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Inde 1992-1993 L'affaire d'Ayodhya et ses suites L'année 1992-1993 a été dominée par l'affaire d'Ayodhya. Cette ville d'Uttar Pradesh est...

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« Inde 1992-1993 L'affaire d'Ayodhya et ses suites L'année 1992-1993 a été dominée par l'affaire d'Ayodhya.

Cette ville d'Uttar Pradesh est considérée par la plupart des hindous comme la capitale légendaire du dieu-roi Ram.

Or, au XVIe siècle, des envahisseurs musulmans y auraient construit une mosquée (la Babri Masjid) à la place du temple surmontant son lieu de naissance présumé, la Ramjanmabhoomi. A partir de 1984, les mouvements nationalistes hindous revendiquent la (re)construction d'un temple sur ce site.

Cette agitation a été à l'origine, en grande partie, de l'essor électoral du Bharatiya Janata Party (BJP - Parti du peuple indien) qui a pu ainsi former un gouvernement dans quatre États fédérés de l'Inde du Nord: le Rajasthan, l'Himachal Pradesh, le Madhya Pradesh et l'Uttar Pradesh. En juillet 1992, l'autorisation a été donnée à l'association religieuse Vishva Hindu Parishad (VHP - Assemblée hindoue universelle) de commencer la construction d'un temple dont le "saint des saints" se serait élevé à l'emplacement même du dôme central de la mosquée où, en 1949, les idoles de Ram et de sa parèdre, Sita, avaient été installées.

Le Premier ministre, Panelaparthy Venkata Narasimha Rao, était alors intervenu pour obtenir un délai de trois mois, destiné à trouver un compromis entre les organisations nationalistes hindoues et musulmanes.

Ces négociations n'ayant pas abouti, la VHP a annoncé à l'automne 1992 qu'elle entamerait la construction du temple le 6 décembre suivant.

Le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS - Association des volontaires nationaux), au centre de la nébuleuse des mouvements nationalistes hindous, et le BJP - soucieux de se voir reconnaître le statut de parti de gouvernement - ont obtenu que cette date ne soit marquée que par une cérémonie symbolique.

Les organisateurs ont toutefois semblé avoir été débordés par les quelque 200 000 militants que l'événement avait attirés à Ayodhya, et plus précisément par un groupe dont on pense qu'il avait été formé par la VHP pour démolir la mosquée mais qui a probablement agi sans ordre du sommet; le 6 décembre, l'édifice a été détruit après qu'on en a eu sorti les idoles, qui ont ensuite intégré un petit temple construit en hâte. La menace nationaliste hindoue Cet événement a été à l'origine d'une vague d'émeutes, entre hindous et musulmans, qui a fait environ 1 200 morts.

Le pouvoir central a réagi en arrêtant certains leaders nationalistes hindous, en décrétant la dissolution du RSS et de la VHP et, surtout, en destituant les quatre gouvernements du BJP en instaurant la President's Rule, en vertu de laquelle, lorsque les affaires publiques ne peuvent être administrées, au sein d'un État fédéré, conformément à la Constitution, c'est l'autorité centrale qui prend le pouvoir.

Sa détermination en cela s'est cependant émoussée dès lors que la répression s'est révélée impopulaire dans une bonne partie de l'opinion hindoue de l'Inde du Nord: les chefs de file arrêtés ont alors été relâchés et un culte a été autorisé dans le temple bâti en hâte à la place de la mosquée, ce qui a probablement rendu caduque la promesse de Narasimha Rao, formulée dès le 7 décembre 1992, de reconstruire ce monument. Le désir de vengeance de la minorité musulmane a certainement constitué un facteur important dans la série des attentats qui ont fait 250 morts à Bombay, en mars 1993.

Dans cette ville, les émeutes consécutives à la démolition de la mosquée s'étaient poursuivies, de façon sporadique, jusqu'en janvier, faisant plusieurs centaines de morts, en majorité des musulmans.

