Indonésie 1986-1987 Le poids de la contrainte extérieure En 1986, année préélectorale, les militaires et les technocrates de l'Ordre nouveau...
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Indonésie 1986-1987
Le poids de la contrainte extérieure
En 1986, année préélectorale, les militaires et les technocrates de l'Ordre
nouveau ont passé le plus clair de leur temps à colmater les brèches d'une
économie exsangue: entre une dévaluation spectaculaire et les chocs de la
déréglementation, les préparatifs des élections d'avril 1987 sont pratiquement
passés au second plan.
Maintenir la confiance du monde des affaires
international en honorant les échéances sans rééchelonner les dettes, tenter
d'attirer les investisseurs étrangers par de nouvelles concessions, chercher à
contrôler l'image de l'Indonésie dans les médias en ne tolérant pas qu'ils
jouent le rôle qu'ils ont pu tenir à Manille lors de la révolution de février,
telles ont été les obsessions officielles.
L'année a été dominée par la dramatique chute des revenus pétroliers et
l'austérité draconienne qu'elle a entraînée, au moins sur le plan budgétaire.
Les tiraillements ont été durs quand il a fallu choisir entre les intérêts
politico-électoralistes et les nécessités imposées par la conjoncture, ou
lorsque la libéralisation du commerce extérieur a dû être entamée pour améliorer
la compétitivité de l'Indonésie sur les marchés mondiaux: le régime a pris le
risque de saper les positions de ses partisans les plus proches en supprimant
partiellement les protections et monopoles économiques dont ils jouissaient.
Parmi les dignitaires de l'Ordre nouveau, le débat s'est exacerbé entre les
"ingénieurs" favorables au maintien des grands projets technologiques bâtis à
grands frais à l'abri des protections, et les "technocrates" plus soucieux de
gestion financière classique et de libéralisme déréglementaire.
Ces derniers ont
marqué des points, comme à chaque fois que la contrainte extérieure se fait
sentir sur l'Indonésie.
Une année préélectorale très contrôlée
Malgré les graves difficultés économiques, 1986 a été une année politiquement
calme, comparée aux années 1984 et 1985 jalonnées par des attentats, voire des
émeutes islamistes.
Les actes de terrorisme ont été limités à deux attentats
attribués à l'Armée rouge japonaise et perpétrés contre les ambassades des
États-Unis et du Japon (mai 1986).
L'activité politique s'est concentrée sur la
scène officielle.
Quatre-vingt-quatorze millions d'électeurs, dont 60% à Java, devaient participer
aux élections législatives du 23 avril 1987.
La constitution des listes
électorales a occupé le monde politique pendant de nombreux mois.
Malgré le
faible enjeu de ces élections très contrôlées, les passions se sont échauffées
dans les trois partis concurrents.
Le PPP, fédération de partis musulmans (27%
des voix en 1982), est resté très divisé, et sa prestation à venir était l'un
des principaux objets de spéculation des analystes.
La grande question était
surtout de savoir où iraient les millions de voix du Nahdatul Ulama depuis que
ce grand mouvement musulman traditionnaliste a donné la liberté de choix à ses
membres qui formaient le soutien le plus important du PPP.
Le parti officiel Golkar (60% des voix en 1982), présidé par le général-ministre
Sudharmono, s'est fixé un objectif de 70% des voix et a mobilisé de nombreux
dirigeants de l'Ordre nouveau pour faire campagne.
Très en vue parmi les
candidats du Golkar, les enfants de hauts fonctionnaires semblaient représenter
une version biologique du processus de "régénération" politique prôné par le
général Suharto.
Le parti croupion PDI, bien qu'issu de partis chrétiens et
nationaliste, courtisait comme le Golkar les électeurs du Nahdatul Ulama.
Sollicité de toutes parts, le président Suharto a accepté de postuler un
cinquième mandat de cinq ans en 1988.
La seule inconnue restait le choix du
futur vice-président ; trois généraux étaient possibles: Sudharmono, Murdani ou
Try Sutrisno.
L'opposition non officielle n'a pu se manifester, à l'exception de
Ali Sadikin qui a protesté contre les mandats présidentiels multiples.
En fait, un solide verrouillage de l'opinion a été mis en place ; le 9 octobre
1986, Sinar Harapan, deuxième plus grand quotidien national, a été interdit en
raison de sa liberté de ton, de ses critiques contre la dévaluation de septembre
et surtout des fuites sur les monopoles devant être abrogés dont il s'était fait
l'écho.
Après une purge, il a été autorisé à reparaître sous le nom de Suara
Pembaruan (février 1987).
Dans le même contexte, les journalistes australiens
ont été expulsés d'Indonésie à la suite d'un article paru dans le Sydney Morning
Herald du 10 octobre 1986, mettant en cause la famille Suharto et son
affairisme.
Plus précisément, l'opinion a été mise en garde à travers plusieurs
exécutions-avertissements: des extrémistes islamiques ont été passés par les
armes, mais aussi des communistes impliqués dans le coup d'État de 1965.
Il
s'agissait moins de parer à un danger communiste renaissant que d'éviter de
donner l'impression à l'opinion islamique que seuls les musulmans étaient
l'objet de la répression.
En même temps qu'il restreignait le jeu politique, le gouvernement a pris des
dispositions draconiennes pour faire face à la chute des revenus pétroliers.....
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