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Inde 1988-1989 Nehru peut-il sauver Gandhi? Marquée par les préparatifs des élections législatives prévues pour décembre 1989, la période 1988-1989...

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« Inde 1988-1989 Nehru peut-il sauver Gandhi? Marquée par les préparatifs des élections législatives prévues pour décembre 1989, la période 1988-1989 a été placée sous le signe du centenaire de Jawaharlal Nehru, dont la célébration, étalée sur un an, a commencé le 14 novembre 1988.

Mais l'ombre de Nehru ne devait qu'accentuer les contrastes entre le rêve d'hier et la réalité d'aujourd'hui.

Calamités naturelles (inondations touchant des millions de personnes dans le Nord, tremblement de terre, mini-épidémies de choléra), et accidents (d'avions et de trains) se sont en effet ajoutés aux difficultés de la vie publique pour décevoir les contemporains de Nehru. Pourtant, c'est bien l'héritage de Nehru qui a fait de l'Inde une réelle puissance à l'échelle mondiale.

Les succès qu'elle a remportés dans son développement et sa modernisation, comme la régression de la lèpre enregistrée pour la première fois en 1988, le fonctionnement satisfaisant, après des difficultés initiales, du satellite de télécommunications INSAT 1-C, lancé en juillet 1988 par la fusée Ariane, sont autant de symboles de cette puissance, au même titre que la suprématie indienne qui va en s'affirmant dans la région. Cependant, la marge de manoeuvre de l'Union indienne est limitée par une crise politique interne qui reste marquée par une certaine impuissance devant la montée de la violence, des particularismes et de divers fondamentalismes. Celle-ci a atteint un tel niveau que l'affaire des Versets sataniques (dont l'auteur, Salman Rushdie, est un Britannique d'origine indienne), a trouvé son origine dans les premières inquiétudes exprimées par les musulmans indiens et que l'Inde a été le premier pays à interdire le livre au début d'octobre 1988. En fait, malgré les problèmes qui retiennent l'attention, l'Inde a encore progressé.

C'est ainsi que l'économie a effectué un rétablissement qui, au moins en matière agricole, a été spectaculaire. Bilan économique mitigé Le maintien de la croissance à un taux moyen de 5% atteste de la vitalité de l'économie.

Le taux de croissance industrielle est resté de 7,5% - malgré le ralentissement observé fin 1988 - et la production de toutes les denrées alimentaires a augmenté, laissant prévoir une rentrée de 170 millions de tonnes de céréales pour la fin avril 1989.

Cependant, avec une augmentation du déficit de la balance des paiements de près de 17 milliards de roupies par rapport à la période correspondante de 1987, la situation des finances extérieures est demeurée préoccupante. Par ailleurs, le rapport de la Commission du Plan remis en 1989 a mentionné la nécessité de diminuer la part du déficit budgétaire (16% en 1988) dans le financement du Plan.

Or, bien que le projet de budget 1989-1990 prévoie une limitation de ce déficit, les milieux industriels s'attendaient à une pression inflationniste en raison d'une augmentation de 8% des impôts sur le revenu des tranches supérieures (sociétés comprises) - que justifie notamment le nouveau programme "Jawaharlal Nehru" de créations d'emplois en milieu rural.

En raison de la conjoncture pré-électorale, il a bien fallu tenir compte des critiques adressées à un Premier ministre dont la popularité a décliné. Sensible surtout en politique intérieure, la baisse de crédit du gouvernement de Rajiv Gandhi s'est également répercutée sur une politique étrangère souvent jugée irréaliste ou trop ambitieuse par une partie de l'opposition.

Certains, en effet, y voient une politique de puissance incompatible avec des troubles intérieurs qu'aiguisent volontiers des voisins disposant de moyens de pression. Or les relations de l'Inde avec ses voisins ont souvent été compliquées par des ressentiments contre "une politique d'hégémonie". Une politique de puissance contradictoire La principale contradiction de la politique étrangère indienne résulte peut-être de l'accord de Genève (14 avril 1988) sur le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan.

Ce retrait, commencé en mai 1988, a placé en porte à faux le seul pays de la région qui avait soutenu l'URSS.

L'Inde n'en a pas moins poursuivi sa recherche d'une "solution politique" impliquant un compromis avec le Dr Najibullah.

Ayant accueilli ce dernier début mai, elle a plusieurs fois dénoncé, comme l'Union soviétique, le soutien encore apporté par le gouvernement pakistanais aux moujahidin qui refusaient de baisser les armes.

En 1989, elle a même été obligée de démentir des rumeurs - circulant au Pakistan - selon lesquelles des Indiens pilotaient désormais les avions russes. Par ailleurs, le maintien de la force de pacification indienne à Sri Lanka a été de plus en plus critiqué par l'opinion indienne qui l'a perçu comme un relatif échec politique.

Ces critiques ont été justifiées par l'évolution de l'île et l'élection, en décembre 1988, d'un président, Ranasinghe Premadasa, hostile à l'accord conclu avec l'Inde par son prédécesseur.

De la même manière, l'intervention indienne aux Maldives, en novembre 1988, après une tentative de coup d'État contre le président Maumoon Abdul Gayoom, a été diversement appréciée. La contestation interne s'est également nourrie de relations difficiles avec les pays limitrophes.

Avec le Bangladesh, le problème des réfugiés chakmas du Tripura, qui avaient refusé de rentrer dans leur pays en janvier 1988, a assombri les relations.

De son côté, l'Inde s'est inquiétée de l'inflexion islamiste de son voisin.

En mai 1988, l'accord sur le partage des eaux du Gange, déjà expiré, n'a pu être reconduit.

Par la suite, en octobre 1988, le président Ershad a motivé l'intérêt de la France pour un projet d'aménagement de ces eaux qui associerait plusieurs nations.

Avec le Népal, un blocage des négociations, menées en septembre 1988 et en mars 1989, pour le renouvellement des traités de transport et de commerce de 1949, a paralysé le transit des marchandises à l'intérieur du pays et vers le monde extérieur.

Quant au Bhoutan, il a conclu, en 1988, un accord avec la Chine. Cependant, les relations avec le Pakistan ont été les plus épineuses jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Benazir Bhutto en décembre 1988.

Outre le problème afghan et le différend concernant le glacier de Siachen, le principal facteur de complication a été l'intensification sporadique des activités terroristes au Pendjab et la naissance d'un nouveau terrorisme au Cachemire.

L'Inde y a en effet plusieurs fois intercepté des agitateurs venant du Pakistan.

Mais le plus grave problème résulte de la méfiance indienne devant la poursuite de l'armement du Pakistan par les États-Unis.

Depuis la visite de Frank Carlucci, secrétaire américain à la Défense, en Inde et au Pakistan (avril 1988) et la session spéciale de l'ONU sur le désarmement (mai).... »

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