Indonésie 1991-1992 Massacre à Timor Les élections générales du 9 juin 1992 et la perspective de la nomination présidentielle en...
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Indonésie 1991-1992
Massacre à Timor
Les élections générales du 9 juin 1992 et la perspective de la nomination
présidentielle en 1993 ont mollement animé la vie politique, tandis qu'un
nouveau drame a éclaté au Timor oriental en novembre 1991.
Malgré des protestations émanant des proches du pouvoir pour une ouverture
démocratique, le système est resté bien verrouillé.
Les personnalités
contestataires appartenant au Golkar, l'organisation gouvernementale, ont été
écartées des listes électorales (août 1991).
Des propositions visant à modifier
la règle du jeu, parfois venues de haut (renforcement du rôle du Parlement, vote
des militaires, suppression de la nomination de 100 députés sur un total de
500), ont été écartées par le président, le général Suharto, au nom du respect
de la Constitution et de l'unité des forces armées.
Des officiers à la retraite ont marqué leur distance envers le régime en
rejoignant, en mai 1991, les rangs du PDI (Parti démocrate indonésien,
chrétien-nationaliste) qui a présenté parmi ses candidats le plus jeune fils de
Sukarno - père de l'indépendance et président jusqu'en 1967 -, Guruh.
Les
"dissidents" n'ont pas pu quitter le pays, et plusieurs réunions du Forum
Demokrasi (Forum de la démocratie, association informelle constituée par des
intellectuels contestataires), créé en avril 1991, ont été interdites.
L'idée de
limiter le nombre des mandats présidentiels est restée d'actualité.
Suharto a décidé de briguer, en 1993, vraisemblablement sans surprise, un
sixième mandat de cinq ans (il aura 72 ans).
Y aura-t-il d'autres candidats? Ce
serait une première.
A la mi-1992, le Golkar ne s'était pas encore prononcé,
mais plusieurs groupes musulmans, dont le Parti unité développement (PPP),
soutenaient déjà la candidature de Suharto.
Le président a su s'attirer la
faveur des musulmans, notamment en faisant le grand pèlerinage à La Mecque avec
sa famille (juin 1991) et en créant la première banque islamique du pays, Bank
Muamalat Indonesia (mai 1992).
Pourtant, il n'a pas cédé lorsque des musulmans
ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer l'interdiction d'une loterie
qui rapporte gros à l'État.
L'argent de cette loterie, utilisé pour certaines aides financières, a failli
coûter la direction du Nahdatul Ulama (la plus grande organisation musulmane, 30
millions de membres) à Abdurrahman Wahid, son président, qui en avait
imprudemment fait bénéficier une école religieuse (novembre 1991).
Mais lors de
la conférence du Nahdatul Ulama, en janvier 1992, il l'a emporté sur ses
opposants.
Moderniste et tolérant, il a réuni, le 1er mars 1992, un grand
meeting de son organisation pour affirmer le lien entre islam et démocratie; il
y a fait la preuve de son influence.
Aux élections de juin 1992, le Golkar l'a emporté comme prévu avec 68% des voix:
en baisse sensible malgré tout (73% en 1987).
Le PPP est arrivé second avec 17%
(16% en 1987), ne réussissant pas à retrouver ses électeurs de 1982 (28%).
Le
PDI a encore amélioré son score avec 15% (11% en 1987); son discours
contestataire a touché les 17 millions de jeunes qui votaient pour la première
fois.
Les affaires de la "famille"
Le climat politique et social a été à la grogne.
Les grèves ouvrières ont été
deux fois plus nombreuses que l'année précédente et les conflits fonciers sont
restés fréquents.
L'enrichissement des plus riches (conglomérats de financiers
d'origine chinoise, dont certains sont dirigés par des enfants de Suharto) a
suscité les critiques.
Le monopole du commerce des clous de girofle détenu par
"Tommy" Suharto (vingt-neuf ans) - qui visait à soutenir les prix de cette
denrée pour améliorer le sort des producteurs - a échoué, malgré un soutien
gouvernemental, devant la résistance des fabricants de cigarettes qui en sont
utilisateurs; il a été partiellement démantelé.
D'autres monopoles (commerce des
oranges, perception des redevances de la télévision), également aux mains de la
"famille", ont été dénoncés, jusque par le président du Parlement.
Ces situations ne sont que la partie visible de l'iceberg.
Presque aucun domaine
n'a échappé aux "enfants", intermédiaires incontournables: transports aériens,
télécommunications, télévision, pétrole et gaz, aménagements portuaires,
autoroutes, banques, bois.
Ces privilèges vont à l'encontre du développement
libéral préconisé par les "technocrates" qui dirigent l'économie.
Mais, rejetant
les accusations de népotisme, Suharto ne tolère pas la critique sur ce sujet.
Cette "faiblesse" familiale fera-t-elle oublier les résultats acquis dans
d'autres domaines?
Alors que la visite d'une délégation parlementaire portugaise à Timor venait
d'être annulée, l'armée a tiré, le 12 novembre 1991, à Dili, la capitale, sur
des jeunes manifestants indépendantistes qui commémoraient la mort d'un des
leurs, tué quelques jours plus tôt.
Bilan officiel: 19 morts, mais plus de 100
personnes auraient été tuées.
Le commandant des forces armées, le général Try
Sutrisno, a menacé d'"anéantir tous les séparatistes" [la moitié est de Timor,
ancienne colonie portugaise, a été occupée en 1975 par l'Indonésie, puis
annexée; une situation non acceptée par l'ONU].
La réaction internationale a été vive.
Plusieurs pays, notamment les Pays-Bas,
le Danemark et le Canada, ont menacé de supprimer leur aide économique.
Une
commission d'enquête désignée par Suharto a reconnu, en décembre 1991, qu'il y
avait eu 50 morts et plus de 91 blessés.
Fait sans précédent, Suharto a pris des
sanctions contre six officiers, dont le commandant de....
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