Inde 2002-2003 Nouvelle donne pour la question cachemirie Les mois de tension entre les communautés hindoue et musulmane au Gujarat,...
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Inde 2002-2003
Nouvelle donne pour la question cachemirie
Les mois de tension entre les communautés hindoue et musulmane au Gujarat, après
les violences qui avaient ensanglanté cet État durant le printemps et, plus
sporadiquement, durant l'été 2002, se sont traduits sur le plan politique par
une victoire massive du BJP (Bharatiya Janata Party, nationaliste hindou), lors
des élections régionales de décembre 2002.
Le parti nationaliste hindou, dont
les plus hauts échelons de l'exécutif ont été mis en cause par des ONG
(organisations non gouvernementales) dans l'organisation des pogroms
anti-mulsulmans, a exploité avec succès la polarisation religieuse exacerbée au
Gujarat.
Se présentant comme le défenseur de la communauté majoritaire, le BJP
remporta le chiffre record de 126 sièges sur 182, écrasant l'opposition, plus
particulièrement le parti du Congrès-I qui n'a pas su faire campagne sur le
thème du sécularisme.
La marge importante de vote qu'il obtint dans les zones
les plus touchées par les violences a révélé l'efficacité de la méthode choisie.
Deux autres élections régionales étaient prévues à l'automne 2003, au Rajasthan
et au Madhya Pradesh.
Forts de leur victoire tactique au Gujurat, les mouvements
nationalistes hindous ont également cherché à y relancer la mobilisation
religieuse.
Ces deux États, gouvernés, respectivement depuis 1998 et 1994, par
la nouvelle garde du parti du Congrès-I, sont cruciaux pour le BJP qui, depuis
le milieu des années 1990, n'avait subi que des revers électoraux dans les
États.
Après avoir réussi à se maintenir au pouvoir en Uttar Pradesh au
printemps 2002 grâce à une coalition très controversée avec le parti Dalit, le
Bahujan Samaj Party (BSP), le BJP cherchait désormais à regagner la primauté sur
le nord de l'Inde, son bastion traditionnel.
Pressions religieuses et durcissement du BJP
Le recours à la mobilisation religieuse a aussi été visible dans l'affaire
d'Ayodhya.
La montée des pressions exercées par les milieux religieux hindous
pour la construction du temple de Ram sur le site de l'ancienne mosquée de
Babur, détruite le 6 décembre 1992 par les fondamentalistes, a poussé la Cour
suprême à rappeler que le terrain litigieux acquis par le gouvernement central
ne pouvait être cédé.
Les mouvements nationalistes hindous dans la mouvance du
BJP continuaient néanmoins d'envisager d'y construire un temple au dieu Ram, au
plus tard le 6 décembre 2004, éventuellement en usant de la force.
Le
gouvernement d'Atal Bihari Vajpayee, qui subissait, lui aussi, la pression de
ses alliés plus radicaux, a décidé de leur apporter un soutien tacite en
demandant à la Cour la levée de l'interdiction des activités religieuses sur une
partie de la zone.
Le durcissement du discours des dirigeants du BJP sur cette
question, y compris des «modérés» comme A.
B.
Vajpayee lui-même, a laissé à
penser que le parti avait négocié un tournant majeur durant l'année 2002, au
risque de raviver les haines communautaires.
Un attentat dans le temple
d'Akshardham à Gandhinagar, la capitale du Gujarat, perpétré le 24 septembre
2002 par un groupe terroriste musulman jusque-là inconnu, a d'ailleurs fait 29
victimes.
Il peut être considéré comme une réponse indirecte aux violences de
l'année 2002 dans ce même État.
Soucieux, peut-être, de nuancer cette image prohindoue, le BJP a favorisé
l'élection d'Abdul Kalam à la présidence de la République, à laquelle il a
accédé le 25 juillet 2002.
Ce scientifique musulman, longtemps à la tête du
programme nucléaire du pays, est considéré comme le père de la bombe atomique
indienne.
Son image est associée à l'affirmation de l'Inde sur la scène
internationale.
A.
Kalam n'est pas le premier président indien musulman mais son
élection sous un gouvernement dirigé par le BJP a aussi été un message aux
détracteurs du parti nationaliste hindou.
Sur le plan des tensions internes, le Nord-Est indien a, à nouveau, été la proie
de violences entre les forces armées indiennes et les forces séparatistes,
notamment le Front uni de libération de l'Assam (ULFA) qui a repris sa campagne
terroriste en mars 2003.
De plus en plus isolé de la population locale, l'ULFA
s'appuie sur ses bases arrière au Bhoutan et au Bangladesh pour mener ses
opérations.
Un gouvernement plus ouvert au Cachemire
Mais le gros dossier en 2002-2003 a été, sans nul doute, celui du Cachemire.
Les
élections qui s'y sont déroulées en octobre 2002 ont chassé du pouvoir la
Conférence nationale du Cachemire de Farooq Abdullah (intégrationniste alliée au
BJP).
La défaite a été cuisante pour la Conférence nationale qui régnait sans
partage sur l'État depuis 1996, puisqu'elle n'a remporté que 28 sièges sur 87.
Le propre fils de F.
Abdullah, Omar, ministre d'État aux Affaires étrangères
dans le gouvernement central et nouveau «patron» du parti cachemiri, n'a pas été
élu.
Une nouvelle force politique est apparue à cette occasion : le Parti
démocratique du peuple (PDP), jeune formation fondée en 1999 par un ancien
membre du parti du Congrès-I, Mufti Mohammed Sayeed, dont l'intégrité et la
volonté de faire progresser la question cachemirie semblent trancher avec la
famille Abdullah.
Fort des 15 sièges remportés, le PDP a formé une alliance
postélectorale avec le parti du Congrès-I (21 sièges), aux termes de laquelle M.
M.
Sayeed a été nommé chef du gouvernement de l'État pour une durée de trois
ans.
Viendrait ensuite le tour du dirigeant du Congrès-I dans la région.
Parmi les premières mesures du gouvernement Sayeed, la plus symbolique aura été
la libération des prisonniers politiques.
Conformément à sa promesse électorale,
M.
M.
Sayeed a fait libérer une douzaine de «militants armés» et de prisonniers
politiques, dans les quinze jours qui suivirent son investiture.
Le
gouvernement, qui dit vouloir œuvrer pour la réconciliation des communautés
religieuses qui composent le Jammu et Cachemire, s'est aussi engagé dans un
programme de rééquilibrage des relations et des pouvoirs entre la vallée de
Srinagar, le Jammu et le Ladakh.
La politique d'ouverture du gouvernement Sayeed
envers les militants armés vise à les inciter à abandonner la lutte et à isoler
ainsi les combattants étrangers.
L'évolution de certains groupes permet à cet
égard de nourrir quelques espoirs.
Des lignes de fracture sont apparues au sein
de certains mouvements,....
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