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Arthur RIMBAUD (1854-1891) (Recueil : Poésies)
L'éclatante victoire de Sarrebruck remportée aux cris de
Vive l'Empereur !
Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose
Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada
Flamboyant ; très heureux, - car il voit tout en rose,
Féroce comme Zeus et doux comme un papa ;
En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste
Près des tambours dorés et des rouges canons,
Se lèvent gentiment.
Piton remet sa veste,
Et, tourné vers le Chef, s'étourdit de grands noms !
A droite, Dumanet, appuyé sur la crosse
De son chassepot, sent frémir sa nuque en brosse,
Et : " Vive l'Empereur !!! " - Son voisin reste coi...
Un schako surgit, comme un soleil noir...
- Au centre,
Boquillon rouge et bleu, très naïf, sur son ventre
Se dresse, et, - présentant ses derrières - : " De quoi ?...
"
Contexte et éléments pour l’introduction
Rimbaud a vécu pendant la seconde moitié du XIXè siècle, mais il compose son œuvre
surtout dans sa jeunesse, puisqu’il cesse d’écrire à 21 ans.
Son œuvre témoigne d’une
volonté de réinventer la poésie, de l’affranchir des règles, d’en faire une puissance de
dérèglement et de révolution, ce qui passe par l’usage d’un langage chaotique et expressif
ou, ici, par une ironie mordante qui confine au sarcasme.
Le poème à commenter est une œuvre de la première jeunesse de Rimbaud : il le compose
en 1870, alors qu’il a 16 ans, en réaction à la guerre franco-allemande qui a alors lieu –
on pourra penser au célèbre « Dormeur du Val », qui fait partie du même recueil et a le
même contexte.
Il y dénonce à la fois la ridicule grandiloquence des militaires et le tragique
de la guerre.
On y observe, dans une forme poétique traditionnelle, celle du sonnet, une grande liberté
de ton et de langage, liberté qui prend dans le contexte de la guerre une valeur polémique
et iconoclaste : Rimbaud reprend le discours public sur la guerre – il a en effet été avancé
que ce poème était la lecture, par Rimbaud, d’une gravure qui circulait à l’époque :
Rimbaud parodie avec sarcasme la grandiloquence du traitement public, par la presse par
exemple, des événements de la guerre franco-allemande, ce qui fait de ce poème un texte
politiquement subversif.
La mise en évidence des moyens poétiques par lesquels Rimbaud
observe cette subversion pourra constituer le fil conducteur de l’explication du poème.
Eléments pour le développement
NB : les éléments donnés ici ne sont volontairement pas composés en plan abouti
pour un commentaire ; ils ne font que mettre en lumière les éléments à
commenter : il vous revient de hiérarchiser ces éléments en fonction de votre
propre lecture du texte.
I.
Une esthétique de la contradiction
- L’opposition entre l’ « Empereur » et les « bons Pioupious » structure le poème.
Mentionner par exemple l’opposition entre les indications de lieu « Au milieu » et « En bas
».
Etudier les différences de rythme entre la première strophe, consacrée à l’Empereur, et
les suivantes : dans la première strophe, les alexandrins présentent une certaine
régularité, avec une césure à l’hémistiche – il y a donc six syllabes de chaque côté, c’est
un rythme noble et habituel :
Au milieu, l'Empereur,// dans une apothéose
Bleue et jaune, s'en va, //raide, sur son dada
Flamboyant ; très heureux,// - car il voit tout en rose,
Féroce comme Zeus //et doux comme un papa ;
Ce rythme n’est plus aussi régulièrement respecté dans les strophes suivantes, consacrées
aux simples soldats : des vers tels que « De son chassepot, sent frémir sa nuque en
brosse », « Un schako surgit, comme un soleil noir...
- Au centre », « Se dresse, et, présentant ses derrières - : " De quoi ?...
" », présentent ainsi des ruptures rythmiques,
qui contrastent avec la régularité de la première strophe, ce qui peut s’interpréter comme
une mise en avant du chaos dans lequel sont plongés les simples soldats.
La dernière
strophe est, de ce point de vue rythmique, totalement irrégulière, avec des jeux de rejets
de d’enjambements qui brisent la structure du vers.
- Des jeux d’opposition dans le vocabulaire employé : deux niveaux de langue semblent ici
se croiser, et leur entrechoquement produit des effets de surprise, de choc ou de comique
sarcastique.
On pourra comparer ainsi le premier vers – « Au milieu, l'Empereur, dans une
apothéose » - qui reprend le vocabulaire traditionnel de....
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