I SUJET Expliquez et discutez ces lignes de Mallarmé : « La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené...
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I
SUJET
Expliquez et discutez ces lignes de Mallarmé :
« La Poésie est l'expression, par le langage humain
ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des
aspects de l'existence; elle doue ainsi d'authenticité
notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle.
>>
(Stéphane Mallarmé, Lettre du 27 juin 1884 à M.
Léo
d'Orfer, texte reprif? dans la revue.
La Vogue en 1886,
cité par _Henri Mondor dans Propos sur la Poésie de
S.
Mallarmé, page 118.)
.RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
1.
Mallarmé, répondant à une injonction bi:usque - > Il est difficile d'imaginer ,formule
plus nette, plus vaste et en un certain sens plus banale que celle
de Mallarmé : à la reprendre point par point, c'est tout le pro
gramme de la poétique moderne depuis Baudelaire, mais peut, être est-ce aussi toute sa démesure.
Mallarmé lui-même ne s'y
est-il pas quelque peu brisé les reins? et nous, qui avons sous les
yeux non seulement ce plan de campagne, mais encore les résul- .
tats des batailles, pouvons-nous n'inscrire à· l'actif de ces hautes
ambitions que des bulletins de victoirê? Pour trouver les vrais
triomphes de la poésie, ne devrons-nous pas nous adresser à une
conception plus large, plus fraternelle, plus vivante?
I.
Le programme de la poétique moderne.
Si le texte n'était pas signé de Mallarmé et à condition de n'en
pas regarder de trop près les termes, nous pourrions sans trop
de mal l'attribuer à un Baudelaire, ou même à un Rimbaud.
Toute la poésie qui, à la suite de l'aùteur de (C Correspondances ))'
prétend suggérer l'essentiel trouverait ici son Art poétique,
1.
« Le sens mystérieux des aspects de l'existence.
» Malla_rmé va,
si l'on peut dire, droit à l'essence de cette poétique, quand il
parle de >.
Plongeurs d'inconnu (« Plonger au
fond de l'ineonnù, {lnfer ou ciel, qu'importe ll, dit Baudelaire),
Voleurs de feu, Voyants, nouveaux Prométhées qui voudraient
cc sortir des Nombres et des Êtres » (id.), artistes qui > (id.), demi
déments qui ont « deux fois vainqueurs traversé l'Achéron »
(Nerval), tous les poètes depuis Nerval sont d'accord pour consΕ
dérer leur aventure comme le forcement de mystérieux secrets
que, souvent malgré eux, il leur faut déchiffrer.
Ce n'est pas,
comme on le dit à la légère, que leur poésie soit.
métaphysique, ni
qu'ils décrivent en vers un monde supérieur et idéal (Sully-Prud-
homme retombe souvènt dans ce da�ger, dans la vieille formule
d'une poésie explicative), mais en présence de chaque réalité,
du plus familier dès objets (par exemple, un vase « Surgi i pour Mallarmé, une chevelure pour Baudelaire,
etc...), le poète éprouve, au cœur même de son émotion poétique,
qu'il lui faut dépasser cette apparence, ou plus exactement - car,
poète, il ne peut abandonner les chatoiements des objets - cet
objet se creuse sous son regard de mille sens mystérieux, devient
symbole, c'est�à-dire - au sens étymologique - signe de recon·
naissance p·our de nombreux mystères.
Ainsi le poète moderne
prétend, non pas, comme on le dit quelquefois, connaître un
monde supérieur à ce monde matériel, mais en quelque sorte
vivre dans un univers >.
En tout ceci nul inconnu à
explorer, nulle porte à forcer, un simple contact large, direct,
humain.
Quoi de plus poétique que cette lutte un peu simpliste,
que Hugo se plaît à imaginer entre les champions 'du Bien et les
rhampions du Mal? Cette division a beau être celle des plus mau
vais mélodrames et des films les plus faciles, elle ne nuit pas à
l'intensité d'un univers véritablement poétique.
·
2.
« Toute la lyre.» La raison en est qu'il n'est peut-être pas absolu
ment nécessaire, en poésie, que tout....
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