Inde 1994-1995 Le Congrès-I en perte de puissance L'année 1994-1995 a été marquée sur la scène intérieure par une fragilisation...
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Inde 1994-1995
Le Congrès-I en perte de puissance
L'année 1994-1995 a été marquée sur la scène intérieure par une fragilisation
des assises du parti du Congrès-I, revenu au pouvoir depuis juin 1991.
Celle-ci
s'est traduite par une débâcle électorale sans précédent aux élections
régionales de novembre-décembre 1994 et de février-mars 1995, mais surtout par
la fin du consensus autour de la personne du Premier ministre, Narasimha Rao,
surveillé par les barons du parti depuis quatre ans.
Le point culminant des dissensions au sommet fut sans doute atteint avec
l'expulsion d'Arjun Singh, ministre des Ressources humaines et du Développement,
du Congrès-I, le 24 janvier 1995.
Ce dernier avait présenté sa démission au
gouvernement, le 24 décembre 1994, et décidé de faire cavalier seul dans la
campagne électorale.
Une autre démission significative a eu lieu, cette fois à la direction du parti:
celle de Narain Dutt Tiwari, président du Congrès-I en Uttar Pradesh, pour
n'avoir pas obtenu gain de cause dans sa demande de retrait du soutien du
Congrès-I à la coalition SP-BSP (Samajwadi Party-Bahujan Samaj Party;
castéistes) au pouvoir en Uttar Pradesh.
Montée des partis régionaux
La première vague d'élections régionales en novembre-décembre 1994 à quatre
assemblées régionales, dont celles de deux importants États d'Inde méridionale,
le Karnataka et l'Andhra Pradesh, a traduit de profonds changements.
Dans ce qui
fut deux de ses bastions, le Congrès-I a perdu sa base électorale traditionnelle
formée par les intouchables, les aborigènes et les musulmans.
Les résultats
électoraux ont reflété la montée en puissance de partis régionaux et
l'orientation populiste que semblait prendre le système politique indien.
La
victoire du Telugu Desam Party de Nandamuri Taraka Rama Rao, en Andhra Pradesh,
en était un exemple parfait.
Le second test électoral, en février-mars 1995, dans les États du Gujarat, du
Maharashtra, de l'Orissa, du Bihar, et de l'Arunachal Pradesh, a confirmé ces
analyses.
L'ampleur de la victoire des nationalistes hindous dans l'Inde de
l'Ouest a cependant surpris plus d'un observateur.
Au Gujarat, où le Congrès-I
était au pouvoir depuis 1989, le centre de gravité politique s'est déplacé vers
la droite nationaliste hindoue, représentée par le BJP (Bharatiya Janata Party).
A l'instar de ce qui s'est passé dans les États du Sud, la perte des voix des
intouchables, des musulmans et des tribaux pouvait expliquer un tel résultat.
Dans l'État du Maharashtra, on a assisté à un repli identitaire avec la victoire
de la coalition nationaliste BJP-Shiv Sena qui a fortement inquiété les partis
de gauche et le Congrès-I.
Dès mars 1995, le leader du Shivsena, Bal Thackeray,
prenait la communauté musulmane de Bombay comme bouc émissaire, et relançait le
slogan "Le Maharashtra aux Maharashtriens".
La scène politique indienne n'a jamais présenté un tableau plus éclaté.
Le
Congrès-I, seul parti apte à mener un mandat à terme, s'est trouvé fragilisé
dans ses positions.
La scission du parti du Congrès-I, le 19 mai 1995, à
l'initiative de la faction dirigée par Narain Dutt Tiwari et Arjun Singh n'a
surpris personne.
C'est sur la question des minorités - en particulier des
musulmans -, et des dalits (intouchables "opprimés") que s'est articulé le
programme des "dissidents" du Congrès-I.
Paradoxalement, le seul élément qui
pouvait paraître stable était l'État très agité du Bihar où le leader du Janata
Dal, Lalu Prasad Yadav, grâce à une écrasante victoire en avril 1995, a conservé
son poste de chef du gouvernement.
L'État du Bihar n'a cessé d'être, depuis le
début des années quatre-vingt-dix, le terrain de mouvements sociaux violents,
dotés d'une représentation politique depuis l'arrivée au pouvoir, en 1991, d'un
yadav (membre d'une basse caste).
