Introduction • Essai de définition : la littérature fantastique « au sens large » englobe des domaines différents qu'il faut...
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Introduction
• Essai de définition : la littérature fantastique « au sens large » englobe des domaines
différents qu'il faut distinguer.
1.
Le merveilleux des contes de fées ou des récits de science-fiction : la féerie est un
monde où tout est possible, un univers qui n'est pas forcément effrayant (on ne peut pas
avoir peur puisque l'on admet a priori que c'est un monde fictif).
Le lecteur accepte les
phénomènes surnaturels sans chercher à les expliquer ou à les condamner.
2.
Le fantastique proprement dit : il suppose la présence de deux ordres contradictoires,
l'un naturel, l'autre surnaturel.
Pour le lecteur, il est l'occasion d'une hésitation, d'une
interrogation, parfois d'une inquiétude, puisqu'il fait cohabiter l'admissible et
l'inadmissible.
• La réflexion de Roger Caillois souligne un double aspect de la littérature fantastique au
sens large :
3.
elle exprimerait les désirs de pouvoir (ce que l'homme « souhaiterait pouvoir ») des
humains et en offrirait la projection imaginaire ;
4.
elle manifesterait une tension entre la réalité des pouvoirs de l'homme et ses rêves.
Elle pourrait ainsi constituer une interrogation et une sorte de mise à l'épreuve fictive de
ces pouvoirs.
Questions :
5.
Quels rêves de pouvoir révèle la littérature fantastique chez l'homme ?
6.
Quelles tensions entre le rêve et la réalité de ce pouvoir fait-elle apparaître ?
7.
Quelles interrogations et quelles inquiétudes suscite-t-elle sur l'existence humaine et
son devenir ?
I.
La littérature fantastique révèle un imaginaire du pouvoir chez l'homme
1.
Pouvoir vivre dans un autre monde
• Le « merveilleux » du voyage et de l'évasion permet au lecteur de contes ou de récits
de science-fiction de se déplacer hors de son univers.
Ex.
: L'Odyssée d'Homère.
• Il découvre ainsi des paysages inconnus parfois peuplés de créatures insolites, de
divinités ou de monstres.
Ex.
: Cyrano de Bergerac, l'Autre Monde ou les États et Empires de la lune.
• La féerie procure alors un véritable « dépaysement de l'esprit » dans un univers
surréel.
Ex.
: les Contes d'Andersen.
• Ces récits offrent de nouvelles possibilités au langage qui doit nommer l'inconnu.
Ex.
: Rabelais, le Quart Livre (Épisode des paroles gelées).
2.
Réaliser l'impossible
Le merveilleux permet d'abolir le quotidien et satisfait ainsi le rêve de vivre sans la
contrainte du temps.
Ex.
: dans les contes de fées, effacement de toute donnée
chronologique précise (« II était une fois...
»).
Dans les récits d'anticipation, invention
d'un avenir pour l'humanité et donc transport dans une autre région du temps (double
dimension spatiale et temporelle de l'évasion dans la science-fiction).
Cf.
le film de S.
Kubrick, 2001, L'Odyssée de l'espace.
Dans Aurélia de Nerval, mélange du passé, du
présent et du futur.
La fiction dans les récits merveilleux permet d'extraordinaires exploits.
Ex.
: dans les romans de Chrétien de Troyes, exploits réalisés par les chevaliers de la
Table Ronde et particulièrement Lancelot.
• La mort elle-même n'est plus une limite infranchissable.
Ex.
: épreuve des Enfers dans les récits mythologiques de l'Antiquité.
Orphée, vainqueur
des Enfers : légende reprise par Nerval.
3.
Etre un autre
• Les récits merveilleux et fantastiques nous font pénétrer dans un univers où les
identités sont instables : c'est le monde des métamorphoses.
Ex.
: les Métamorphoses d'Ovide.
• Le rêve d'être quelqu'un d'autre peut ainsi prendre forme : rêve de puissance
individuelle ou sociale.
Ex.
: histoire traditionnelle du paysan devenant prince dans les contes de fées.
• Les récits merveilleux et fantastiques permettraient ainsi une libération de l'inconscient.
Ex.
: rêves rapportés par Nerval dans Aurélia.
II.
La tension entre le désir et la réalité
1.
Les contraintes du réel
• Elles s'imposent comme autant d'obstacles à la réalisation du rêve.
Dans le récit
merveilleux, elles sont agrandies par la fiction pour mettre en valeur l'exploit réalisé par
le héros.
Il devient dès lors difficile de croire à cette réalité.
Ex.
: montagnes infranchissables, forêts impénétrables dans les légendes
chevaleresques.
La mer et ses périls dans L'Odyssée.
• La disproportion de certains aspects du réel devient telle que l'on glissé vers le
monstrueux.
Le monstre représente souvent l'interdit (réel) que le héros de la fiction doit
transgresser.
Ex.
: le monstre dans les films d'épouvanté inscrit dans la fiction la peur réelle que
l'individu tente de dépasser.
• Dans les récits fantastiques (au sens strict), la réalité intervient différemment : elle est
la référence, la norme que l'événement surnaturel va déranger, bousculer, traverser.
Ex.
: dans le récit d'Aurélia (Nerval), la présence de l'univers réel (Paris) est
indispensable pour mesurer l'intensité des faits étranges qui bouleversent la vie du
narrateur.
2.
Les contraintes du rationnel
• Ces contraintes sont éliminées dans le domaine du merveilleux pur.
Dans cet univers,
la pensée procède de façon magique et irrationnelle : le principe de contradiction peut
ainsi s'annuler.
Un objet ou une personne peut être ici et ailleurs au même instant.
Ex.
: thème du double qui permet d'échapper au rationnel de l'identité.
• En revanche, les contraintes du rationnel sont très présentes dans le récit fantastique
qui peut être lu souvent comme une « expérience imaginaire des limites de la raison » (I.
Bessière).
Ex.
: dans un conte fantastique comme l'lntersigne de Villiers de L'Isle-Adam, le héros
s'interroge, au nom de la raison, au sujet d'événements étranges dont il a été le témoin.
3.
Les limites de l'être
• Les récits merveilleux ou les films de science-fiction présentent souvent des
surhommes qui transcendent les limites de l'être (« ce que l'homme peut ») : limites de
la connaissance, limites physiques, limites dans l'espace et la durée.
Ex.
: les géants de Rabelais.
• Les....
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