i L'Ecole des femmes de Molière c1622-1613> LA.VTFVR. À la fois auteur de théâtre et comédien, observateur aigu de la...
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i
L'Ecole des femmes
de Molière
c1622-1613>
LA.VTFVR.
À la fois auteur
de théâtre et
comédien,
observateur aigu de
la société de son
temps, Molière a
commencé par écrire
des farces.
Dans
L'École des femmes,
sa première grande
comédie, il se range
du côté des
Précieuses.
Tout du moins
de celles qui savent
conserver une réserve
intelligente, car il
fustigera, dans
Les Femmes savantes,
la pédante qui cultive
« la passion choquante
de se rendre savante
afin d'être savante».
L'éducation des filles est un sujet qui préoccupa le XVIIe siècle.
Tradition
nellement, les filles recevaient une éducation uniquement pratique, desti
née à en faire de bonnes ménagères, de bonnes épouses et de bonnes
mères.
Mais les Précieuses revendiquent le droit à l'éducation, l'accès aux
connaissances les plus vastes pour les femmes et le droit d'accéder aux
titres de mathématicienne, docteur ou philosophe.
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Dans L'École des femmes le personnage d'Arnolphe, honnête bourgeois
de quarante-deux ans, ne supporte pas l'émancipation féminine qui appa
raît à cette époque sous l'influence des Précieuses.
li rêve d'une femme
parfaitement fidèle et soumise à sa volonté.
Pour réaliser son idéal, il a
choisi il y a treize ans une enfant de quatre ans qu'il a formée à sa
«mode».
Dans cette scène d'exposition, il présente à son ami Chrysalde la méthode
d'éducation qu'il a mise en œuvre afin d'obtenir une femme selon son
cœur: la jeune Agnès.
ARNOLPHE
1.
Jeu de mots : c'est
pour n'être point sot
(cocu) que j'épouse une
sotte (innocente).
2.
Endroit où on reçoit
en société pour
«causer».
3.
Connaissances.
4.
Jeu de société où on
doit répondre à une
question par un mot
rimant.
Épouser une sotte est pour n'être point sot 1
Je crois, en bon chrétien, votre moitié fort sage;
Mais une femme habile est un mauvais présage;
Et je sais ce qu'il coûte à de certaines gens
s Pour avoir pris les leurs avec trop de talents.
Moi, j'irais me charger d'une spirituelle
Qui ne parlerait rien que cercle et que ruelle 2,
Qui de prose et de vers ferait de doux écrits,
Et que visiteraient marquis et beaux esprits,
10 Tandis que, sous le nom du mari de Madame,
Je serais comme un saint que pas un ne réclame?
Non, non, je ne veux point d'un esprit qui soit haut;
Et femme qui compose en sait plus qu'il ne faut.
Je prétends que la mienne, en clartés 3 peu sublime.
1s Même ne sache pas ce que c'est qu'une rime;
Et s'il faut qu'avec elle on joue au corbillon 4
Et qu'on vienne à lui dire à son tour: « Qu'y met-on?»
Je veux qu'elle réponde: « Une tarte à la crème»,
En un mot, qu'elle soit d'une ignorance extrême:
20 Et c'est assez pour elle, à vous en bien parler,
De savoir prier Dieu, m'aimer, coudre et filer.
CHRYSALDE
Une femme stupide est donc votre marotte 5 ?
S.
Manie.
ARNOLPHE
Tant, que j'aimerais mieux une laide bien sotte
Qu'une femme fort belle avec beaucoup d'esprit.
CHRYSALDE
25
L'esprit et la beauté...
ARNOLPHE
L'honnêteté suffit.
CHRYSALDE
Mais comment voulez-vous, après tout, qu'une bête
Puisse jamais savoir ce que c'est qu'être honnête?
Outre qu'il est assez ennuyeux, que je crois,
D'avoir toute sa vie une bête avec soi,
30 Pensez-vous le bien prendre, et que sur votre idée
La sûreté d'un front puisse être bien fondée?
