonté de l'extérieur car ce serait rendre alors hypothétique notre maxime.

Or l'obéissance aux règles du droit rend complètement artificiel et intéressé ce qui au contraire doit être désintéressé: l'obéissance à la loi morale en moi par pur respect pour le devoir. Par conséquent, celui qui ne fait que suivre les lois en se soumettant seulement à la crainte des sanctions qui les accompagne, celui-là n'est pas juste. De la mê(!1e façon, il faut sentir intérieurement notre liberté, la possibilité même de choisir d'être juste, donc aussi la possibilité de ne pas l'être.

C'est donc peut-être en pleine tentation (la loi morale contre lïnstinct égoïste du bonheur] que peut s· effectuer une véritable justice. Ici, le droit ne peut fonder la justice; au contraire, il l'embarrasse de ce qui la remettrait en question, et seule une justice sans droit pourrait être pure de tout intérêt, de toute condition motivant son exercice. Ainsi, il apparaît que l'hypothèse d'un homme fondamentalement ·injuste (hypothèse qui ferait reposer la justice sur le droit] est contradictoire et revient à soumettre le droit lui-même au doute.

On doute des hommes qui «diraient» le droit (pourquoi ne seraient-ils pas eux-aussi injustes?] et de surcroît, on peut poser aussi que le droit n'enveloppe pas toutes les qualités de la justice, à supposer qu'il soit posé par un homme juste. Comment alors réaliser la justice en ce monde sachant qu'il est d'une part clair que tous les hommes ne sont pas spontanément justes au point de pouvoir se passer des lois, et que d'autre part le droit peut être injuste? Peut-être faut-il pour cela penser la complémentarité du droit et de la justice ainsi que leur interaction: le droit seul ne fait pas toute la justice bien qu'il soit nécessaire, et la justice sans droit relève plutôt de l'utopie bien qu'elle soit la source de toute action juste.

Il faut donc en l'homme à la fois la présence de la loi morale qui garantira la justice de ses actes, et le souci des lois disant le droit. Ainsi, peut-être faut-il tout d'abord remettre en question l'idée d'une nature humaine mauvaise ou bonne, et plutôt poser que l'être humain n'est qu'un être de facultés.

Rien ne serait donné en lui définitivement, comme du tout fait ou du déjà fait.

Ce qui serait_ inné [ce avec quoi il naîtrait], ne serait qu'un ensemble de possibles.

Ainsi la loi morale que Kant dit être«en moi» n'est là que sur un fond de liberté et non pas sur un fond de nécessité.

Les formules «tu dois, donc tu peux», ou encore«la morale postule la liberté» ne sont que des manières de dire que ce qui fonde le vrai devoir de l'action juste, c'est finalement la possibilité de renoncer à ce devoir pour lui préférer « l'instinct égoïste du bonheur».

Que la loi morale soit là ne signifie donc pas qu'elle s'exécute spontanément en moi sans que ma volonté n'intervienne, bien au contraire.

Elle est simplement à disposition de ma volonté si jamais je décide de choisir le bien.

En ce sens, nous voyons toujours le bien, le juste, sans que cela nous empêche de «suivre le pire», comme en témoigne le remords qui fait que je me rends bien compte, malgré toutes les excuses que je peux m'inventer, que le sens du juste était présent en mor au moment même ou j'ai agi injustement. Cela montre.... »

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