Indonésie 1984-1985 Effervescences islamiques Des émeutes musulmanes, une série d'attentats et d'incendies, mais une récolte de riz record, tels sont...
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Indonésie 1984-1985
Effervescences islamiques
Des émeutes musulmanes, une série d'attentats et d'incendies, mais une récolte
de riz record, tels sont les traits saillants de l'année 1984 en Indonésie.
L'agitation des milieux musulmans intégristes n'est certes pas nouvelle - elle
s'est développée depuis le début des années soixante-dix en réaction contre le
sécularisme de l'Ordre nouveau imposé par Suharto et le changement
socio-économique rapide -, mais elle a pris en 1984 une forme plus aiguë et plus
violente.
Les efforts du président Suharto et des généraux - de tradition
javanaise plus que musulmane - pour endiguer et contenir le fondamentalisme
islamique, loin d'obtenir les résultats prévus, ont sans doute contribué à
accentuer l'hostilité au régime de la frange la plus radicale de l'Islam
indonésien.
La stratégie poursuivie par les militaires en 1984 visait, comme en 1983, à
atteindre deux objectifs: contrôler plus étroitement le parti musulman officiel,
le Partai Persatuan Pembangunan (PPP), et imposer à l'ensemble des forces
politiques et sociales l'adhésion exclusive aux cinq principes de l'État ou
Pancasila (foi en Dieu, humanisme, unité de l'Indonésie, démocratie fondée sur
le consensus et justice sociale).
Présentés par Suharto comme les garants
idéologiques de la laïcité de l'État, ces cinq principes n'accordent aucune
place particulière à l'Islam, au grand dam des fondamentalistes, et de ce fait
sont soutenus par le Golkar, parti gouvernemental, et par le Parti démocratique
indonésien (PDI).
En revanche, depuis 1983, le PPP en tant que parti islamique, et surtout sa
composante traditionnelle, le Nahdlatul Ulama, étaient hostiles à l'adhésion
exclusive à l'idéologie officielle et résistaient aux pressions du pouvoir.
Après diverses péripéties qui ont jalonné l'année 1984, le PPP et le Nahdlatul
Ulama ont finalement accepté les Pancasila comme idéologie unique, lors de leurs
congrès respectifs (août et décembre 1984), ce qui a achevé de ternir leur image
auprès de l'opinion islamique.
Le Nahdlatul Ulama, toutefois, a décidé en
décembre 1984 de quitter le PPP et la politique officielle, afin de se consacrer
à des activités purement socio-religieuses et de s'intéresser aux musulmans
inorganisés mais travaillés par les ferments du fondamentalisme.
Le succès remporté par l'Ordre nouveau avec la "désislamisation" du PPP et son
affaiblissement consécutif a été de courte durée.
Quelques semaines seulement
après la fin du Congrès du PPP en août, a commencé une série d'événements
violents suscités par les intégristes islamiques et dirigés contre le régime
militaire en place depuis 1966 et ses alliés privilégiés, les hommes d'affaires
chinois.
Le 12 septembre 1984, à la suite de la profanation supposée d'une
petite mosquée par un sous-officier chargé de l'îlotage, des émeutes éclataient
à Tanjung Priok, le port de Jakarta.
Plusieurs commerçants chinois trouvaient la
mort, mais les victimes les plus nombreuses (entre vingt et cinquante tués) se
comptaient parmi les milliers de manifestants contre lesquels on avait fait
donner la troupe.
Le 4 octobre, des attentats à la bombe étaient perpétrés à
Jakarta contre plusieurs succursales de la Bank Central Asia, propriété de Liem
Sioe Liong, réputé être l'un des hommes les plus riches du pays et un associé du
président Suharto.
Les incendies - attribués à des "courts-circuits" - et les
attentats se sont multipliés: explosion et destruction totale du dépôt de
munitions de la marine à Cilandak au sud de Jakarta (le 20 octobre), incendie du
grand magasin Sarinah au centre de Jakarta (le 13 novembre), destruction à la
bombe de neuf stupa (monuments funéraires), au temple bouddhiste de Borobudur
(21 janvier 1985) pendant que commençait le procès des émeutiers de Tanjung
Priok, incendie du palais de Solo (le 31 janvier), etc.
Face à cette diffusion du terrorisme, les généraux ont tenté à la fin de 1984 et
au début de 1985 d'apaiser l'islam par différents gestes symboliques: présence
ostentatoire dans les mosquées, participation aux prônes du vendredi, visites
rendues aux grands oulamas de Java, etc.
Mais le général Benny Murdani, chef
d'État-major des forces armées et numéro deux du régime, refusait toute
explication politique à ces "incidents" qu'il mettait au compte d'actions
d'extrémistes isolés.
Redressement économique
L'effervescence islamique de 1984 n'a pas empêché l'économie indonésienne de
poursuivre son lent redressement, bien qu'à des rythmes assez contrastés.
Commencé le 1er avril 1984, le IVe Plan quinquennal prévoit certes un taux de
croissance plus faible que celui des années soixante-dix.
Alors que de 1969 à
1983, la croissance annuelle moyenne du PIB était de 7,3%, la moyenne pour la
période 1984-1989 a été fixée à 5% seulement, l'accent devant être mis sur le
développement industriel et les exportations non pétrolières.
De fait, les
effets de la politique d'austérité provoquée en 1982 par la baisse des revenus
pétroliers se sont encore fait sentir en 1984,....
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