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INTRODUCTION La véritable oeuvre d'art porte toujours la marque du talent original qui l'a conçue et réalisée. Et la qualité...

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« INTRODUCTION La véritable oeuvre d'art porte toujours la marque du talent original qui l'a conçue et réalisée.

Et la qualité de l'artiste se remarque d'abord par la manière dont il a, comme d'instinct, simplifié, stylisé le modèle qu'il avait sous les yeux.

D'emblée il a su retenir les détails riches de signification.

Par là son oeuvre n'est plus une copie mais une interprétation forte et suggestive.

Dans cette oeuvre, enfin, il a mis beaucoup de luimême, révélé certains aspects de sa personnalité, parfois même les plus secrets.

C'est à ce titre qu'un critique a pu dire : « L'Art est simplification, interprétation, confession ». I.

L'ART EST UNE SIMPLIFICATION Un artiste ne s'ingénie pas à reproduire minutieusement le réel.

Un trompe-l'oeil n'est pas une oeuvre d'art mais seulement une habile réalisation technique.

Rodin s'insurge avec raison contre ces artisans qui décorent les tombeaux dans certains cimetières italiens et s'attachent à « copier dans leurs statues, des broderies, des dentelles, des nattes de cheveux ».

Car le mérite d'un talent se mesure à l'élimination de tous ces détails accessoires et inexpressifs, au choix judicieux des traits significatifs.

Ainsi traduitil en l'accusant le caractère original d'un paysage, d'une silhouette ou d'un visage. Quand Rodin exécute le buste du célèbre polémiste Rochefort, il met en valeur son front bosselé, sa bouche tordue par l'ironie, sa barbiche rageuse.

Dans le célèbre tableau de Millet, L'homme à la houe, tout s'accorde à traduire l'immense lassitude du paysan qui a, pour un instant, interrompu sa tâche.

Sa face noircie par le soleil est marquée par l'effort et comme hébétée de fatigue, le regard est vague, le corps à demi redressé s'appuie pesamment des deux bras sur son outil planté en terre.

De la même manière un paysagiste exprime dans le cadre de nature qu'il a choisi d'évoquer, une note dominante que tous les éléments du tableau contribuent à suggérer.

Lorsque Corot veut traduire cette impression de mystère qui se développe avec l'approche de la nuit, il place au premier plan de son tableau un pin énorme que les derniers feux du soleil éclairent à contre-jour.

Au centre, un étang reflète vaguement en même temps que ces lueurs lointaines les contours indécis qui se profilent à l'arrière-plan du cadre.

Tout l'ensemble baigne dans une demi-clarté. II.

L'ART EST UNE INTERPRÉTATION C'est ainsi que s'exerce le choix de l'artiste.

Il ressent en face de son modèle une impression dominante autour de laquelle s'organise sa vision ; et tout naturellement il retient, pour exprimer cette impression, les éléments qui s'accordent avec elle.

Son oeuvre est donc nécessairement le fruit d'une interprétation. Pour s'en convaincre il suffirait sans doute de regarder attentivement les bustes du sculpteur Houdon.

Sous les traits d'un visage il retrouve intuitivement la personnalité profonde d'un individu et il l'exprime avec une vigueur saisissante.

Il représente JeanJacques Rousseau la tête inclinée, le regard méditatif comme il convient à un philosophe. Le front sillonné de rides, les sourcils contractés, le visage amer et crispé révèlent la misanthropie de l'homme qui se sent toujours en butte aux persécutions.

En Mirabeau il nous montre à la fois l'aristocrate, à l'air dominateur, au front hautain, et l'orateur populaire dont la bouche s'entrouvre pour lancer quelque réplique et dont le regard semble planer sur l'assemblée qui l'écoute. Mais l'interprétation de l'artiste peut s'exprimer d'une manière encore plus frappante.

Au lieu de traduire dans toute sa complexité la personnalité de son modèle, il s'attache à en tracer seulement un aspect, riche d'ailleurs de vérité et d'intérêt, pour lequel il se sent de particulières affinités.

Il est frappant à ce sujet de confronter, comme l'a fait excellemment René Huyghe, les divers portraits.... »

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