Indonésie 1992-1993 Les succès de Suharto Comme on pouvait s'y attendre malgré les revendications d'opposants réclamant une candidature multiple, le...
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Indonésie 1992-1993
Les succès de Suharto
Comme on pouvait s'y attendre malgré les revendications d'opposants réclamant
une candidature multiple, le général Suharto a été comme d'habitude, l'unique
candidat présidentiel à qui l'Assemblée consultative du peuple (dont 60% des
membres sont nommés) a accordé à l'unanimité, le 10 mars 1993, un sixième mandat
de cinq ans.
Fait sans précédent, Guruh, fils de l'ancien président Sukarno
(1945-1967), s'était officiellement porté candidat, mais il n'a pas été soutenu
par son parti, le Parti démocratique indonésien (PDI, chrétien-nationaliste).
Suharto devant avoir soixante-dix-sept ans en 1998, le choix du vice-président au rôle jusqu'ici des plus modestes - a revêtu une importance particulière.
Les
forces armées ne s'y sont pas trompées et pour ne pas voir se renouveler leur
déconvenue de 1988, elles ont mis Suharto devant le fait accompli en prenant
l'initiative de désigner comme candidat leur commandant en chef, le général Try
Sutrisno, cinquante-sept ans, javanais et bon musulman, donc successeur
possible.
Réduisant à néant rumeurs et calculs, les trois autres formations (PPP
- Parti unité développement -, PDI et Golkar) ont suivi et Try Sutrisno a été
élu le 11 mars.
L'armée dont l'homme fort, le général Murdani, ne cachait plus
qu'il souhaitait le retrait de Suharto, a marqué ainsi sa volonté de s'assurer
un rôle dominant dans l'après-Suharto.
Succession et nouveau gouvernement
Le chef de l'État a, par ailleurs, favorisé l'ascension accélérée du général
Wismoyo Arismunandar (cinquante-trois ans), son beau-frère à qui il a confié en
avril 1993 la direction de l'armée de terre.
Il apparaissait comme un dauphin
possible pour 1998.
Suharto a placé des généraux qui lui sont personnellement
attachés aux postes clés, afin de renforcer sa position face à la grogne
militaire.
Le gouvernement mis en place en mars 1993 a également porté sa marque et
témoigné d'une volonté de rajeunissement et de renouvellement du pouvoir.
On n'a
compté que huit militaires sur quarante et un ministres (au lieu de onze dans le
précédent) mais vingt-deux nouveaux nommés.
Des rivaux potentiels, comme le
général Murdani, ont été écartés.
Le changement le plus frappant a été le départ
des "technocrates" formés aux États-Unis, qui avaient piloté l'économie
indonésienne à partir de la fin des années soixante dans la voie de la
libéralisation.
La tendance du "nationalisme" aura été, en revanche, bien
représentée.
Son chef de file, le ministre de la Recherche, Bacharuddin Jusuf
Habibie, un intime de Suharto (qui l'aurait peut-être voulu à la
vice-présidence), a préconisé de privilégier un progrès technologique rapide et
des industries de pointe (aéronautique), que les "technocrates" jugeaient
coûteuses.
Sans doute n'est-ce pas un hasard par ailleurs, si le nombre des
ministres chrétiens a fortement diminué par rapport à 1988 puisque Suharto, face
à une armée qui a pris ses distances, a recherché l'appui des milieux musulmans.
Des violences (églises attaquées ou brûlées) ont opposé les deux communautés
religieuses à Java est et Sumatra nord à la fin de 1992, montrant la fragilité
de l'équilibre et semblant donner raison à ceux qui ont émis la crainte que les
faveurs de Suharto ne poussent vers le fanatisme un islam généralement considéré
comme modéré.
Prudence économique
Futur NPI (nouveau pays industriel) engagé dans la course au développement fondé
sur les investissements et les exportations de produits manufacturés,
l'Indonésie n'a guère pu modifier ses options économiques.
Face au risque de
surchauffe et de dérive inflationniste, la politique de restriction monétaire a
continué.
Le budget de 1993, en augmentation de 11%, a tablé sur un
accroissement du revenu fiscal de 36%, qui dépasserait ainsi les recettes du
pétrole et du gaz (40% des exportations).
Signe positif, les exportations
non-pétrolières ont gagné 25% en 1992, progression qui, même un peu ralentie, a
été estimée pouvoir durer.
Si les salaires des fonctionnaires et des militaires
ont enfin été relevés, le prix du pétrole a fortement augmenté (23% en janvier
1993), des subventions ayant été supprimées pour préparer le temps - vers l'an
2000 - où l'Indonésie, ses réserves épuisées, en deviendrait importatrice.
Les
prix de l'électricité et des transports ont également accusé une hausse.
Les importations ont pu être ralenties et si le service de la dette est resté
lourd - 45% des dépenses et 32% de la valeur des exportations -, le déficit de
la balance des paiements a diminué (3,8 milliards de dollars au lieu de 4,2).
Le
taux de croissance de 5,75%, plus faible qu'en 1991, est demeuré suffisant pour
maintenir la stabilité face aux 2,5 millions de jeunes arrivant chaque année sur
le marché du travail.
Le chiffre des investissements étrangers, d'abord en
baisse, a pu être amélioré (10,3 milliards de dollars) en intégrant aux calculs
deux importants projets pétrochimiques pourtant reportés en 1991.
La baisse des
investissements nationaux s'est poursuivie en raison de la restriction du
crédit.
L'aide étrangère n'a, en revanche, pas diminué: un consortium
international d'aide à l'Indonésie, le CGI (Groupe consultatif pour
l'Indonésie), réuni à Paris en juillet 1992, a accordé 4,94 milliards de dollars
de crédits et d'aide à des projets de développement, la France venant au
deuxième rang des bailleurs de fonds après le Japon.
La politique de déréglementation, trop ralentie selon les "technocrates" par le
souci de préserver des intérêts acquis, s'est poursuivie....
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