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Indonésie 1997-1998 La fin de l'ère Suharto La démission du président Suharto le 21 mai 1998, après trente-deux ans d'un...

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« Indonésie 1997-1998 La fin de l'ère Suharto La démission du président Suharto le 21 mai 1998, après trente-deux ans d'un pouvoir sans partage, a marqué un incontestable changement politique.

Suharto était parvenu au pouvoir en mars 1966, au terme du massacre de près de 600 000 militants et sympathisants présumés du Parti communiste indonésien, accusés sans preuves d'avoir fomenté une tentative de coup d'État.

Au fil des années soixante-dix et quatre-vingt, il avait consolidé son emprise personnelle sur l'appareil d'État et l'économie du pays par corruption et népotisme.

Son " retrait " de la vie publique a consacré la dislocation d'un système personnalisé de pouvoir autant que l'échec d'une stratégie de développement mariant libéralisation financière et monopoles publics, confondant intérêts privés et publics. L'enlisement dans la crise économique La démission forcée de Suharto a été précipitée par la crise économique qui a frappé le Sud-Est asiatique à compter de la mi-1997.

L'" Ordre Nouveau " (Orde Baru, formule désignant le système politique, autoritaire et sous mainmise de l'armée) fondait en effet sa légitimité sur la promesse de croissance économique.

Avec la fin des perspectives de prospérité, se sont érodées des loyautés qui n'étaient souvent que conditionnelles.

Par répercussion de la crise du bath thaïlandais, le gouverneur de la banque centrale d'Indonésie, Soedradjat Djiwandono, dut choisir le 14 août de laisser flotter la monnaie nationale, la roupie, qui chutait du tiers de sa valeur.

Le 8 octobre, le président Suharto se résignait à faire appel au FMI et confiait les négociations à l'économiste Widjojo Nitisastro, apôtre du nationalisme économique.

Un accord pour un prêt-bail de 40 milliards de dollars était conclu le 31 contre la promesse du démantèlement des monopoles d'État sur l'importation de farine et de blé, et de la fermeture de seize organismes bancaires dont le taux de créances irrécouvrables était jugé excessif.

En novembre, l'Indonésie se voyait contrainte d'importer du riz de Thaïlande, alors qu'elle était devenue autosuffisante en denrées alimentaires depuis 1985. Ce désastre économique s'est ajouté à une catastrophe écologique.

En novembre et décembre 1997, de gigantesques incendies, vraisemblablement provoqués par l'incurie des compagnies minières exploitant des concessions en contrat avec l'État, avaient ravagé la jungle de Kalimantan, puis, par propagation, les forêts de Sumatra et de Java occidental.

Les feux, aggravés par le retard des pluies de la mousson, avaient plongé les populations dayak de Kalimantan dans la famine. La perte de confiance des investisseurs étrangers, attisée par les difficultés des négociations entre Jakarta et le FMI, provoqua une radicalisation de la contestation politique intérieure.

Le 26 décembre, au cours d'une réunion organisée par l'hebdomadaire Ummat dans un hôtel jakartanais pour remettre son titre d'" homme de l'année " à Amien Raïs, secrétaire général de la Muhammadiyah, association réformiste d'action sociale se réclamant de l'Islam (créée en 1912, elle revendique 28 millions de membres), un millier d'intellectuels musulmans se prononcèrent pour la candidature de ce dernier à la présidence de la République.

Au sein de l'armée indonésienne, des voix se sont également élevées contre la volonté de Suharto de se succéder à lui-même.

Le 10 janvier, Megawati Sukamoputri, fille du défunt président Sukamo et leader déchu du Parti démocratique indonésien (PDI), se déclara elle-même candidate aux élections présidentielles, mais sa candidature fut jugée non valide par le gouvernement. Le 13 janvier, la hausse des prix des denrées alimentaires provoqua ainsi des émeutes antichinoises (la population indonésienne comporte une composante chinoise) à Pasuruan, Jember et Banyuwangi (Java oriental).

Des émeutes de ce type, souvent tolérées, voire même attisées par l'armée dans l'espoir de détourner la vindicte populaire des sommets de l'État, se produisirent aussi en janvier à Probolinggo et à Krawang, puis en février à Brebes, Kadipaten, Jatiwangi et Losari.

Une immigration massive de paysans sumatranais engendra des frictions diplomatiques avec la Malaisie. Après la signature, le 15 janvier, d'un accord en 50 points avec le FMI, Suharto annonçait le 20 janvier sa candidature à un septième mandat présidentiel.

Le 12 février, il nommait le général Wiranto, l'un de ses fidèles présumés, commandant en chef des Forces armées, et son gendre Prabowo Subianto commandant de la Réserve stratégique de l'armée (le Kostrad, unité d'élite de 27 000 hommes) - ce dernier sera renvoyé de l'armée le 24 août 1998.

Le 10 mars, Suharto était officiellement investi par l'Assemblée du peuple et, deux jours plus tard, Bacharuddin Jusuf Habibie, ministre de la Technologie, président de l'Association des intellectuels musulmans (ICMI, créée en 1990 avec l'aval de Suharto) et fils adoptif du président, était nommé vice-président.

Le nouveau gouvernement allait essentiellement comprendre des proches du Palais présidentiel. Les étudiants en première ligne N'ayant pas vécu le traumatisme de 1965, sensibilisés par leur mode de vie aux idéaux démocratiques occidentaux et disposant de peu de perspectives du fait de la crise de la fonction publique et du marché des diplômes, les étudiants allaient représenter le foyer endémique de la contestation.

Marginalisés par le discours paternaliste du régime, ils avaient constitué, au fil des années quatre-vingt, des réseaux politiques clandestins, comme le PUAR - groupuscule prodémocratique -, et étaient en contact permanent avec les ONG nationales, acteurs significatifs de la scène politique et sociale.

Les 2 et 3 avril 1998, des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants étudiants à Yogyakarta faisaient plusieurs dizaines de blessés.

Le 12 mai, six étudiants de l'université privée jakartanaise de Trisakti - établissement pour l'élite sociale et politique -, étaient tués par balles lors d'une manifestation.

Un point de non-retour semblait atteint. Une nouvelle flambée des prix.... »

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