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Inde 1986-1987 Le déclin d'une idole A la fin de 1986, l'état de l'Inde pouvait se résumer en deux mots:...

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« Inde 1986-1987 Le déclin d'une idole A la fin de 1986, l'état de l'Inde pouvait se résumer en deux mots: fragmentation et décalage.

Fragmentation de la société, des partis, de la conduite même du gouvernement.

Décalages entre une économie toujours prospère et une situation sociopolitique inquiétante, entre une volonté de réformes et de compromis et l'absence de suivi des décisions novatrices ou le recours aux vieilles manoeuvres politiciennes. En économie, les décalages entre, d'une part, la politique de libéralisation et d'allégements fiscaux en faveur des entreprises, et, d'autre part, la répression, dure - mais sélective -, des fraudes ont compromis le succès des nouvelles orientations ; de même que les incohérences entre la planification et l'inflation des dépenses publiques ou les décisions de subventions prises à l'occasion des voyages du Premier ministre. Face à l'étranger, les cloisonnements entre ministères ont donné une impression de flottement dans la conduite des relations - difficiles - avec la Chine et le Pakistan.

La politique sud-africaine de l'Inde est devenue, de manière imprévue, un instrument de torpillage des rentrées de devises acquises grâce à l'exportation de diamants par une société indienne associée à la De Beers sud-africaine.

En janvier 1987, des problèmes de coordination internes ont mené l'Inde au bord d'une guerre avec le Pakistan qu'aucun des deux pays ne voulait. Cette succession de dérapages explique la désillusion de bon nombre d'observateurs indiens qui n'ont jamais autant loué les mérites d'Indira Gandhi. Il est significatif, cependant, que l'Inde de 1986-1987 ait surtout attiré l'attention par ses problèmes internes et par l'échec du lancement, en mars 1987, d'un satellite perfectionné.

De l'achèvement de la branche principale du canal de Rajasthan, grandiose projet d'irrigation des zones désertiques, le monde extérieur n'a pas parlé ; de même, une deuxième année de mauvaise mousson qui, par suite d'une gestion locale déficiente, a réveillé le spectre de la famine et contribué aux déboires politiques du gouvernement, a moins suscité l'intérêt que les menaces pesant sur l'intégration nationale, alors que les deux phénomènes sont étroitement liés. Économie: flottements Mais, si l'économie a causé de nouvelles inquiétudes, c'est que l'espoir lié aux orientations nouvelles du gouvernement a été partiellement déçu: la libéralisation des importations n'a pas été suivie par une hausse des exportations, mais par une frénésie de consommation ; les prix des produits de consommation non alimentaires ont augmenté de 17% entre 1986 et 1987.

Le déficit de la balance commerciale n'a pu être stabilisé à 45 milliards de roupies, en novembre 1986, que grâce à la baisse du prix des produits pétroliers.

Par ailleurs, l'excellent taux de croissance industrielle (+8%) proclamé par le gouvernement correspond, en fait, à un changement de base indiciaire: calculé sur la base de 100 en 1970, il n'a été que de 6,1% pour 1986, au lieu de 6,9% pour 1985.

Enfin, le déficit budgétaire - environ 80 milliards de roupies, soit à peu près 6,6 milliards de dollars, à la fin de l'exercice 1986-1987 (environ 57 milliards de roupies prévus pour le suivant) - est d'autant plus inflationniste qu'il est dû pour une grande part à une augmentation de dépenses improductives, notamment militaires.

Le taux d'inflation, de 6,5% en 1986, pourrait donc s'élever et gêner le Premier ministre qui a déjà présenté un budget de compromis pour 1987-1988.

En effet, ce dernier ne choisit pas vraiment entre un retour aux priorités sociales traditionnelles voulues par le Congrès et une libéralisation accrue, chère à Rajiv Gandhi.

Or, de nombreuses critiques ont rejoint les voix des défenseurs du secteur public et, au printemps 1987, le désenchantement enregistré dès la fin de 1985 semblait devoir s'accentuer: beaucoup n'étaient qu'à demi satisfaits des résultats des efforts en faveur du développement rural et de l'éducation - dont le budget a pourtant plus que doublé. Parti du Congrès: dissonances En 1986, ceux des Indiens qui ont voté pour le Congrès-I (I pour Indira) ont été déçus.