Il semble qu'une famille de cette communauté, les Memon, ait commandité des membres de la mafia locale pour accomplir ces actes de terrorisme en forme de représailles.

La maîtrise technologique dont ils témoignèrent suggère cependant des appuis extérieurs.

New Delhi a mis en cause Dawood Ibrahim, un homme d'affaires engagé dans différents trafics - d'origine indienne mais installé à Dubaï et les services secrets pakistanais. L'offensive nationaliste hindoue a montré les limites de la reprise en main et de la rénovation du Congrès (I) - I pour Indira - entamée en 1992 avec l'organisation, pour la première fois depuis 1972, d'élections à l'intérieur du parti par Narasimha Rao.

Celui-ci y a parfois été accusé de pusillanimité ou d'incohérence dans sa lutte contre les nationalistes hindous; cette critique, non dépourvue de fondement, émanait surtout des factions conduites par Arjun Singh et Sharad Pawar, soucieux de servir leurs ambitions.

Le Premier ministre a réagi par un remaniement ministériel un peu symbolique, un durcissement de la répression envers les nationalistes hindous lors d'une manifestation du BJP pour la légalisation du RSS et de la VHP, le 25 février 1993 à New Delhi, la nomination de S.

Pawar à la tête du gouvernement du Maharashtra l'éloignant ainsi de New Delhi sous prétexte de lui faire rétablir l'ordre à Bombay après les événements de l'hiver, et surtout par une reprise en main du Congrès (I) à l'occasion de la réunion du Comité national du Congrès (l'instance suprême du parti) en mars 1993.

Si Narasimha Rao a continué de paraître solidement installé au pouvoir, on pouvait estimer que l'épreuve de force avec les nationalistes hindous ne faisait que commencer. Cachemire et Pendjab: évolutions en sens inverse? La situation au Cachemire est demeurée assimilable à un état de guerre larvé. Les séparatistes ont continué de terroriser les populations civiles - et d'abord la communauté hindoue dont il ne reste plus que 3 000 représentants dans la vallée de Srinagar, contre 125 000 quelques années plus tôt, la plupart ayant gagné des camps de réfugiés à Jammu ou plus au sud encore.

Les forces armées, après le lancement en octobre 1992 de l'opération Tiger, ne sont pas parvenues à contrôler la situation et ont été accusées, non sans raison, par les organisations humanitaires de s'adonner à des exactions sur les populations civiles et à torturer, voire à exécuter, des séparatistes présumés lors des gardes à vue (le nombre des victimes civiles s'élevait, en 1993, à 3 438, selon les sources officielles).

En mars 1993, le "Centre" a nommé un nouveau gouverneur et annoncé des mesures économiques en faveur de l'État pour inciter les séparatistes à renouer un dialogue politique.

Ceux-ci menaçaient cependant d'être d'autant moins réceptifs à ces appels que New Delhi s'appuyait pour cette initiative, sur Farooq Abdullah, l'ancien chef du gouvernement, célèbre dans l'État pour ses pratiques corrompues.

En outre, si le JKLF (Front de libération du Jammu et Cachemire) pouvait se montrer intéressé par de nouvelles négociations, le Hizbul Mujahedin, devenu sans doute aussi fort que le précédent, s'est montré plus déterminé encore dans son séparatisme.

En mai 1993, deux nouvelles divisions ont été acheminées au Cachemire, portant à 300 le nombre des compagnies paramilitaires sur place. Au Pendjab, l'année 1992-1993 aura marqué un tournant dans la voie de la pacification et de la restauration du processus démocratique après plus de dix années de trouble.

Le chef du gouvernement congressiste de l'État, Beant Singh, a acculé, de concert avec le directeur général de la police Kanwar Pal Singh Gill, de nombreux terroristes à la reddition en décapitant leurs divers réseaux. L'atmosphère dans laquelle se sont déroulées les élections locales des panchayats (conseils de villages) dans la région, en janvier 1993, a témoigné d'un.... »

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