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CHAPITRE XXII
Après plusieurs chapitres de contem plation, l'épisode rocambo
lesque de l'évasion, très nourri du souvenir de l'évasion du Cardinal de
Retz, donne à Stendhal l'occasion de relancer l'intérêt du lecteur par
des scènes mouvementées.
Le suspense est cependant relattt ; o._utre
des inter ventions fréquentes, on sent bien que le narrateur, bienveillant
Une évasion forcée
COMMENTAIRE
La nuit choisie pour l'évasion est enfin arrivée.
Un
brouillard épais couvre la citadelle.
Vers minuit, Fabrice,
après s'être signé, se lance dans le vide.
Échappant à la
vigilance des sentinelles, il finit par descendre cette terrible
hauteur, à franchir le rempart et à tomber évanoui, les
mains en sang, quasiment dans les bras dè la duchesse
postée au pied de la citadelle avec une centaine d'hommes
armés jusqu'aux dents.
Une voiture attend qui part aussi
tôt.
Après une journée de route, Fabrice et la duchesse
sont enfin en sûreté en territoire piémontais.
Alors, la San
s ev erina décide d'assouvir sa vengeance: feu d'artifice et
vin à volonté pour les gens de Sacca, tandis que le grand
réservoir d'eau de son palais de Parme est ouvert pour
inonder les rues.
C'est d'ailleurs là le signal convenu pour
l'empoisonnement du prince: Au bord du lac de Côme où il
se rétablit, Fabrice regrette sa prison; son âme est ailleurs
et la .duchesse est au désespoir.
Quant à Clélia qui avait
enivré la garnison pour faciliter l'évasion de Fabrice, elle ne
se pardonne point d'avoir trahi son père.
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et amusé, est en régie pour faire tomber le brouillard au bon moment,
débrouiller la corde qui s'emmêle, faire surgl,r de la paroi une broussaille à laquelle se rattraper...
Personne, sinon l'ardente Gina, ne
semble prendre bien au sérieux cette évasion, Fabrice pas davantage
que Stendhal.
C'est qu'elle est fondamentalement contraire à son
désir profond.
L'effrayante Tour Farnèse, qui exhibait en altitude, à
l'horizon de tout Parme, le cachot, l'oubliette, l'arbitraire du pouvoir et
le droit de vie et de mort du Prince, n'était déjà plus, par la grâce de
l'amour (et de quelques chapitres) qu'un pur espace de liberté.
Par le
regard de Clélia, les valeurs de mort (rats, poison) s'y inversent en
valeurs de vie (orangers, oiseaux...).
Théâtre d'une métamorphose
(sinon d'une conve_rsion), la prison fera de Fabrice un autre homme.
En sortir (après neuf mois), ce sera renaître à soi-même :
•Combien je suis différent, se dit-il, du Fabrice léger et libertin qui
entra ici il y a neuf mois! • Paradoxalement, la libération de l'âme
s'opère quand le corps est incarcéré, ce qui était impossible tant qu'il
était aux prises avec les aventures et en proie au monde.
Gina veut
sauver Fabrice mais elle ne le rend qu'à une vie ei une liberté apparentes.
Quant à l'amour de Clélia, il n'est pas de ceux qui font vivre,
mais plutôt mourir...
Un ultime costume
Aussi, consentir à l'évasion et la réussir ne confère pas à Fabrice un
brevet supplémentaire d'héroïsme.
S'il existe un langage du corps
(•douleur atroce entre les épaules•, •bras gauche démis», «jambes
comme du coton•, •mains en sang•: le bilan est éloquent), il manifeste
que l'évasion est un anti-exploit et cache d'ailleurs une fausse sortie.
t:absence de trouble chez Fabrice est moins le signe du courage que
de son détachement.
Il agit «mécaniquement•, avoue son absence :
•il me semblait que j'accomplissais une cérémonie.• La narration ellemême reproduit ce décalage, qui ne nous donne pas à assister en
direct à l'événement mais se contente de sa relation a posteriori, avec
les incertitudes d'un récit recomposé ensuite par Fabrice lui-même :
•il ajoutait que, poussé comme par une fqrce surnaturelle, il alla se placer hardiment entre deux sentinelles.• Si toutefois on doute encore
qu'il n'y jouait qu'un rôle, Stendhal précise malicieusement que
•quelques-uns ont....
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