Inde 1996-1997 Cinquante ans après l'indépendance Depuis que le système politique indien est entré dans l'ère des coalitions, au terme...
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Inde 1996-1997
Cinquante ans après l'indépendance
Depuis que le système politique indien est entré dans l'ère des coalitions, au
terme des élections générales d'avril-mai 1996 marquées par le déclin du parti
du Congrès-I ("I" pour Indira), qui était au pouvoir depuis 1991, la vie
politique du pays s'est caractérisée par son extrême volatilité.
Le gouvernement
de coalition de Deve Gowda, alliance de treize partis, est parvenu à surmonter
dix mois de tensions internes, mais s'est effondré le 11 avril 1997 peu après
que Sitaram Kesri a annoncé le retrait du soutien du parti du Congrès, 30 mars
1997.
Ce coup de théâtre n'a pas remis en cause l'avenir de la coalition, le
Front uni.
Le pays a évité in extremis l'organisation d'élections générales
anticipées, dont le coût était estimé à quelque six milliards de roupies (158
millions de dollars) par la Commission électorale.
L'homme du consensus, choisi
pour succéder à D.
Gowda, a été un vétéran du monde politique, Inder Kumar
Gujral, du Janata Dal (promotion des basses castes), ministre des Affaires
étrangères du gouvernement sortant.
Il a conservé ce portefeuille au sein de la
nouvelle équipe dirigeante, dont il a officiellement pris les rênes le 21 avril
1997.
A cette occasion sont apparues certaines tensions au sein du Front uni.
Le
dirigeant du Tamil Manila Congress (formation née, en mars 1996, d'une scission
du Congrès), Govindaswamy Karuppaiah Moopanar, qui avait été pressenti au poste
de Premier ministre, a menacé (sans suites) de quitter la coalition.
Du côté du parti du Congrès, les rivalités internes se sont durcies, notamment
entre Sitaram Kesri et Sharad Pawar.
L'adhésion de Sonia Gandhi, la veuve de
Rajiv Gandhi, au parti en mai 1997 a consolidé le camp Kesri (courant
majoritaire).
Le Bharatiya Janata Party (BJP, parti de la droite nationaliste
hindoue) a connu un nouveau souffle après le verdict du juge Mohammad Shamim,
acquittant, le 8 avril 1997, Lal Krishna Advani accusé dans le scandale Hawala
(lié à des opérations frauduleuses de change impliquant une partie de la classe
politique).
En revanche, Laloo Prasad Yadav, président du Janata Dal depuis
janvier 1996 et chef de gouvernement de L'État du Bihar depuis 1990, a été
désigné, le 27 avril, par le Bureau central d'investigation comme le principal
accusé dans le scandale du fourrage.
Cette affaire de détournements de fonds du
département de l'élevage destinés à l'achat de fourrage a terni l'image du
Janata Dal, pilier de la coalition au pouvoir avec 45 élus à la Lok Sabha
(parlement "arc-en-ciel").
Changements politiques au nord
Le paysage politique s'est transformé dans les États du nord de l'Inde.
En Uttar
Pradesh, au coeur de l'hindi belt (qui, avec 140 millions d'habitants, constitue
un enjeu particulièrement important), la lutte triangulaire que se livrent
depuis juin 1996 le Samajwadi Party (SP, progressiste), le BJP et le Bahujan
Samaj Party (BSP, également progressiste) s'est poursuivie.
Une alliance conclue
entre le BSP et le BJP a permis de mettre un terme au régime du gouverneur
Romesh Bhandari (qui avait placé l'État sous la tutelle du gouvernement central,
le 17 octobre 1996), le 26 mars 1997.
Selon un arrangement sans précédent, la
secrétaire générale du BSP, Mayavati, a pris la tête du gouvernement de
coalition pour six mois, le dirigeant du BJP Kalyan Singh devant lui succéder
selon un système de rotation pour la même durée.
L'organisation d'élections en mai 1996 dans l'État du Cachemire, après huit ans
d'insurrection séparatiste (avec une branche indépendantiste et l'autre
pro-pakistanaise), était à mettre au crédit de D.
Gowda.
Farooq Abdullah,
dirigeant de la Conférence nationale (partisane du maintien de l'intégration
nationale), en est sorti vainqueur, son parti remportant (entre le Nord sous
contrôle pakistanais, et l'État indien du Jammu et Cachemire, au sud) 59 et 87
sièges.
Sa proposition de transformer la "ligne de contrôle" en frontière
internationale a été rejetée par les officiels des deux pays.
En dépit du
rétablissement des institutions, la violence a perduré, comme l'a attesté le
massacre de sept pandits cachemiris le 22 avril 1997.
Au Pendjab, l'alliance de l'Akali Dal (représentant les intérêts des sikhs) et
du BJP a remporté une victoire écrasante (93 sièges sur 117) à l'issue des
élections du 7 février 1997.
Il s'agissait du premier scrutin concurrentiel
depuis 1987 dans cet État en phase de normalisation après des années de lutte
séparatiste, le précédent en 1992 ayant été boycotté par l'Akali Dal.
L'agitation a perduré dans les États du Nord-Est.
Au Mizoram, un nouveau parti,
le Mizo National Front (nationaliste), s'est créé pour lutter contre la
corruption et rassembler les Mizos (tibéto-birmans) au sein d'une même entité.
L'État du Tripura a été le théâtre d'émeutes intercommunautaires le 17 février
1997.
Deux jours plus tard, le gouvernement de cet État demandait au Centre
d'interdire plusieurs organisations extrémistes (l'All Tripura Tiger Force, le
National Liberation Front of Tripura, la Tripura Resurrection Army).
Des réformes économiques freinées
Les réformes économiques lancées par le parti du Congrès en juin 1991 se sont
poursuivies malgré une actualité politique à rebondissements.
Sur le moyen
terme, la politique de libéralisation a semblé avoir relancé l'économie
stagnante du début des années quatre-vingt-dix, mais les résultats de l'année
1996-1997 ont montré un certain essoufflement.
Certes, les signes de vitalité des réformes ont été nombreux.
La croissance
économique a reposé sur le secteur de l'agriculture en 1994-1995, sur
l'industrie en 1995-1996, et sur les services en 1996-1997, mais certaines
évolutions ont suscité l'inquiétude.
D'un pic de 12,1 % atteint pendant l'année
fiscale 1995-1996 (allant d'avril à mars), la croissance industrielle a ainsi
chuté de façon radicale en 1996-1997 (3,6 % pour les quatre premiers mois).
De
manière générale, la croissance économique a été stimulée, entre 1993 et 1996,
par une croissance des exportations, mais celle-ci s'est considérablement
ralentie durant l'année fiscale 1996-1997 (9,9 %).
La faible croissance des
importations (6,4 %) a, elle aussi , reflété un essoufflement de l'économie.
L'inflation a constitué un autre sujet de préoccupation.
Jusqu'en juin 1996, son
taux se situait en dessous de 5 % mais, durant l'été 1996, une hausse de 18 % du
prix des produits pétroliers l'a fait soudain grimper à 6,9 % en novembre 1996.
Elle semblait néanmoins s'être stabilisée à 6,6 %, à la mi-1997.
L'élan des réformes semble avoir été freiné par la nécessité de trouver un
terrain d'entente entre les treize partis de la coalition.
Les formations de
gauche, le Parti communiste de l'Inde (CPI) et le Parti communiste de l'Inde
marxiste (CPI-M), se sont ainsi opposés au projet de....
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