Hume (1711-1776) L, LA CONSTITUTION DE LA NATURE HUMAINE esprit humain n'a pas de nature origi,nelle ; sans facultés, sans...
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Hume (1711-1776)
L,
LA CONSTITUTION DE LA NATURE HUMAINE
esprit humain n'a pas de nature origi,nelle ; sans facultés,
sans organisation interne, il se réduit à l'origine à un
ensemble incohérent d'idées, une collection ino,·ganisée de toutes les
impressions qui l'affectent et l'ont affecté.
L'esprit n'est au départ
qu'imagination, non pas productrice d'idées neuves, mais reproduc
trice servile d'impressions reçues.
L'esprit humain se.
construit une
nature par la façon dont il associe ces idées, sous l'effet de règles qui
le dépassent et lui viennent du monde qui l'entoure.
Se forger une
nature et s'inculquer des règles, c'est se donner un entendement.
Les
règles de l'esprit sont issues essentiellement de la société, qui exige de
l'incohérence primitive de l'esprit humain une certaine constance des
passions, pour prix de leur satisfaction.
C'est donc la vie en société qui
donne une nature à l'esprit humain, en organisant en système la col
lection d'idées avec laquelle il se confond d'abord; c'est l'éducation de
la passion qui fait de l'imagination un entendement.
1.
Les origines de la connaissance
A.
La théorie des impressions
■ L'esprit est une collection d'idées, atomes de pensée.
Les idées sont
simples lorsqu'elles ne sauraient être divisées ou séparées en plusieurs
idées, complexes lorsqu'elles peuvent être décomposées en idées
simples.
Chaque idée simple ressemble à une impression simple qui lui
correspond, qu'elle représente exactement et dont elle dérive.
Toute
idée provient donc de l'expérience sensible ou d'une composition de
l'expérience.
■ L'esprit est primitivement indifférent à la valeur respective de ses
idées, n'ajoutant aucune créance à l'une plutôt qu'à l'autre: il y a·
d'abord pour lui autant de chance que le soleil se lève ou non demain.
C'est l'expérience qui nous porte à croire à une idée, la rendant plus
vive par répétition ou association à l'idée de sa cause.
■ Il y a trois types de sensations : les premières sont celles de masse,
figure, mouvement, solidité ; les deuxièmes sont celles de couleurs,
saveurs, odeurs, chaleur, froid ; les troisièmes sont celles de douleur et
de plaisir.
L'impression des sens ne donne pas en elle-même la notion
d'une existence de la chose qui soit continue et distincte de la nôtre.
Cependant, philosophes et hommes du commun y croient en ce qui
concerne le premier type de sensations ; en revanche, les sensations de
douleur et de plaisir ont pour nous une existence interrompue et dépen
dante de nous-mêmes.
B.
La nature de l'esprit
Ill Seules 1 'expérience et l'habitude nous disposent à croire un f ait, en
s'appuyant sur la connaissance des preuves, ou une probabilité fondée
sur des causes•.
Les idées nous viennent de l'expérience; les relations
entre les idées sont issues également de l'expérience.
Enfin, l'expé
rience nous fait croire quelque chose sous l'effet de causes qui, nous for
çant à penser d'une certaine façon, orientent la pensée.,
!!il Le temps relie et ordonne nos idées.
Ce n'est pas une forme prééta
blie, innét! à l'esprit humain, mais tirée de l'expérience, et qui n'a pas
d'existence sans elle.
L'homme endormi n'a pas conscience du temps.
Le temps est toujours découvert dans une succession perceptible d'ob
jets changeants; c'est une idée qui naît de la façon même dont les
impressions apparaissent à l'esprit.
L'expérience pourvoit l'esprit en
idées et en principes d'association de ces idées.
L'effet de ces prin
cipes est d'imprimer sur l'esprit une disposition de la pensée qui fait de
son indifférence primitive une nature humaine.
Le seul critère de vérité
est cette forte tendance à croire, issue de l'expérience.
2.
La dynamique de l'esprit
-;- ----------- - -----------A.
Tendance et passion
■ Les trois principes selon lesquels nous associons les idées sont la
contiguïté, la ressemblance et la causalité.
L'association d'idées, sous
l'influence de l'expérience, crée, en présence d'une idée, la tendance à
attendre l'idée qui suit habituellement.
L'association d'idées imprime
en mon esprit des tendances.
■ La tendance est la facilité du passage d'une idée à l'autre : c'est
une relation entre idées, imprimée sur l'esprit humain, non une pulsion
issue de sa nature.
L'imagination incohérente, fonds primitif de l'esprit
humain, devient un entendement, c'est-à-dire une pensée régie par des
règles.
La règle est subie passivement, non créée par l'esprit; elle est
une passion de l'imagination.
B.
Les passions humaines
11 Aux passions humaines primaires, appétits élémentaires de l'animal
dans l'homme, s'opposent les passions secondaires, imprimées dans
l'esprit par l'expérience.
Directes, elles se confondent avec les impres
sions de douleur ou de plaisir ; indirectes, elles sont dérivées de ces
impressions premières et en dépendent, comme les passions d'orgueil,
d'amour, etc.
Les passions indirectes procèdent des principes de la
douleur et du plaisir« par conjonction d'autres qualités».
Il faut,
par exemple pour l'orgueil, que se mêle au plaisir une idée étrangère,
celle du moi.
Hume
■ Les passions se répercutent dans l'imagination.
Monde des règles
généralisées, l'imagination est investie par les passions, qui sont le
moteur des associations d'idées.
Les règles d'association, tirées du
monde de la nature, ou de celui de la civilisation (morale, lois civiles, cou
tumes, etc.), dirigent les passions et les corrigent; à rebours, les passions
les animent.
3.
De l'esprit hmnain à l'entende1nent humain
A.
La constitution du monde naturel
■ Les objets de ma perception ont une relative constance que je
remarque.
Cependant, dire que ces choses sont régulièrement les
mêmes, ou changent selon des processus réguliers....
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