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« Inde 1985-1986 Rajiv part en croisade Rajiv Gandhi a découvert, en 1985, une Inde plus rebelle à ses volontés de changement et à ses désirs de modernisation qu'il ne l'espérait.

Nommé Premier ministre le 31 octobre 1984, le jour même de l'assassinat de sa mère Indira Gandhi, conforté par une très large victoire aux élections législatives en décembre de la même année, l'héritier de la dynastie Nehru a voulu aller vite, très vite.

Tout de suite, il s'est colleté aux problèmes les plus brûlants qui menaçaient l'union indienne: le Pendjab, l'Assam.

Il a aussi voulu réformer son parti (le Congrès national indien), la fonction publique, et secouer l'économie, bousculant son pays avec une ardeur de néophyte.

Cette croisade s'est soldée par des succès indéniables: l'Inde a cru quelques mois que du Pendjab à l'Assam, en passant par la corruption, ses plaies étaient soignées.

Rajiv Gandhi a vogué alors en plein état de grâce, vivant une véritable lune de miel avec son peuple qu'il ne connaissait guère et qui ne le connaissait pas plus.

L'Inde n'attendait que peu de chose de ce jeune homme de quarante et un ans, pratiquement inconnu, resté des années durant dans l'ombre de sa mère, sans la moindre appétence ou inclinaison avouées pour le pouvoir. Mais en quelques mois, Rajiv Gandhi a su imposer un style de gouvernement propre et efficace et prendre des décisions qui ont conquis ses concitoyens.

Puis est venu le temps des épreuves, des désillusions.

Après la tornade Rajiv, l'Inde a paru reprendre son souffle et le pays, avec ses seize langues, sa multitude de castes, de religions, de régions souvent antagonistes, a montré sa résistance aux changements.

Aux dithyrambes ont succédé les critiques, tout aussi immérités et excessifs les uns que les autres.

Mais, même en baisse, la popularité de Rajiv Gandhi - tous les sondages l'ont montré - est restée très élevée et, face à une opposition déliquescente, il est le seul leader du pays. Forces centrifuges Le cas du Pendjab est tout à fait symptomatique de la méthode du nouveau Premier ministre, convaincu qu'il fallait vite trouver une solution à la question sikh. Rajiv Gandhi a consacré, dès le début de son mandat, tous ses soins à cet État en proie, depuis 1983, à une vague de violence extrême qui a causé des centaines de morts dont celle de sa mère, tuée par ses gardes du corps sikhs pour avoir ordonné l'assaut de leur sanctuaire du Temple d'or, à Amritsar.

A peine six mois après son accession au pouvoir, malgré une nouvelle offensive des terroristes qui atteignait la capitale en juin 1985, Rajiv Gandhi signait le 24 juillet un accord avec Harchand Singh Longowal, le leader du parti sikh modéré, l'Akali Dal.

Aux termes de cet arrangement, des élections devaient se tenir au Pendjab dès le mois de septembre et l'armée, qui y assurait le maintien de l'ordre, devait se retirer.

Par ailleurs, Chandigarh, la capitale que se partagent le Pendjab et l'Haryana, serait remise au Pendjab comme le demandaient les Sikhs depuis des années. But de la manoeuvre: couper les Sikhs extrémistes, ceux qui veulent un État indépendant, le Khalistan, du reste de la communauté, opposée à la violence et qui voudrait surtout continuer à faire ses affaires tranquillement.

Le Pendjab (16 millions d'habitants dont la moitié de Sikhs) est l'État le plus riche de l'Inde et entend le rester sans que les terroristes troublent son économie.

Avec près de 50 millions de tonnes de céréales produites par an, il assure plus d'un quart de la production indienne et exporte dans tout le pays.

Les extrémistes sikhs, déjouant la manoeuvre, assassinaient Longowal en août 1985: l'accord semblait une nouvelle fois compromis.

Mais Rajiv Gandhi tenait bon et les élections avaient lieu en septembre.

Les appels au boycott n'étaient pas entendus et les Sikhs et les hindous du Pendjab se rendaient aux urnes dans le calme, le 28 septembre 1985.

