Indonésie 1989-1990 Contestation et libéralisation économique Bien que le cinquième mandat du président Suharto ne prenne fin qu'en 1993, son...
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Indonésie 1989-1990
Contestation et libéralisation économique
Bien que le cinquième mandat du président Suharto ne prenne fin qu'en 1993, son
autobiographie, publiée en janvier 1989, dans laquelle - sincère ou habile - il
a laissé entendre qu'il s'agissait de son dernier quinquennat, a relancé la
polémique sur sa succession.
A cette occasion ont resurgi les vieux problèmes du
rôle de l'armée dans l'État et de l'urgence d'une démocratisation, à l'heure où,
à l'Est, tombaient les dictatures.
Au plan économique, l'Indonésie, malgré le
poids de sa dette étrangère, a commencé à recueillir les fruits de la
libéralisation.
L'opposition au régime s'est marquée de plusieurs manières détournées.
La
distance entre le président et l'armée, manifeste depuis 1988, s'est confirmée.
Ainsi les manifestations étudiantes, qui ont repris début 1989 pour soutenir les
revendications de plus en plus nombreuses de paysans injustement expulsés de
leur terre au nom du développement ou d'intérêts privés, ont bénéficié de la
compréhension de l'autorité militaire, qui donnait ainsi sa caution à une
critique sociale du régime.
Il en a été de même pour la déclaration rendue
publique en avril 1989 en Belgique par les organisations non gouvernementales
indonésiennes, à la veille de la réunion du consortium d'aide à l'Indonésie,
l'IGGI (Groupe intergouvernemental sur l'Indonésie).
Une vie politique plus transparente?
Au parlement, en juin 1989, c'est le groupe des Forces armées qui a lancé une
polémique sur la nécessité d'introduire la "transparence" dans la vie politique
indonésienne.
Les déclarations se sont multipliées sur la manière de démocratiser la
désignation du président de la République (abandon de la candidature unique,
campagne sur programme, vote à bulletins secrets, limitation du nombre des
mandats, élargissement de l'initiative du Parlement).
Est-ce là la revendication
d'une classe d'affaires en pleine expansion qui voudrait être mieux représentée?
La réunion annuelle des dirigeants militaires (août 1989) n'a apporté qu'un
soutien ambigu à la "direction nationale" (c'est-à-dire Suharto).
Même le parti
gouvernemental, Golkar, a développé l'idée d'une "opposition loyale" en
critiquant une hausse brutale des tarifs de l'électricité (plus 25% en mai
1989).
Le président Suharto fin mai, puis au début juin, a demandé qu'il soit mis fin
aux spéculations sur sa succession et a rappelé les mécanismes fixés par la
Constitution: recours à l'Assemblée consultative du peuple (MPR) qui se réunit
onze jours une fois tous les cinq ans pour désigner le président, le
vice-président et approuver les grandes orientations du régime.
Il a dû revenir
sur la question à plusieurs reprises et, en septembre 1989, il a menacé: "Si
l'on sort du processus constitutionnel, je frapperai, qu'il s'agisse d'un homme
politique ou d'un général." Enjeu politique, les manifestations étudiantes ont
parfois été durement réprimées à Jakarta (juin 1989) et à Bandung (août 1989).
Plusieurs étudiants ont été arrêtés.
Leur procès (novembre 1989-février 1990),
qui s'est conclu par des peines de trois ans de prison, a été l'occasion de
dénoncer l'autoritarisme du régime.
Au deuxième congrès du parti musulman, Partai Persatuan Pembangunan (PPP), en
août 1989, l'ancien président John Naro, critiqué pour son autoritarisme et son
népotisme, a été évincé par Ismaïl Hasan Metareum.
Le fait que le gouvernement
se soit abstenu d'intervenir dans les affaires du PPP a été salué dans la
presse.
Le 28e congrès de l'importante organisation musulmane, en théorie apolitique,
Nahdatul Ulama (20 millions de membres), qui a conservé sa direction moderniste
malgré des dissensions, s'est ouvert sur un discours laudateur de Suharto.
L'islam reste en majorité modéré en Indonésie, la réaction à l'affaire des
Versets sataniques (1989) l'a montré.
En revanche, les procès intentés aux musulmans accusés d'avoir comploté pour
instaurer un État musulman à la suite d'affrontements sanglants à Sumatra Sud
(février 1989) se sont soldés par de lourdes peines allant de quinze ans de
prison à la détention à vie.
L'exécution, en février 1990, après vingt ans de
prison, de quatre prisonniers politiques, condamnés à mort pour leur
participation à la tentative de putsch procommuniste de 1965 dont l'écrasement a
permis à Suharto de prendre le pouvoir, a suscité des réactions internationales,
notamment de l'ancienne puissance coloniale, les Pays-Bas, qui lie l'aide
économique au respect des droits de l'homme.
Succès de la déréglementation
La libéralisation économique lancée en octobre 1988, en particulier dans le
secteur bancaire, s'est poursuivie, insufflant à ce dernier un essor dont
l'ampleur et le dynamisme ont surpris.
Les banques privées et étrangères ont
accru leur champ d'action, rivalisant pour attirer épargnants et investisseurs.
L'activité du marché boursier s'est trouvée rapidement décuplée.
Malgré des
résistances, on a reparlé de la privatisation de quelques-unes des deux cents
entreprises d'État (dix ont été déclarées d'intérêt stratégique et confiées par
Suharto au puissant ministre de la Recherche Bacharuddin Jusuf Habibie).
Les
investissements étrangers, battant leur record, ont triplé en 1988 par rapport à
1987, atteignant 4,4 milliards de dollars, venant surtout du Japon, de Taïwan et
de la Corée du Sud.
La tendance s'est confirmée en 1989 (4,7 milliards de
dollars).
Ils ont bénéficié de facilités accrues, notamment sur l'île de Batam,
à la suite de la visite du chef de gouvernement....
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