Indonésie 1980-1981 "L'ordre nouveau" de Suharto Le projet du Japon de faire de l'Indonésie une économie complémentaire de la sienne...
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Indonésie 1980-1981
"L'ordre nouveau" de Suharto
Le projet du Japon de faire de l'Indonésie une économie complémentaire de la
sienne pour les ressources naturelles et les industries exigeant beaucoup de
main-d'oeuvre s'est poursuivi en 1980.
Le capital japonais est majoritaire dans
environ un quart des entreprises à capitaux indonésiens et étrangers.
L'économie
indonésienne est désarticulée: les activités manufacturières - dont la
croissance a été très rapide - sont concentrées à Java et assez éloignées des
sources de matières premières.
Dans les autres îles, il y a surtout des
"enclaves" industrielles employant peu de main-d'oeuvre et contribuant en fait
au maintien de la pauvreté du monde rural.
En 1979, les investissements étrangers atteignaient 8 milliards de dollars dans
le secteur pétrolier et 15,3 milliards de dollars dans les secteurs non
pétroliers (dont 8,1 milliards détenus par la communauté chinoise locale).
Dans
ces conditions, l'extrême misère d'une grande partie de la population est facile
à comprendre: près de 35% des habitants vivent au-dessous du "seuil de
pauvreté", qui équivaut à un revenu familial annuel d'environ 150 dollars.
Environ 600 000 enfants de moins d'un an meurent chaque année ; l'espérance de
vie est en moyenne de l'ordre de 48 ans.
Chaque année, il faut créer deux
millions d'emplois et nourrir près de trois millions de bouches nouvelles ; or,
le gouvernement a négligé l'agriculture, et il faut importer du riz.
Au début de
1980, il y avait 30 millions de chômeurs et l'on enregistrait officiellement, en
décembre, 21 millions d'analphabètes.
Cette situation dramatique est cachée par
deux phénomènes:
- l'excédent de la balance commerciale (dû aux ressources naturelles, notamment
au pétrole).
Membre de l'OPEP, l'Indonésie est le dixième exportateur mondial.
En 1978 et 1979, le pétrole et le gaz naturel ont représenté plus de 50% des
exportations, qui ont plus que triplé entre 1978 (2 milliards de dollars) et
1980 (6,58 milliards).
On enregistre d'autre part une augmentation des réserves
en devises (5,2 milliards de dollars en avril 1980) ;
- le soutien de quatorze pays capitalistes qui, par l'intermédiaire de
l'Inter-Gouvernmental Group on Indonesia, pallient les difficultés d'un pays qui
reste lourdement endetté (en 1980, elles accordaient un prêt de 2,1 milliards de
dollars).
La croissance de l'économie a dépassé 7% en 1980, mais ce chiffre ne peut rendre
compte des immenses inégalités sociales.
Il a même fallu réviser en baisse le
PNB par tête à la suite du recensement de 1980, qui estimait la population à
147,4 millions d'habitants (265 dollars par habitant en 1980 contre 360 en
1978).
De fait, c'est avant tout une petite élite militaire et les investisseurs
étrangers qui tirent profit de la richesse du pays.
En raison de la double
fonction - militaire et sociale - que l'armée s'octroie, les seize commandants
des régions militaires sont à la tête d'activités économiques rentables.
Chaque
arme a aussi ses propres entreprises - situation qui n'est pas sans rappeler
celle des militaires thaïlandais.
Les entreprises à capital mixte - local et étranger - sont nombreuses, notamment
dans le secteur forestier, où l'on assiste à un véritable pillage des ressources
par les militaires.
Inversement, des crédits étrangers sont utilisés pour
développer encore les forces armées.
Pertamina, grande compagnie pétrolière
dirigée par un militaire de haut rang, symbolise cette politique: elle fournit
des fonds extra-budgétaires pour l'armée et contribue à....
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