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Premier commentaire (informé)
1) Un manifeste anti-romantique
Thème du retour sur les lieux d'un bonheur (?), d'un amour (?).
La nature n'a pas
changé.
On regarde les choses les unes après les autres, à la recherche de quoi? Que
reste-t-il de l'amour? Rien, réponse probable, et le symbole en est alors la Velléda de
plâtre, qui s'écaille au bout de l'avenue, figure peut-être de la vie, du chemin de la vie.
Velléda, héroïne de Chateaubriand (les Martyrs), symbole de la passion, n'est plus qu'une
décoration pour jardin.
Double thème donc : les choses sont restées semblables (juste un
peu dégradées) et le sentiment est mort (ou à demi).
Cf.
Colloque Sentimental dans les
mêmes Poèmes Saturniens :
Qu'il était grand le ciel et bleu l'espoir! L'espoir a fui, vaincu sous le ciel noir.
C'est de l'anti-Hugo : « Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas », chez qui le
triomphe de la nature est équilibré par le triomphalisme de l'amour , i, et l'affirmation
d'un pérennité humaine.
2) Les moyens de l'anti-romantisme
a) La miniaturisation.
— le genre romantique était l'ode ou la méditation.
Verlaine écrit un sonnet ;
— le paysage naturel est réduit au jardin (lieu clos), tout est minuscule ici : petit jardin,
humble tonnelle, et familier;
— intimisme : on passe du romantisme à l'intimisme comme on est passé de la peinture
du xviie à Watteau — l'inspirateur, précisément, des Fêtes galantes de Verlaine, qui
suivent les Poèmes saturniens;
— bruits légers : murmure argentin, plainte du tremble'; palpitation, sautillement de
l'alouette;
— la versification : Hugo pratique la coupe classique 6/6 : « Il voulut tout revoir : /
l'étang près de la source, / La masure où l'aumône / avait vidé leur bourse ».
Verlaine
utilise les rejets, les coupes dissymétriques : vers 8, 9, 11 (5 + 4 + 3), et quand il se
sert du trimètre romantique ce n'est pas pour des effets d'éloquence comme chez Hugo :
« Car je vais te tuer, Monseigneur, vois-tu bien, / Comme un infâme, / comme un lâche,
comme / un chien » (Ruy Blas), mais pour déséquilibrer le vers, donner à l'alexandrin
une allure de vers impair, et pour rompre avec la symétrie satisfaisante delà coupe à
l'hémistiche.
Le seul vers parfaitement conforme à la tradition est le vers 10; c'est aussi
le plus extérieur au poème (un vrai vers « pompier »).
b) Les symboles
— Verlaine dit Je, mais Olympio Il (et parle constamment de lui à la troisième personne).
Héroïsation d'Olympio.
Simplicité du Je.
— la porte étroite : fragile, modeste (chez Hugo un portail); intimité et fermeture.
S'il
s'agit d'enfermer un bonheur ou un souvenir, l'espace est minuscule.
A Hugo, il faut
l'univers.
— la lumière faible : dans Olympio, c'est le grand soleil, dont le parcours dans le ciel est
homologue au parcours du héros dans la nature.
Ici pas de mythe solaire.
— j'ai tout revu : Hugo écrit : « Il erra tout le jour.
» Le temps resserré d'un côté, la
longueur épique de l'autre.
— Vigne folle, tonnelle : prosaïsme et discrétion.
Mais la vigne peut faire image pour la
passion légère et folle d'autrefois.
— la Velléda qui s'écaille (cf.
les statues de plâtre de Madame Bovary).
Que fait cette
Velléda dans le jardin? Elle témoigne de la vogue du roman de Chateaubriand.
On
pourrait bien imaginer aussi une statue de Paul et Virginie...
Ce qui est intéressant, c'est
que la Velléda (vierge et prêtresse gauloise, qui a violé ses vœux pour l'amour d'un
Romain, symbole de la passion fatale et criminelle) est un signe qui parle à Je, alors que
pour les bourgeois à qui la maison appartient elle n'est qu'un objet silencieux et sans
véritable signification.
Dans l'ensemble, le décor du sonnet (villa petite-bourgeoise, avec son matériel du
dimanche ou des vacances) ne peut pas être le cadre d'une passion héroïque ou
exemplaire, mais seulement d'un amour ordinaire, sans prétentions, ce qui ne veut pas
dire qu'il ne soit pas douloureux.
Le poème aboutit au vers 14, d'habitude (dans les
sonnets classiques et jusque chez les parnassiens) éclatant, ou destiné à rester dans la
mémoire.
D'une manière générale, le dernier vers d'un sonnet ramasse tout le sonnet.
Ici
tout n'est plus qu'évanescence, glissement, voué à une disparition prochaine : choix des
mots (grêle; fade, réséda); coupe du vers 2 + 10; deux e muets (gicle, fade), dont le
second placé de manière scandaleuse et déroutante à l'hémistiche du décasyllabe que la
coupe dégage à l'intérieur de l'alexandrin.
Verlaine inverse donc systématiquement le décor et le triomphalisme romantiques.
Mais
du même mouvement, — ce qui empêche que ce poème soit une satire ou un pur
exercice —, il met en place une poésie du faux pas, de l'impair, du rompu, etc.
Sens de cet anti-Hugo? Une récusation du triomphalisme passionnel et esthétique, qui
sont tous deux une forme de l'optimisme romantique.
Poème de retombée, marqué par
le scepticisme, le pessimisme, etc., donc daté historiquement.
Après trois ans « traite »
un thème reçu, mais c'est pour le dénaturer.
Son prosaïsme, son réalisme fonctionnent
contre une certaine poésie décorative et solennelle ; pour autant, on ne tombe pas dans
la platitude : on a au contraire les éléments d'une nouvelle poésie de l'instant, du
renfermé, de l'intime et des objets.
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Deuxième commentaire (sauvage)
Introduire : le titre
Retour sur des lieux chargés de souvenirs.
Le temps qui s'est écoulé est assez long pour
avoir permis à ces souvenirs, hantises, regrets (?) de se constituer, mais pas assez
pourtant pour avoir profondément changé ni les lieux, ni le Je qui les retrouve, en
retrouvant ses impressions d'autrefois.
1) Le scénario
a) Les lieux : jardin domestiqué, familier; les éléments naturels (les fleurs, le tremble,
les roses, les lys, l'alouette) y sont aussi stables dans le souvenir que les objets humains
(la tonnelle, les chaises de rotin, le jet d'eau, la Velléda).
C'est de là que vient
l'impression d'harmonie, d'apaisement.
11 n'y a pas de différence entre le naturel et
l'humain, pas de dissonance entre eux : alouette ou jet d'eau, ils sont des instants figés
du temps,....
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