L'Akali Dal remportait les élections haut la main, écrasant le parti de Rajiv. Mais si le Premier ministre avait perdu une bataille politique, il pensait bien avoir gagné la guerre contre le terrorisme: les électeurs du Pendjab avaient plébiscité "son" accord.

L'Akali prenait le pouvoir au Pendjab, les Sikhs allaient pouvoir régler leurs problèmes en famille: les Indiens respiraient et croyaient le cauchemar du Pendjab terminé.

La violence politique s'apaisait, de fait, quelques mois, mais les terroristes allaient très vite tirer profit des divisions et des hésitations de l'Akali, ainsi que des maladresses de New Delhi qui était revenu sur ses promesses, notamment sur Chandigarh.

De nouveau, la situation allait basculer, et la violence reprendre avec son cortège d'assassinats de politiciens, de policiers ou de simples Indiens qui n'avaient que le défaut d'être hindous ou sikhs modérés.

Au début de l'année 1986, les extrémistes réussisaient à s'emparer du Temple d'or.

On se croyait revenu à juin 1984, lorsque les hommes du leader sikh fondamentaliste Bhindrawale tenaient le sanctuaire le plus saint du sikhisme.

Le gouvernement du Pendjab, voulant éviter un nouveau bain de sang, laissait faire et le champ libre paraissait être rendu aux terroristes.

Devant l'aggravation de la situation, durant le seul mois de mars 1986, soixante-sept personnes étaient tuées au Pendjab, et il était de nouveau question de faire appel à l'armée.

Pour le Pendjab, c'était pratiquement un retour à la case départ. A l'autre extrémité de l'Inde, en Assam, le gouvernement de Rajiv Gandhi a aussi tenté de mettre fin à une crise qui a provoqué la mort de centaines de personnes.

Avec, semble-t-il, plus de succès qu'au Pendjab.

L'Assam, riche de ses thés et de son pétrole, a été depuis plusieurs années le théâtre d'affrontements entre les Assamais de souche et les "immigrés" venus du reste de l'Inde, du Népal ou du Bangladesh.

En 1983, durant des élections régionales, les Assamais s'en sont pris aux immigrés.

Bilan: plusieurs milliers de morts.

Deux ans plus tard, Rajiv Gandhi a signé avec les nationalistes assamais un accord selon lequel les immigrés récents devaient être rayés des listes électorales et pouvaient être déportés de l'Assam.

Fort de cet accord tout à fait favorable aux Assamais, New Delhi a organisé des élections en décembre 1985 qui se sont déroulées dans le calme.

Le Parti du Congrès espérait remporter ce scrutin et appliquer, avec modération, l'accord signé ; mais les "immigrés", soutiens traditionnels du Congrès, se sentant les sacrifiés de l'accord, ont abandonné Rajiv Gandhi et les nationalistes ont gagné haut la main.

A peine élus, ils ont menacé d'appliquer tout leur programme aux relents anti-immigrés plus que racistes.

Au printemps 1986, New Delhi avait réussi à contenir leurs ardeurs et le calme régnait en Assam, mais tout déplacement de population risquait de réveiller la violence. D'autres États indiens ont aussi été la proie de conflits ethniques, religieux ou castéistes.

C'est le cas du Cachemire, à l'extrême nord du pays.

Les musulmans, majoritaires, et les hindous s'y sont affrontés au début de l'année 1986 et, à la suite de ces troubles, le Premier ministre du Cachemire a été démis par New Delhi.

Quant au Gujarat, État industriel situé à l'ouest du sous-continent, il a connu des affrontements entre hindous de haute et de basse caste.

Les heurts entre castes sont fréquents en Inde mais ils ont pris au Gujarat une dimension sans précédent depuis le printemps 1985, faisant des dizaines de morts et ralentissant la vie économique de la capitale, Ahmedabad. Pour impressionnante que puisse paraître cette énumération d'États agités par ces conflits, elle ne signifie pas que l'Inde soit à feu et à sang.

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