INTRODUCTION La Chine, depuis Marco Polo, fascine l'Occident. Son immensité géographique, son poids démographique, la continuité multimillénaire de sa culture,...
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INTRODUCTION
La Chine, depuis Marco Polo, fascine l'Occident.
Son immensité géographique, son poids démographique, la continuité multimillénaire de sa culture, son
écriture «idéographique», sa calligraphie, sa peinture,
sa littérature, sa musique, sa cuisine même, piquent la
curiosité de !'Occidental le plus profane, mais elles
attirent aussi l'intérêt de nombreux savants, chercheurs et étudiants, hommes d'affaires et politiciens.
Proposant au lecteur, en quelque sorte, une visite
guidée du patrimoine philosophique chinois, il nous a
paru indispensable de lui fournir d'abord quelques
repères géographiques et historiques tout à fait élémentaires.
Ensuite, de lui donner quelques notions de base
sur la langue et l'écriture chinoises.
Sans ces notions, il
nous semble très difficile, sinon impossible, d'approcher un tant soit peu la spécificité de ce qui fait l'unité
fondamentale de la culture chinoise.
Il y a entre la
langue et la pensée un rapport tellement étroit qu'elles
se conditionnent mutuellement.
Etant donné les caractères, concret, synthétique, symbolique, emblématique
de la pensée chinoise en général, ceux-ci ne peuvent
manquer de se manifester dans la langue et l'écriture « idéographique» qui la véhiculent.
Mais l'inverse
étant tout aussi vrai - que la langue et l'écriture
influent sur la pensée - cela ne fait que confirmer le
lien étroit qui unit la pensée chinoise à son expression
orale mais surtout écrite, comme nous le verrons.
Non
pas que cette pensée ne puisse être « captée » par une
autre pensée s'exprimant dans une autre langue, aux
caractéristiques profondément différentes, mais elle ne
pourra l'être que moyennant l'effort de ne pas (trop)
tirer cette pensée vers nos habitudes de pensée, selon le
cadre conceptuel et culturel qui est le nôtre.
C'est d'ailleurs pourquoi on ne saurait traduire, par
exemple, le couple yin-yang, trop synthétique pour
l'être, ni, de façon satisfaisante, le terme Dao par
Voie, si ce n'est de façon conventionnelle.
En supplément à ces rudiments sur · la langue et
l'écriture, nous donnerons quelques indications sur la
prononciation des sons de la langue chinoise et leur
transcription en pinyin (transcription officielle de la
R.P.
de Chine depuis 1958) et en système E.F.E.O.
(Ecole Française d'Extrême-Orient).
Pourvu de ces quelques provisions de tête, le lec
teur aura l'agréable sensation, quand il entrera dans le
vif de la visite, de n'être pas parachuté en terrain abso
lument inconnu.
REPÈRES GÉOGRAPHIQUES
Aujourd'hui, la Chine est peuplée de 1 200 000 000 d'habitants, sur un territoire de près de 10 000 000 de km2 •
Sur moins de 50 % de ce territoire (les 21 provinces)
vivent des populations de souche chinoise, appelées
Han, nom de plusieurs dynasties mais aussi nom ethnique du peuple chinois (Han ren).
A 95 %, la Chine
est donc de population Han.
Une cinquantaine de minorités nationales, et donc
ethniques, occupent sur plus de 50 % du territoire de
la R.P.
de Chine les cinq grandes régions autonomes,
qui totalisent une population de soixante millions de
personnes.
Pour un espace équivalent de 10 millions de km2 ,
l'Europe a une population presque de moitié moindre
(700 millions).
Mais alors qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de
parler de la Bulgarie et del' Angleterre comme de provinces «européennes», nous commettons pourtant
cette simplification en parlant de «la» Chine comme
si tous les pays qui la composent n'en étaient que des
«provinces».
Outre le fait que les provinces partout
ont leur spécificité, quand il s'agit de «provinces» qui
ont la dimension de pays européens ( et en surface et
en populations) il s'agit là d'un laxisme langagier,
dont la seule justification, mais elle est de taille, est
que la Chine, pour diverse qu'elle soit, est néanmoins
unifiée par l'usage d'une même langue écrite et d'une
culture de base profondément identique.
Sur la carte qui suit est entouré d'un trait hachuré
le territoire couvert, à la fin du
s.
avant notre ère,
me
1.
XINJIANG : Région autonome des Ouïgours
2.
TIBET (région autonome)
3.
CHINE DU NORD-EST (Mandchourie)
4.
CHINE DU NORD
5.
CHINE DU YANGZI
6.
CHINE DU SUD
7.
MONGOLIE INTÉRIEURE (région autonome)
(f
Fleuve Jaune (HUANG HE) : 5000 km, a changé
de cours et d'embouchure 26 fois sur 3000 ans
Fleuve Bleu (YANGZI JIANG) : 5500 km
: le 1er Empire chinois (221 av J.C.) ·
Mongolie
Km2
Population (env)
CHINE
9.596.961 1.200.000.000
17.075.400 150.000.000
RUSSIE
U.S.A.
9.363.123 260.000.000
CANADA
9.959.400 28.000.000
INDE
3.287.590 900.000.000
EUROPE ± 10.000.000 700.000.000
FRANCE
55.000.000
550.000
Inde
Birr
par le I er Empire chinois, celui de Qin Shi huangdi
(221-207).
Evoquons en passant un aspect inattendu de la
démographie chinoise qui ne sera pas sans consé
quence sur une profonde transfonnation de la famille
chinoise.
Pour pallier les effets catastrophiques qui
résulteraient d'un accroissement démographique non
maîtrisé, le gouvernement chinois a pris la décision de
n'autoriser la venue au monde que d'un enfant par
couple.
Mesure sans doute provisoire et qui comporte
des exceptions, mais que nous n'avons pas à traiter ici.
Ce qui nous intéresse du point de vue de l'aspect
qu'àura de ce fait la famille chinoise «moderne» est
qu'elle se trouve non seulement aux antipodes de la
famille traditionnelle, avec ses nombreux liens de
parenté et de hiérarchie, mais aussi fort différente de nos
familles occidentales « à plus ou moins deux enfants »
de moyenne.
En effet, s'il n'y a qu'un seul enfant par
couple, il n'y aura donc plus ni de frère, ni de sœur, ni
partant d'oncle ou de tante, ni non plus de cousins.
Une telle transformation, un tel changement, néces
sité par les circonstances, aura des conséquences qui
sont pour l'heure difficile à imaginer.
Mais qu'une telle mesure ait pu être prise et admise,
fût-ce avec réticence, montre à quel point la culture
chinoise est pratique et concrète, prête au êhangement
de norme quand la nécessité s'en impose.
Rien de plus
« naturel » à l'esprit chinois que d'accepter le change
ment puisqi,ie et lorsque celui-ci s'inscrit dans la dyna
mique même de la nature, source de tout changement.
Ce trait laïque pourrait-on dire, rationnel, pratique,
mais aussi imposé d'en haut, comme....
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