Ce scénario électoral semblait pouvoir
préfigurer les élections générales fixées à la mi-1996, l'ère des gouvernements
de coalition paraissant proche.
Enlisement des conflits internes
Dans les États de la périphérie, la situation n'a pas connu d'évolution
radicale.
Au Pendjab, après des années de lutte du mouvement séparatiste, la
stabilité politique a semblé acquise, en dépit de l'absence de légitimité du
gouvernement congressiste.
Le prix à payer pour la paix retrouvée, arrestations
sous la loi antiterroriste TADA (Terrorist and disruptive activities act), a
donné lieu à de nombreux abus dénoncés en mars 1995 par le président de la
Punjab Human Rights Organisation, Harcharan Singh Bains installé à Toronto.
Les
efforts d'unité du parti régional Akali ébauchés par la déclaration d'Amritsar
de mai 1994 ne se sont pas traduits par l'adoption d'une politique commune.
Au Cachemire, où la guerre civile perdure depuis 1990 - opposant le JKLF (Front
de libération du Jammu et Cachemire, laïque), partisan d'un "Azad Kashmir"
(Cachemire libre); le Hezb-ul Mujahidin, pour le rattachement au Pakistan; et la
National Conference, pour le maintien de l'intégration nationale -, la situation
s'est enlisée.
Aucune décision n'a été prise quant à la tenue d'élections dans
cet État qui devait sortir du régime d'administration directe (President's
Rule), le 18 juillet 1995.
Le 26 janvier 1995, jour anniversaire de la naissance
de la République indienne, le gouverneur général du Cachemire, K.V.
Krishna Rao,
a miraculeusement échappé à un attentat au Jammu, dans lequel huit personnes ont
péri et 54 autres ont été blessées.
Le 18 février 1995, des militants du mouvement Hezb-ul Mujahidin ont péri lors
d'une fusillade avec les forces de sécurité autour du lieu de culte de
Charar-e-Sharief (district central du Cachemire).
Cet événement a eu lieu une
semaine après que l'armée indienne eut coordonné et opéré des perquisitions
systématiques.
La destruction de ce lieu de culte, le 11 mai 1995, dont ont été accusés
l'armée, le gouvernement ou diverses formations activistes - dans les
différentes versions de l'événement - a sonné le glas d'une normalisation
anticipée.
Les élections prévues pour après le 18 juillet ont été reportées sine
die.
Le mouvement insurrectionnel du Nord-Est s'est, quant à lui, étendu à l'État du
Meghalaya.
En Assam, la situation a dégénéré et les attentats se sont
multipliés, avec notamment celui du 25 février 1995 dans un train, qui a fait
plus de 40 morts.
Le Manipur a porté au pouvoir un gouvernement congressiste.
Le
"Centre" pourrait y trouver un point d'appui pour contrôler les réseaux
terroristes de la région.
Sur le plan de sa politique extérieure, l'Inde a vu ses relations avec ses
voisins transformées par les changements de direction au Népal et à Sri Lanka.
Dans ce dernier pays, l'arrivée au pouvoir de Chandrika Kumaratunga, en août
1994, a semblé ouvrir une ère de collaboration entre les deux États.
Lors de sa
visite en Inde, du 24 au 28 mars 1995, le Premier ministre sri-lankais a proposé
un accord de libre-échange entre les deux pays.
La question chère à l'Inde de
l'arrestation et de l'extradition du chef des LTTE (Tigres de libération de
l'Eelam tamoul), Velupillai Prabhakaran, impliqué dans l'assassinat du Premier
ministre Rajiv Gandhi, en mai 1991, est demeurée en suspens.
Après la formation à Katmandou d'un gouvernement communiste par l'UML (Parti
marxiste-léniniste unifié) en novembre 1994, les relations avec le Népal ont été
relancées.
Le vice-premier ministre népalais, Madhav Kumar Nepal, s'est ainsi
rendu à New Delhi, le 6 février 1995.
La question d'un partage plus favorable
pour le Népal de l'électricité produite par la centrale de Tarakpur, et la
révision "[selon] les besoins et réalités d'aujourd'hui" du traité de....
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