Inde 2005-2006 De la difficulté de gouverner en coalition La scène politique intérieure indienne a été marquée, tout au long...
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Inde 2005-2006
De la difficulté de gouverner en coalition
La scène politique intérieure indienne a été marquée, tout au long de l'année
2005, par l'intensification des tensions touchant les deux principaux partis, le
parti du Congrès-I (à la tête de la coalition gouvernant au Centre) et le
Bharatiya Janata Party (BJP, « Parti du peuple indien », d'idéologie
nationaliste hindoue).
Le Congrès, un an après sa victoire aux élections
anticipées de mai 2004, à la tête de la United Progressive Alliance (UPA, «
Alliance progressive unie », composée de 17 partis), a été exposé à de
nombreuses turbulences, marquant une crise de crédibilité.
Arrivé au pouvoir
pour partie en réaction au programme libéral du BJP et des partis qui formaient
la coalition que ce dernier dirigeait, la National Democratic Alliance (NDA, «
Alliance démocratique nationale »), le Congrès a paru avoir déçu cette partie de
son électorat en ne s'engageant pas rapidement sur la voie de réformes de
gauche.
Par ailleurs, des tensions se sont manifestées avec certains de ses
partenaires de pouvoir dans certains États.
Ainsi en est-il allé en Uttar
Pradesh avec le Samajwadi Party (SP, « Parti socialiste », reposant sur une
entente entre les basses castes et des musulmans), sur fond de détérioration de
la sécurité.
En Andhra Pradesh, l'un des partis régionaux, représentés au Centre
par le ministre du Travail, a menacé, début 2006, de quitter la coalition si le
Congrès ne tenait pas la promesse faite, lors de la campagne électorale de 2004,
de créer un nouvel État, le Telengana, par une division de l'Andhra Pradesh.
Au
Bihar, le Rashtriya Janata Dal (RJD, « Parti national du peuple »), allié du
Congrès au Centre et, depuis quinze ans, à la tête de cet État (dirigé par Laloo
Prasad Yadav), a perdu les élections organisées en novembre 2005, au profit de
la NDA, menée par le parti régional Janata Party-United (JD-U, « Parti du
peuple-uni »).
Fortes turbulences au sein des partis
Outre ces difficultés, liées à la première expérience de pouvoir en coalition
pour un parti jusque-là habitué à gouverner seul, le Congrès a dû faire face à
la démission de deux de ses ministres au Centre, le ministre des Indiens non
résidents Jagdish Tyler, en août 2005, et le ministre des Affaires étrangères K.
Natwar Singh, en décembre 2005.
Représentants de l'ancienne classe politique
congressiste (nés avant l'indépendance et anciens ministres d'Indira Gandhi),
les deux hommes ont fait l'objet d'accusations ciblées, le premier de la part de
la commission Volcker des Nations unies, enquêtant sur l'affaire « pétrole
contre nourriture » en Irak, le second pour son implication supposée dans les
émeutes qui avaient frappé la communauté sikhe en 1984 à New Delhi, après
l'assassinat d'Indira Gandhi par son garde du corps (sikh).
Dans l'opposition depuis 2004, le BJP n'a pas été épargné par les troubles
internes, opposant partisans de la ligne nationaliste hindoue dure, l'Hindutva,
qui l'avait mené au pouvoir sur fond d'émeutes antimusulmanes en 2001, et
défenseurs d'un assouplissement de cette position.
Lors d'une visite au
Pakistan, en juin 2005, le président du BJP, ancien ministre de l'Intérieur de
la NDA au profil de « faucon », Lal Kishenchand Advani, a ainsi cherché à se
distancier du passé.
Il s'est recueilli sur la tombe de Mohammed Ali Jinnah, le
fondateur du Pakistan, et a déploré la destruction de la mosquée Babri à Ayodhya
en décembre 1992 – crise dans laquelle son rôle est pourtant connu – et est allé
jusqu'à reconnaître la création du Pakistan.
Ces propos ont provoqué une fronde
interne de plusieurs mois et, finalement, abouti au désaveu de L.
K.
Advani,
contraint à démissionner en décembre 2006, au profit d'un dirigeant plus jeune,
Rajnath Singh.
Durant cette même période, un scandale de corruption a touché six
parlementaires du BJP, « achetés » pour soulever certaines questions au
Parlement.
L'expulsion de l'ancien chef du gouvernement de l'État de Madhya
Pradesh, Uma Bharti, l'un des tenants de l'Hindutva, qui s'était opposé à la
nomination de son successeur, a également provoqué une grave crise interne, U.
Bharti recevant le soutien des piliers idéologiques du BJP, la Rashtriya
Swaymsevak Sangh et la Vishwa Hindu Parishad.
Ces tensions internes au BJP comme au Congrès dénotaient une usure du pouvoir,
mais aussi une crise de générations.
S'opposent ainsi les élites montantes ayant
fait leurs preuves au niveau des États, et l'ancienne élite, arrivée au pouvoir
des années 1970 à 1990 et, dans le cas du Congrès, fréquemment par proximité
avec la famille Gandhi.
La montée, au sein de ce parti, du fils de Rajiv et
Sonia Gandhi, Rahul, élu au Parlement en 2004, illustrait le contrôle que
continuait d'exercer la dynastie fondatrice.
Consolidation de l'économie
Pour l'année fiscale 2005-2006, le taux de croissance de l'économie indienne a
été évalué à 7,8 %, s'appuyant sur la croissance des services et du commerce et
bénéficiant d'une bonne mousson.
La consommation des ménages (autour de 8 % en
2005-2006) continuait de stimuler cette tendance.
Les dépenses de l'État central
demeuraient une source d'inquiétude sur le moyen terme, en particulier face à
l'étroitesse de l'assiette fiscale – seuls deux millions d'Indiens paient des
impôts sur le revenu.
Le déficit fiscal total (déficit du gouvernement central
plus celui des États) représentait 8,5 % du PIB.
L'introduction d'une taxe sur
la valeur ajoutée (TVA) devait cependant contribuer à une imposition plus large
et permettre de résorber le déficit des finances publiques, situé autour de 4,5
% du PIB.
Si la consolidation de l'économie et le développement du secteur tertiaire ont
élevé le niveau de vie de la classe moyenne, un rapport du Bureau international
du travail (BIT) rappelait, fin 2005, que la vaste majorité des travailleurs
indiens demeurait en situation précaire.
Selon le BIT, les travailleurs du
secteur informel (représentant 45 % du PIB avec une main-d'œuvre estimée à 90 %
du total national) n'ont pas perçu d'amélioration de leurs conditions de travail
et de vie.
Le maintien d'un fossé entre les classes ouvrières, une vaste partie....
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