Inde 2001-2002 Équilibre précaire Sur le plan de la politique intérieure, l'année 2001-2002 a confirmé la situation de «stabilité précaire»...
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Inde 2001-2002
Équilibre précaire
Sur le plan de la politique intérieure, l'année 2001-2002 a confirmé la
situation de «stabilité précaire» de la coalition au pouvoir.
L'alliance formée
par le regroupement hétéroclite de partis rassemblés derrière le Bharatiya
Janata Party (BJP, nationaliste hindou) semblait avoir trouvé son équilibre dans
un fonctionnement a minima.
En effet, depuis son arrivée au pouvoir à l'automne
1999, cette coalition a recherché un modus operandi lui permettant de gérer les
contradictions inhérentes au regroupement de partis ayant des idéologies et des
objectifs politiques très divers.
Elle semble l'avoir finalement trouvé, mais
celui-ci reposait sur l'absence de réformes sur le plan politique et dans le
domaine économique.
Cette inaction a été particulièrement sensible concernant le
dossier du Cachemire.
Le Premier ministre, Atal Bihari Vajpayee, avait obtenu
des forces armées indiennes une interruption des opérations contre les
mouvements insurgés opérant au Jammu et Cachemire à l'occasion du Ramadan, fin
2000.
Cette mesure, initialement valable un mois, a été reconduite jusqu'en mai
2001 mais n'a pas été accompagnée de mesures permettant une avancée politique
entre le gouvernement central et les membres de l'All Parties Hurryiat
Conference (APHC).
K.
C.
Pant, un haut fonctionnaire à la retraite proche du
BJP, a été délégué par le Centre pour entamer un dialogue avec les mouvements
militants mais les conditions de sa mission, notamment la médiatisation de
celle-ci, n'ont conduit à aucun progrès.
Toute avancée au Cachemire semblait dès
lors liée à la tenue des élections régionales, fixées à l'automne 2002.
L'insurrection s'est en effet poursuivie mais la tendance était à une
augmentation des attaques contre la minorité hindoue du Jammu et à une
diminution de celles ayant lieu dans la vallée de Srinagar.
Le gouvernement
indien y a dénoncé une tentative de polarisation des deux communautés
principales de l'État, hindous et musulmans, à l'initiative des groupes insurgés
liés aux services secrets pakistanais.
Les contradictions internes à l'APHC se
sont manifestées sur la question des élections à l'assemblée régionale, faisant
apparaître chez certaines de ses composantes la possibilité d'un revirement vers
les autorités indiennes sous la forme d'une participation au scrutin.
L'APHC a
finalement pris la décision de former sa propre commission électorale et
d'organiser des élections parallèles, mais les tensions se sont poursuivies et
l'un des leaders modérés de l'APHC, Abdul Ghani Lone, a été assassiné en mai
2002.
Pour le BJP comme pour les acteurs régionaux, la tenue de ces élections
représentait une possibilité de relance du dialogue politique, hors relations
avec le Pakistan.
Défaites électorales répétées pour le BJP
D'autres élections régionales ont eu lieu en février 2002, dans les États du
Pendjab, de l'Uttar Pradesh, du Manipur et de l'Uttarkhand.
Tandis que, dans les
trois premiers États, il s'agissait d'élire une assemblée régionale pour
succéder à celle sortante, l'Uttarkhand élisait, lui, sa première assemblée
depuis sa création en novembre 2000.
L'État avait, depuis lors, été gouverné par
le BJP, qui détenait une majorité de sièges dans les circonscriptions issues de
l'Uttar Pradesh ayant servi à former le nouvel État.
Les électeurs, qui
dénonçaient l'inaction des deux gouvernements BJP s'y étant succédé depuis
novembre 2000 et des phénomènes de corruption rampante, ont massivement voté en
faveur de son opposant, le parti du Congrès-I.
Ce désaveu du BJP et de ses
alliés a aussi marqué les scrutins au Pendjab et en Uttar Pradesh.
Dans le premier État, l'alliance du BJP et de l'Akali Dal (B), parti membre de
la coalition gouvernementale nationale et représentant traditionnel de la
communauté sikh, a été éconduite au profit du parti du Congrès.
Des deux
partenaires, le BJP est celui qui a enregistré la plus grande perte de sièges
par rapport aux précédentes élections.
En Uttar Pradesh également, le parti
nationaliste hindou a été désavoué sans ambiguïté par les électeurs.
Alors qu'il
dirigeait la coalition gouvernementale sortante, il a ainsi été relégué, dans
cet État, au rang de troisième parti avec 88 sièges, derrière le Samajwadi Party
(SP, 143 sièges) et le Bahujan Samaj Party (BSP, 98 sièges).
Le BJP a tout de
même réussi à se maintenir au pouvoir en se rapprochant du BSP, avec lequel il
avait déjà gouverné cet État de manière chaotique en 1997.
Ce résultat, qui constitue un signe important de la perte de crédibilité du BJP
dans le plus gros État de l'Union, confirme aussi la difficulté à gouverner un
État polarisé à la fois sur des fractures religieuses et de castes.
Les
relations communautaires y demeurent effectivement sensibles, notamment du fait
d'acteurs comme la Vishwa Hindu Parishad, l'une des composantes de la nébuleuse
nationaliste hindoue, qui a tenté de raviver la mobilisation de la communauté
hindoue autour de la question d'Ayodhya.
Ce n'est que par intervention de
dernière minute du Premier ministre et par la médiation de l'une des figures les
plus respectées de l'hindouisme qu'elle a accepté de ne pas entamer, le 15 mars
2002, la construction du temple à Ram sur le site de l'ancienne mosquée de Babur
détruite par des fanatiques hindous le 6 décembre 1992.
Le Premier ministre, dont la stature et l'image de modéré avaient largement
permis la formation de la coalition en activité, a paru affaibli par ces échecs
répétés du BJP et par l'âge.
De plus, le spectre du communalisme a été agité
tout au long de l'année 2001 par son parti, à travers le projet de loi POTO
(Prevention of Terrorism Ordnance), perçu par l'opposition comme un instrument
contre la minorité musulmane.
Graves affrontements communautaires au Gujarat
Les émeutes communautaires qui ont touché le Gujarat fin février 2002 ont, elles
aussi, porté un coup à la coalition gouvernementale et, au-delà, au respect du
sécularisme affiché par le BJP.
Intimement liées à l'agitation à propos
d'Ayodhya, puisque l'incident de départ visait des pèlerins hindous s'y étant
rendus pour célébrer la cérémonie de la «première pierre», ces émeutes ont été
les plus graves depuis celles qui avaient eu lieu dans le même cadre en décembre
1992 et janvier 1993.
Les actes de violence au Gujarat, qui se sont poursuivis
de manière sporadique jusqu'en juin, ont fait plus de 900 morts, essentiellement
musulmans, et ont provoqué l'installation de 100 000 membres de cette même
communauté dans les camps de réfugiés, à la suite de la destruction de leurs
habitations.
Le rôle partisan de la police de l'État et les ordres pour le moins
ambigus du chef du gouvernement (BJP) Narendra Modi ont provoqué une grave crise
intérieure.
Plusieurs membres de la coalition gouvernementale au Centre ont
menacé de la quitter devant le....
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