Une femme d'esprit peut trahir son devoir;
Mais il faut pour le moins qu'elle ose le vouloir;
Et la stupide au sien peut manquer d'ordinaire,
35 Sans en avoir l'envie et sans penser le faire.
ARNOLPHE
6.
Pantagruel dit à
Panurge : « Prêchez et
patrocinez d'ici à la
Pentecôte, enfin vous
serez ébahi comment rien
ne me aura persuadé...
»
(Rabelais, Tiers Livre,
Chap.
V).
7.
Plaider comme un
avocat.
À ce bel argument, à ce discours profond,
Ce que Pantagruel à Panurge répond 6:
Pressez-moi de me joindre à femme autre que sotte,
Prêchez, patrocinez 7 jusqu'à la Pentecôte;
40 Vous serez ébahi, quand vous serez au bout,
Que vous ne m'aurez rien persuadé du tout.
CHRYSALDE
Je ne vous dis plus mot.
ARNOLPHE
8.
Relation avec
les autres.
Chacun a sa méthode.
En femme, comme en tout, je veux suivre ma mode.
Je me vois riche assez pour pouvoir, que je crois,
45 Choisir une moitié qui tienne tout de moi,
Et de qui la soumise et pleine dépendance
N'ait à me reprocher aucun bien ni naissance.
Un air doux et posé, parmi d'autres enfants,
M'inspira de l'amour pour elle dès quatre ans;
50 Sa mère se trouvant de pauvreté pressée,
De la lui demander il me vint la pensée;
Et la bonne paysanne, apprenant mon désir,
A s'ôter cette charge eut beaucoup de plaisir.
Dans un petit couvent, loin de toute pratique 8,
55 Je la fis élever selon ma politique,
9.
Mon affaire.
C'est-à-dire ordonnant quels soins on emploirait
Pour la rendre idiote autant qu'il se pourrait.
Dieu merci, le succès a suivi mon attente :
Et grande, je l'ai vue à tel point innocente,
60 Que j'ai béni le Ciel d'avoir trouvé mon fait 9,
Pour me faire une femme au gré de mon souhait.
Je l'ai donc retirée; et comme ma demeure
À cent sortes de monde est ouverte à toute heure,
Je l'ai mise à l'écart, comme il faut tout prévoir,
65 Dans cette autre maison où nul ne me vient voir;
Et pour ne point gâter sa bonté naturelle,
Je n'y tiens que des gens tout aussi simples qu'elle,
Vous me direz : Pourquoi cette narration ?
C'est pour vous rendre instruit de ma précaution.
70 Le résultat de tout est qu'en ami fidèle
Ce soir je vous invite à souper avec elle;
Je veux que vous puissiez un peu l'examiner,
Et voir si de mon choix on me doit condamner.
CHRYSALDE
]'y consens.
ARNOLPHE
75
Vous pourrez, dans cette conférence,
Juger de sa personne et de son innocence.
CHRYSALDE
Pour cet article-là, ce que vous m'avez dit
Ne peut...
ARNOLPHE
80
La vérité passe encor mon récit.
Dans ses simplicités à tous coups je l'admire,
Et parfois elle en dit dont je pâme de rire
L'autre jour (pourrait-on se le persuader?),
Elle était fort en peine, et me vint demander,
Avec une innocence à nulle autre pareille,
Si les enfants qu'on fait se faisaient par l'oreille.
CHRYSALDE
Je me réjouis fort, Seigneur Arnolphe...
Molière, L'École des femmes,
Acte I, Scène 1 (1662).
Un piètre maÎtre
,
Etudiez la première réplique d'Arnolphe.
Quel type de femme souhaite-t-il épouser?
Quels seraient selon lui ses qualités et ses
défauts ? Quel effet cette inversion des valeurs
produit-elle sur la crédibilité du discours
d'Amolphe?....
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