L'année s'était ouverte sur les dissonances des "loyalistes d'Indira", qui avaient insisté sur l'option socialiste à Bombay fin décembre 1985, lors de la session marquant le centenaire du parti, célébré en grande pompe.

Elle s'est poursuivie avec des succès aux élections intéressant le Parlement central, mais aussi des résultats mitigés ou de francs échecs lors des élections dans les divers États en 1986 et 1987.

Ainsi, le Congrès-I a consolidé sa position au Rajya Sabha, avec 149 sièges sur 244, lors du renouvellement partiel de juin, et a remporté la plupart des élections partielles au Lok Sabha.

En revanche, il a été nettement battu aux élections locales (panchayats) de l'Andhra Pradesh de mars 1987 et aux élections législatives tenues dans certains États.

Les consultations du Mizoram en février 1987, puis celles du Cachemire en mars, ont montré l'intérêt limité des accords intervenus entre le Congrès et des partis hier encore considérés comme "anti-nationaux".

Au Mizoram, avec 13 sièges (sur un total de 40) pour lui-même et 24 pour son allié, le Mizo National Front, il a vu son influence décliner.

Au Cachemire, sur 70 sièges à pourvoir, la Conférence nationale de Farouk Abdullah en a gagné 36 et le Congrès 24, mais ce succès de la coalition a été en réalité celui d'Abdullah que le Congrès avait écarté du pouvoir trois ans plus tôt.

Dans le Sud, en revanche, aux élections du Kerala, la coalition sortante dirigée par le Congrès n'a obtenu que 61 sièges, pour 75 au Front uni de la gauche.

Cet échec, qui s'ajoute à celui des panchayats de l'Andhra Pradesh, fait que désormais le Congrès-I n'est au pouvoir, au niveau des États, que dans le Nord de l'Inde.

Encore faut-il soustraire le Bengale du Nord géographique où la coalition de gauche sortante a triomphé, en mars 1987, avec 251 sièges sur 294 (40 seulement pour le Congrès-I), malgré les campagnes personnelles actives et les efforts du Premier ministre. En outre, les dissensions internes au Congrès, bien que limitées dans leurs effets par une loi sur les défections - une arme créée par le Premier ministre et qui se retourne aussi contre son propre parti -, ont alimenté des controverses publiques.

En août 1986, les "loyalistes d'Indira" ont adressé un mémorandum au "président en exercice du parti", Kamalapati Tripathi - un vétéran du parti nommé par Indira qu'ils savaient tenu à l'écart et mécontent -, avant de créer, sous la conduite de l'ancien ministre des Finances, Pranab Mukherjee, le Rashtriya Samajwadi Congress Party (national-socialiste).

Si cette dissidence a eu moins d'impact immédiat que le ralliement, fin 1986, du leader du Parti du Congrès d'opposition, Sharad Pawar, qui représentait une menace constante pour la majorité du Maharashtra, elle a néanmoins pesé sur la défaite du Congrès au Bengale et elle pourrait à l'avenir ébranler quelques bases électorales du parti. Par ailleurs, la crise larvée entre le Premier ministre et le président de la République, Zail Singh, qui, envisageant un second mandat en juillet 1987, a refusé d'approuver un projet de loi sur la censure des communications privées dont il avait approuvé le principe en tant que ministre de l'Intérieur, a mis Rajiv Gandhi dans une position délicate: en mars 1987, la publication d'une lettre du président mettant en cause le comportement du Premier ministre et démentant les propos que celui-ci avait tenus au Lok Sabha, a ouvert une crise de constitutionnalité. Crise de l'intégration nationale La crise de l'intégration nationale, expression sociopolitique de la fragmentation de la société indienne, a été aggravée par la recrudescence des particularismes (linguistiques et culturels) et par l'intensification du "communalisme".

Les particularismes se sont manifestés en Assam, où il est apparu que les problèmes n'étaient nullement résolus, à Goa, avec des agitations linguistiques, au Tamilnadu, entre le Maharashtra et le Karnataka, mais surtout, dans l'Est du pays, entre les différentes ethnies.

Au Mizoram, l'accord conclu en juin 1986 entre le Mizo National Front (MNF), rebelle, le gouvernement central et le Congrès-I, prévoyant la transformation du territoire en État, s'est révélé insuffisant: peu après, le.... »

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