Indonésie 1999-2000 Bouleversements politiques L'année 1999 a été marquée, en Indonésie, par une consultation électorale qui, pour de nombreux observateurs,...
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Indonésie 1999-2000
Bouleversements politiques
L'année 1999 a été marquée, en Indonésie, par une consultation électorale qui,
pour de nombreux observateurs, était le synonyme du passage véritable du pays à
la démocratie.
Cependant, à l'étranger, l'opinion a été aussi marquée par le
massacre intervenu à Timor oriental après que la population de ce territoire se
fut prononcée pour l'indépendance, dans le cadre d'un référendum officiel le 30
août 1999.
Les élections législatives du 7 juin 1999 ont attesté du retour au multipartisme
concurrentiel, c'est-à-dire à la compétition idéologique entre courants
partisans.
Sous l'Ordre nouveau, régime autoritaire instauré par le président
Suharto de mars 1966 à mai 1998, seuls trois partis avaient le droit de prendre
part à des élections faussées par l'intervention de l'administration et de
l'armée.
Par contraste, 48 partis se sont affrontés le 7 juin 1999.
Encore ce
chiffre ne reflétait-il pas exactement l'ampleur des engagements politiques,
puisque la Commission électorale avait eu à faire son choix parmi près de 200
nouveaux mouvements partisans.
Par ailleurs, les enjeux mêmes du scrutin étaient différents.
Au terme d'une
refonte du dispositif législatif, le nombre de sièges réservés aux militaires à
la Chambre basse de l'Assemblée avait diminué, passant à 38 sur 462.
À la
Chambre haute, les forces armées et de police conservaient 10 % des sièges, 65
autres étant attribués par le président sur recommandation de la Commission
électorale aux "groupes fonctionnels" (composantes numériquement désavantagées
de la population).
Les nouvelles lois qu'avait été contraint de promulguer le
gouvernement de transition de B.
J.
Habibie, après la chute de Suharto (1998),
créaient ainsi un système hybride, mariant logique proportionnelle et logique
majoritaire.
Les subtilités du mode de scrutin et l'opacité des apparentements
de dernière minute entre partis n'ont pourtant guère favorisé l'expression des
suffrages populaires.
Victoire électorale de l'opposition
Le résultat des élections a confirmé la montée en puissance du Parti
démocratique indonésien-Combat (PDI-P) de Megawati Sukarnoputri (153 sièges à la
Chambre basse).
Megawati a bénéficié de son image d'opposante de longue date au
régime de Suharto, et surtout du prestige de son père, Sukarno, le premier
président de la république d'Indonésie (1949-1966).
L'ancien parti
gouvernemental, le Golkar, qui avait modifié sa direction et tenté de changer
son image, a remporté 120 sièges.
Ce succès inattendu a été principalement dû à
la mobilisation des réseaux de patronage dans les "îles extérieures", comme la
partie méridionale de Sulawesi, mais aussi, vraisemblablement, à la peur d'une
partie des classes moyennes réislamisées de voir le PDI-P s'emparer du pouvoir.
Les bastions du PDI-P se situaient, en effet, à Bali, majoritairement hindoue,
mais aussi dans le nord de Sumatra (Aceh), théâtre d'un conflit violent, où ce
parti incarnait le rejet définitif de l'ancien régime.
La surprise est venue de l'échec des partis islamiques, tant conservateurs que
modernistes : 51 sièges au Parti de l'éveil national d'Abdurrahman Wahid, 58 au
Parti unitaire du développement (PPP) et 34 au Parti du mandat national d'Amien
Raïs.
La défaite cinglante de ce dernier, un temps taxé de velléités islamistes
par ses adversaires - A.
Raïs s'adossant aux réseaux citadins de la Muhammadiyah
(organisation musulmane réformiste) -, réside dans son échec à mobiliser la
jeunesse pauvre, à laquelle il avait promis un renouveau des valeurs nationales.
Des partis plus extrémistes ont dû s'allier au PPP dans le cadre d'un "Axe
central" pour se faire entendre à l'Assemblée.
Ces élections ne signifiaient toutefois pas que l'Indonésie s'avançait sereine
sur le chemin de la démocratie.
En premier lieu, elles n'ont pas favorisé le
renouvellement du personnel politique.
Les classes moyennes et la bourgeoisie
d'affaires ont gardé un accès privilégié au pouvoir d'État, empêchant le
prolétariat urbain et la petite paysannerie de se doter de représentants issus
de leurs rangs.
Megawati évincée de la Présidence
Le problème a resurgi lorsque A.
Wahid a été nommé président de la République,
le 20 octobre 1999, par 373 voix contre 313 à Megawati.
Bien qu'il dispose dans
le pays d'une aura due à sa position de lettré coranique (kiai) respecté, A.
Wahid, dit " Gus Dur " à cause de son statut de fils de kiai (gus est un
appellatif dérivé de si bagus, "le charmant", et Dur une abréviation
d'Abdurrahman), n'était pas en position de force à l'Assemblée.
Sa nomination a
été une victoire par défaut.
Le 19 octobre, les parlementaires avaient refusé le
bilan de B.
J.
Habibie, le "dauphin de Suharto", par 355 voix contre 322,
réduisant le choix à Megawati ou Gus Dur.
Les notables du Golkar considéraient
Megawati comme leur ennemie historique, tandis que les forces de l'"Axe"
réprouvaient l'idée même qu'une femme, accusée par surcroît de prier dans des
temples hindoux, devînt le chef du plus grand État musulman du monde.
Celle-ci
s'est donc vu offrir, sur le mode de la réconciliation nationale, la fonction
largement honorifique de vice-présidente.
Ce compromis a....
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